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Evangile de Myriam de MagdalaÉvangile De Jésus Christ Selon Marie MADELEINEFeuille I
1. Ce jour-là les disciples étaient assemblés au sommet d’une montagne.
2. Le maître se tenait parmi eux en silence.
3. Et Myriam était auprès de lui.
4. André dit :
5. « Maître, voici que ton silence nous étonne.
6. Pourquoi nous avoir réunis ? N’as-tu rien à nous dire, aujourd’hui ? »
7. Alors l’Enseignant leur répondit :
8. « Et vous, n’avez-vous rien à me dire ?
9. Pourquoi serait-ce la source qui devrait aller au devant des pèlerins ?
10. Le pèlerin oublie parfois qu’il a des jambes pour marcher.
11. Il oublie que ce n’est pas la route qui défile sous lui mais son esprit qui se projette vers l’horizon.
12. Demandez, si votre intention est de recevoir.
13. Lorsque la terre a soif,
14. C’est elle qui doit appeler la pluie. »
15. Voilà que Simon-Pierre se leva d’entre tous et dit :
16. « Maître, chaque jour nous Te suivons et nous T’écoutons.
17. Pourtant, notre cœur connaît toujours la sécheresse.
18. Chaque jour, nous espérons la quiétude et la joie.
19. Mais celles-ci ne viennent pas nous visiter.
20. Dis-nous pourquoi.
21. La Force de l’Éternel n’est-elle pas dans Tes paroles
22. Plus nous suivons Tes empreintes sur la terre
23. Plus nous sommes troublés
24. Et l’eau continue de nous manquer. »
Feuille II
25. Le Maître ne les regarda pas et dit :
26. « Où est la faiblesse ? »
27. Puis, il se mit en silence.
28. Simon-Pierre parla à nouveau :
29. « La faiblesse est étrangère à l’Éternel
30. Elle s’est installée dans l’homme par ses oreilles. »
31. André leva une main et dit :
32. « Pourquoi interroger le Maître puisque tu sais la réponse ? »
33. Alors l’Enseignant se leva et dit :
34. « Toi aussi tu sais, mais lui commence à comprendre.
35. Celui qui veut comprendre pour enfin connaître
36. Et Entend qu’il ne doit pas suivre mes empreintes,
37. Mais poser les siennes au-dedans,
38. Car c’est au-dedans qu’il se trouvera,
39. Car c’est au-dedans que se retrouve la joie perdue,
40. Car c’est au-dedans, aussi, que se trouve
41. La porte vers l’extérieur des mondes,
42. L’Extérieur qui est le véritable Intérieur.
43. Ainsi, la joie sourit à celui qui ne recueille mes paroles,
44. Mais à celui qui se déplace dedans. »
Feuille III
45. L’un des disciples demanda :
46. « Dis-nous comment faire pour se déplacer au-dedans. »
47. Alors le Maître dit :
48. « Commencez par vous placer en Lui.
49. N’allez pas dans les cassures
50. Car en vérité, il n’y a pas de frontière.
51. Seuls les yeux créent la frontière
52. Parce qu’ils ne voient pas l’Intérieur qui se tient dans l’extérieur.
53. Seul l’œil crée l’union.
54. C’est par lui que vous vous déplacerez en Lui.
55. L’œil crée le Monde qui fait les mondes.
56. L’oreille qui entend crée l’œil et le fait grandir.
57. Ainsi, la réalité qui s’ouvre à l’œil et à l’oreille
58. Ouvre la route à une autre réalité.
59. L’un nourrit le multiple
60. Et le multiple renvoie toujours à l’Un.
61. Je vous l’annonce : Ne séparez pas,
62. Déplacez-vous parmi les séparations.
63. C’est de cette façon que vous vous placerez en vous.
64. Ceci est la voie de la quiétude,
65. Car la quiétude est un centre dans le changement. »
Feuille IV
66. Simon-Pierre parla avec ces mots :
67. « Le Un s’approche dans la quiétude et la joie.
68. Le Un est stable et seul.
69. Mais, dis-nous comment placer la stabilité dans le changement. »
70. L’Enseignant leur répondit :
71. En contemplant la réalité du rêve des mondes,
72. Puis en imaginant le Rêve derrière ce rêve. »
73. Le disciple André s’étonna devant tous :
74. « Faut-il rêver ? »
75. Alors le Maître lui dit :
76. Il faut sortir du rêve des mondes
77. Car la joie naît dans le Rêve
78. Qui conçut le jeu des rêves et des mondes
79. Que comprenne celui qui a l’intention de comprendre.
80. Que dorme celui qui se plaît dans la plainte des rêves.
81. Je vous le dis ainsi :
82. L’Un est dans l’éveil au Rêve. »
Feuille V
83. Le disciple s’exprima encore :
84. « Enseigne-nous : le Rêve est-il la cessation de la souffrance ? »
85. Le Maître parla à tous en ces termes :
86. Le Rêve est le dépassement du rêve des frontières,
87. Et les frontières sont la souffrance
88. Car la souffrance est le toi
89. Et le moi qui se rêvent deux. »
90. Alors Simon-Pierre interrogea :
91. « Mais la Matière et la Non-matière font partie du Rêve du monde.
92. Comment sortir des frontières ? »
93. L’Enseignant les bénit tous puis leur dit :
94. La Matière et la Non-matière font partie du Rêve du monde.
95. Elles sont Un, elles sont le jeu
96. Par lequel l’Oubli tisse son œuvre.
97. La séparation est un jeu.
98. De même que la souffrance,
99. Et que la souffrance naît de l’orgueil premier qui joue à séparer.
100. La Matière, je vous le dis, est un sourire de l’Éternel.
101. Pour nous faire sortir des mondes
102. Et nous faire vouloir la Réalité. »
Feuille VI
103. Simon-Pierre prit à nouveau la parole :
104. « Dis-nous, maintenant, Qu’est-ce que la réalité ? »
105. Le Maître dit :
106. La Réalité est Ce qui a conçu le jeu des réalités.
107. La Réalité est Ce qui vous fera déplacer vos empreintes au-dedans des miennes.
108. Elle est Imagination dans la confiance.
109. C’est Elle qui engendre la Connaissance. »
110. Le disciple interrogea encore :
111. « Nous avons soif.
112. Comment atteindre la Réalité ? »
113. L’Enseignant parla à tous :
114. « En désassemblant ce qui n’est pas Un.
115. En contemplant la Matière qui invente la cassure.
116. En aimant la cassure pour ses jeux.
117. En aimant ses jeux pour sa route vers le Jeu. »
118. Puis il dit encore :
119. « En osant. »
Feuille VII
120. L’un des disciples se leva alors et questionna :
121. « Et dis-nous maintenant : Que signifie la Matière ?
122. Devons-nous croire qu’elle se perpétue indéfiniment ? »
123. Le Maître enseigna :
124. « Tout ce qui a été inventé et qui a été créé,
125. Tous les éléments composant la nature des mondes
126. Sont interdépendants et mariés en eux.
127. Mais sera désassemblé tout ce qui a été assemblé,
128. Afin que tout retourne à la Racine-mère.
129. Ainsi, que celui qui a des oreilles pour écouter
130. Appelle l’Oreille pour entendre. »
131. Simon-Pierre demanda :
132. Puisque tu te dis messager et interprète
133. Des éléments et des phénomènes de ce monde,
134. Dis-nous donc : Quelle est la nature de la faute ? »
135. Le Maître se leva la main et dit :
136. « La faute n’existe pas.
137. Car c’est vous seuls qui lui donnez existence.
138. Vous faites cela à chaque fois que vous vous pliez aux réflexes
139. De votre réalité construite et adultère
140. Voilà de quelle façon la faute prend forme.
141. Voilà aussi pourquoi le Bien vous a visités.
142. Le Bien a participé aux éléments de vos réalités
143. Afin de marier à nouveau celles-ci à la Racine-Mère. »
Feuille VIII
144. Le Maître poursuivit et dit :
145. « Écoutez la raison qui fait de vous des malades
146. Et aussi des mourants :
147. Voyez les rêves de vos actions,
148. Et vous saurez ce qui vous éloigne de vous.
149. Que comprenne celui qui veut comprendre.
150. De l’enchaînement aux jeux de la Matière
151. Naît une passion contre l’Essence-mère
152. Et un trouble vient alors à surgir dans le corps.
153. Voilà pourquoi, en vérité, je vous annonce :
154. Recherchez l’harmonie avec l’Essence.
155. Et s’il advient que vous êtes en rupture avec l’ordre de Celle-ci,
156. Inspirez-vous de toutes les images évoquant votre réalité profonde.
157. Ainsi, que celui qui a développé des oreilles
158. Apprenne à entendre par l’Oreille. »
159. Après ces mots, le Bienheureux leur accorda Sa bénédiction.
160. « Que la Paix soit avec vous.
161. Que ma Paix prenne racine, s’incarne en vous et se multiplie.
162. Et que personne ne vous égare en disant :
163. « Que la Paix soit avec vous.
164. Car, en vérité, c’est en votre centre
165. Que réside Celui qui a pour nom Fils de l’homme.
166. Amenez à Lui en allant à Lui.
167. Parce que ceux qui ont pour volonté de Le chercher Le trouve.
168. Levez-vous donc,
169. Et faites-vous les témoins de la Parole de votre Royaume.
Feuille IX
170. Gardez-vous bien d’imposer des règles
171. Au-delà de celles dont je brandis le flambeau
172. Faute de quoi, vous sombreriez plus encore en esclavage.
173. Je suis Celui qui ravive le Souvenir. »
174. Après avoir prononcé ces paroles, le Maître les quitta.
175. Ses disciples ressentirent la solitude et la peine.
176. Certains pleurèrent abondamment en disant :
177. Faut-il vraiment se rendre chez ceux qui ne veulent pas croire,
178. Et leur annoncer le royaume essentiel du Fils de l’homme ?
179. Ceux-là ne l’ont pas épargné,
180. Alors comment nous feraient-ils grâces ? »
181. Ce fut pour cela que Myriam se leva,
182. Qu’elle les embrassa et annonça à ses frères :
183. « Pourquoi demeurez-vous dans le doute et la souffrance ?
184. Je vous le dis, Son essence de Lumière ne nous quitte pas.
185. C’est Elle qui nous protégera.
186. Louons-Le, Celui qui nous a restaurés et préparés,
187. Car voilà qu’Il nous demande de redevenir de véritables Humains. »
188. Par ces paroles, Myriam orienta le cœur des disciples vers le bien,
189. Et ceux-ci s’ouvrirent un peu plus aux paroles de l’Enseignant.
Feuille X
190. Simon-Pierre s’adressa tout haut à Myriam :
191. Toi qui es sœur de chacun de nous,
192. Nul n’ignore que le Maître t’aimée autrement que les autres femmes.
193. Selon les paroles qu’Il t’a confiées, enseigne-nous maintenant.
194. Dis-nous les mots que ta mémoire privilégie
195. Et auxquels nous n’aurions pas eu accès. »
196. Myriam se rapprocha et leur dit à tous :
197. Ce que vous n’avez pas été capables d’entendre,
198. C’est bien moi qui ai pour charge de vous l’annoncer ;
199. J’ai eu une vision du Maître
200. Et voici que je lui ai dit :
201. « Maître, pourquoi Te vois-je là, sous cette forme ? »
202. Et il me répondit au-dedans de moi :
203. « Toi, la Bien-aimée, tu n’oublies pas ton centre lorsque je parais.
204. Tu ne regarde pas, tu vois et tu apprends à être.
205. Alors écoute :
206. Là où se tient le noûs, là réside l’inestimable joyau,
207. Celui qui s’appelle la Porte. »
208. Aussitôt, je Lui dis au-dedans de moi
209. « Mon Maître et Bien-aimé, celui qui peut contempler
210. Ton apparition au sein du Temps,
211. Dis-moi s’il voit avec les yeux de son âme
212. Ou s’il respire Ta présence par son esprit. »
213. Le Maître me répondit :
214. Il ne me reçoit ni par l’âme ni par l’esprit
215. Mais il me contemple par la Porte du noûs,
216. La Porte qui apprend à voir et à laisser venir le Souffle.
Feuille XI
217. Je lui demandai encore :
218. « Parle-moi de cette Porte.
219. Suis-je à son seuil ? »
220. Alors l’Enseignant déposa en moi cette réponse :
221. « En vérité, est à son seuil exact
222. Celui qui ne se soucie par de la Porte mais de la réalité qu’elle voile.
223. Ainsi, celui qui regarde ses yeux,
224. Ne voit pas son Œil.
225. Le noûs est une mort parce qu’il est réveil.
226. Il est la mort des images assemblées.
227. Il est l’instant où les masques se désagrègent
228. Et où la Matière avoue qu’elle est un jeu
229. Sa Porte est un sourire
230. Entre les réalités et le Un.
231. Par le noûs, l’Essence humaine contemple le Un
232. Qui engendre le Deux par amour. »
233. Puis, le Maître me dit encore :
234. « La conscience de l’amour est engendrée par la Séparation.
235. Ainsi en est-il, il faut mourir de plusieurs morts
236. Pour connaître la lumière de la naissance. »
Feuille XII
237. Alors je demandais au-dedans de moi :
238. « Dis-moi comment atteindre cette porte. »
239. La vision de l’Enseignant s’approcha
240. Et parla ainsi :
241. « Je te dirai comment passer cette Porte
242. Car le réveil ne connaît pas de demi-mesure
243. En vérité, le réveil naît du souvenir de l’Oubli
244. Et de la dénonciation de l’oubli dans les actes.
245. Atteindre le noûs s’obtient par l’amour.
246. La manifestation de l’amour s’obtient par l’exigence. »
247. Voilà ce que le Maître me confia et que vous n’avez pu entendre. »
248. Simon-Pierre montra Myriam à tous et dit :
249. « Qui est cette femme ?
250. Quel est son mérite pour avoir reçu l’Enseignant ?
251. Nous avons toujours soif.
252. Parle-nous encore, toi notre Sœur qui Le connaît. »
253. Myriam baissa son voile sur ses yeux et parla alors ainsi :
254. « Voici autre chose qu’Il m’enseigna
255. Mais seuls pourront boire ceux qui ont déjà réveillé la Source en eux.
Feuille XIII
256. Il advint que le Maître me remit ces paroles :
257. « L’exigence est pureté et discipline.
258. Elle traverse les mondes avec l’être
259. Qui cherche le Cœur qui se cache dans le cœur,
260. Parce qu’elle est aussi volonté.
261. Les masques faibles ne peuvent même pas entrevoir la Porte du noûs.
262. Ils n’appellent pas l’exigence
263. Mais regardent les autres masques
264. Et leur donnent le nom de faibles
265. Les masques qui jouent entre eux
266. Simulent la soif tandis que leur terre est sèche.
267. Comment vivre dans la sécheresse et le refus de l’eau ?
268. C’est ainsi que vous naissez à la mort,
269. par la faiblesse du vouloir. »
270. André parla plus fort que les autres disciples.
271. Il dit à Myriam en la montrant du doigt :
272. « Pourquoi devrions-nous te croire ?
273. Pourquoi l’Enseignant t’aurait-il nourrie ainsi,
274. Toi qui es femme ? »
275. Myriam le regarda et répondit :
276. C’est des femmes que viennent les naissances.
277. Pour quelle raison la Naissance ne viendrait-elle pas de la femme ? »
Feuille XIV
278. Le disciple Simon-Pierre se leva alors
279. Et trouva ces mots pour tous :
280. « Notre sœur, ces paroles nous étonnent
281. Et nous font peur.
282. Néanmoins, dis-nous encore car nous savons tous
283. Que le Maître t’a souvent rencontrée. »
284. Alors, Myriam tira son voile sur son visage et parla ainsi :
285. « Le Bienheureux m’enseigna le voyage de l’âme
286. Qui se découvre et se contemple
287. C’est le voyage des écorces vers la sève,
288. Celui qui dessine la clé de la Porte du noûs.
289. Voici : l’âme visite les mondes de la Colère.
290. Elle découvre un premier état qui la retient.
291. Il se nomme Ténèbres
292. Et il est amour de la prison.
293. Ténèbre dit à l’âme :
294. « Pourquoi m’as-tu aimée, toi qui est étincelle ? »
295. Lorsqu’elle entendit cette question, l’âme prononça au-dehors ces mots :
296. « Je t’ai aimée parce que tu étais Séparation
297. Et que la Séparation est le sommeil qui est né de l’orgueil. »
298. Alors l’âme partit à la rencontre du deuxième état.
299. Celui-là s’appelait Convoitise.
300. En se voyant traversée, celle-ci lui demanda :
Feuille XV
301. « Je ne vois pas comment tu as pu descendre
302. Alors que je te découvre maintenant dans l’ascension.
303. Dis-moi le pourquoi du mensonge
304. Qui naît de l’orgueil et de l’envie
305. Puisque tu es parcelle et nourriture de mon être ? »
306. L’âme répondit : « Parce que moi je t’ai devinée
307. Et que toi, tu n’as pas su reconnaître ma vérité.
308. Tes yeux n’ont pas voulu apprendre à me distinguer
309. Même si j’étais mêlée et unie à toi comme à un vêtement. »
310. Lorsqu’elle eut dit cela,
311. L’âme alla son chemin plus nue et dans la joie
312. jusqu’à ce qu’elle traverse le troisième état,
313. Celui qui a pour nom Ignorance.
314. Ignorance interrogea aussitôt l’âme :
315. « De quelle façon serpente ton chemin ?
316. N’y a-t-il pas, en toi, une étrange maladie ?
317. En effet, tu es devenue esclave
318. Parce que dépourvue de la claire vision. »
319. L’âme répondit :
320. « Pourquoi me juger, moi qui par essence ne juge pas,
321. Moi qui ai accepté la domination sans avoir dominé ?
322. Nul ne m’a reconnue
323. Alors que moi, j’ai vu en moi
324. Que toute chose assemblée et non Une
325. Serait désassemblée sur les terres et dans les cieux. »
Feuille XVI
326. Un fois sortie du troisième état,
327. L’âme continua son ascension.
328. Elle mit longtemps à apercevoir le quatrième état.
329. Cet état contenait à lui seul sept autres mondes.
330. Le premier d’entre eux se nommait Ténèbres.
331. Le second Convoitise.
332. Le troisième Ignorance entretenue.
333. Le quatrième Poison jalousie.
334. Le cinquième Prison charnelle.
335. Le sixième Sagesse ivre
336. Le septième Courroux de sagesse.
337. Elle s’attarda longuement dans ce quatrième état.
338. Ainsi, s’énumèrent les mondes de la Colère
339. Par lesquels l’âme étouffe d’interrogations
340. Car la Colère est venue de la Rébellion
341. Et la Rébellion est ténèbres de la Séparation.
342. Colère demanda à l’âme :
343. « Quelle est ton origine, à toi qui a appris à tuer ?
344. Quel est ton but, à toi qui ne te déplaces que dans l’errance ? »
345. Alors l’âme répondit :
346. Tout ce qui m’étouffait a été desséché
347. Et tout ce qui me voilait l’horizon par des frontières
348. S’est évaporé
349. Parce que j’ai voulu le regarder.
350. Ainsi, ma convoitise s’en est-elle allée,
351. Ainsi, suis-je sortie du cercle de l’ignorance,
352. Et ainsi, l’orgueil s’est-il épuisé.
Feuille XVII
353. Voilà, j’ai trouvé ‘issue du décor
354. Par la pénétration d’un autre décor.
355. Une image s’est effacée
356. Par la grâce d’une autre plus pure et plus une.
357. C’est maintenant que j’entame mon chemin de quiétude.
358. La quiétude annonce la Paix là ou le Temps s’immobilise dans l’Éternité.
359. En vérité, mon chemin est un chemin de silence. »
360. Après avoir parlé de la sorte, Myriam se tut.
361. Chacun vit alors de quelle façon le Maître l’avait enseignée.
362. Puis se fut à André de s’adresser à ses Frères :
363. Donnez-moi votre pensée sur ce que cette femme vient de raconter.
364. En ce qui me concerne, je n’accorde pas foi
365. Au fait que le Maître ait pu s’exprimer ainsi,
366. De telles paroles nous séparent de ce que nous avons pu approcher. »
367. Simon-Pierre regarda André et se leva :
368. « Acceptons-nous comme possible
369. Qu’une femme ait reçu de semblables paroles de la bouche du Maître ?
370. Qu’il lui confia des secrets auxquels nous n’avons pas eu accès ?
371. Devrons-nous changer de regard et de chemin
372. En acceptant d’ouvrir nos oreilles à une telle femme ?
373. Je vous le demande, est-ce qu’Il l’a choisie de préférence à nous ? »
Feuille XVIII
374. Myriam se mit alors à pleurer
375. Et elle dit à Simon-Pierre :
376. « Mon frère en esprit, qu’est-ce que tu traverses ?
377. Penses-tu que j’ai inventé cette vision
378. Et qu’à propos de notre Enseignant, je dise des mensonges ? »
379. Lévi se leva entre tous et dit :
380. Simon-Pierre, nous t’avons toujours vu fougueux.
381. Pourquoi te retourner maintenant contre la femme
382. De la même façon que nos adversaires ?
383. Si le Maître l’a rendue digne de Son cœur
384. Qui es-tu, toi, pour la rejeter ?
385. En vérité, l’Enseignant qui la connaît très bien
386. L’a aimée plus que nous
387. Parce que son âme a fait un grand voyage.
388. Regardons maintenant notre faiblesse,
389. Et ne tardons plus à devenir à devenir totalement Humains.
390. Laissons l’Humain prendre racine en nous
391. Et pousser comme un arbre,
392. Car c’est ainsi que le Maître l’a demandé.
393. Partons, sans attendre, annoncer la nouvelle
394. Que dans notre âme, il n’y ait d’autre règle
395. Que celles dont Lui est le témoin. »
396. Dès que Lévi eut dit ces mots,
397. Il y eut silence,
398. puis, les disciples se levèrent ensemble pour aller offrir la Parole.
Voir aussi :
Evangile de Myriam de Magdala (texte corrigé au format .doc)
http://www.baucens.org/crbst_9.html
http://www.infologisme.com/art/EvangileMarie.html
Petite note à propos du Noûs :
Dans l'antiquité grecque, le Noûs, Nous, ou encore Noos, est l'esprit, la partie la plus haute, la plus divine de l'âme. Pour Platon, Noûs signifie le plus souvent l'intelligence .
Dans Phèdre, Platon compare l'âme à un attelage ailé, avec comme cocher la raison, l'esprit, l'intelligence, ("noûs"), comme cheval obéissant, la volonté, le coeur, ("thumos") et comme cheval rétif, les désirs, le "ventre", ("épithumia").
Plus loin, il écrit : « L'Essence (qui possède l'existence réelle), celle qui est sans couleur, sans forme et impalpable ; celle qui ne peut être contemplée que par le seul guide de l'âme, (le noûs) l'intelligence ; celle qui est la source du savoir véritable, réside en cet endroit. Pareille à la pensée de Dieu qui se nourrit d'intelligence et de science absolue, la pensée de toute âme, cherchant à recevoir l'aliment qui lui convient, se réjouit de revoir après un certain temps l'Être en soi, se nourrit et se rend bienheureuse en contemplant la vérité, ...1 ». (Wikipedia)