| | Religion et psychotropes | |
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Totem Membre
Date d'inscription : 06/03/2013 Nombre de messages : 17521 Age : 69 Ville : la voie lactée
| Sujet: Religion et psychotropes Jeu 5 Oct 2017 - 12:49 | |
| Le sentiment religieux a-t-il pu naître de l’usage même du champignon, ou en tout cas des premières drogues naturelles hallucinogènes ? L’éclosion d’une nouvelle discipline scientifique : l’enthéobotanique. « Dieu est une substance, une drogue ! » Gottfried BENN En 1967 quand le paléontologue Yves Coppens et son équipe découvrirent en Ethiopie le squelette d’une Australopithèque, ils la baptisèrent Lucie à cause d’une chanson des Beatles diffusée sans cesse à la radio. Cette rengaine, Lucy in the Sky with Diamonds faisait directement allusion au LSD, la drogue hallucinogène la plus puissante jamais inventée (1). L’association, Lucie et le LSD, née du hasard ou d’un retour du refoulé collectif (?), aurait valeur d’oracle… En effet, une discipline scientifique flambant neuve, l’enthéobotanique (2) allait poser une question fondamentale : à l’aube de l’humanité, le phénomène religieux ou spirituel a-t-il pu naître de la consommation de drogues hallucinogènes naturelles, et précisément de champignons ? En d’autres mots, après Galilée, Darwin et Freud, un certain Wasson a-t-il déclenché ce qui pourrait devenir une quatrième révolution copernicienne ? Le 10 juin 1957, Life Magazine publie un article de 17 pages d’un Américain alors inconnu, Robert Gordon WASSON, intitulé Seeking the Magic Mushroom. C’est une bombe à retardement dont l’onde de choc se mesure aujourd’hui seulement. (Photo ci-dessus: Un des arbres-champignons de la voûte de St Savin-sur-Gartempe (Indre), sous la scène de La Création des sphères célestes dans la nef central.)Depuis une trentaine d’années, Wasson et son épouse russe (Valentina Pavlovna) s’étaient pris de passion pour les champignons dans leurs manifestations culturelles, et plus encore pour les espèces hallucinogènes. Leur papier dans Life Magazine relate leur (re-) découverte en juin 1955 de l’utilisation de champignons hallucinogènes dans un village indien des lointaines montagnes de l’Etat d’Oaxaca, au Mexique. Les Wasson décrivent un culte d’adoration des champignons tout empreint d’un syncrétisme religieux mêlant des éléments chrétiens au substrat indien. Ils assistent, et participent en absorbant eux aussi des psilocybes, à plusieurs veladas (scènes de voyance thérapeutique par les champignons) sous la conduite d’une curandera (« guérisseuse ») qui connaîtra une célébrité involontaire, la Mazatèque Maria Sabina (3). Le grand mycologue Roger Heim, alors directeur du Museum d’Histoire Naturelle de Paris, accompagne Wasson et identifie plusieurs espèces nouvelles de champignons, comme le Psilocybe Aztecorum Heim. Toujours en 1957, les éditions Pantheon Books éditent le premier livre de Wasson, à savoir l’ouvrage fondateur d’une discipline neuve, l’ethnomycologie (qui deviendra l’enthéobotanique) : Mushrooms, Russia and History (4). L’article de juin 57 et le livre déclenchent un intérêt pour les champignons hallucinogènes qui s’amplifiera sans cesse. La CIA s’en sert pour pratiquer des expériences sur « cobayes » involontaires, avec des objectifs militaires. Les sixties voient l’explosion de la consommation des drogues dites « psychédéliques » et les mesures d’interdiction qui suivent. Les milieux « psy » s’y intéressent dans un but thérapeutique. Sans omettre le très médiatique Timothey Leary qui, tout farfelu qu’il fût, soulève de beaux lièvres : « Les drogues sont la religion du XXIme siècle », « Nous considérons le LSD de la même façon qu’un prêtre catholique considère une hostie », « le royaume des cieux est en vous », etc (5). Dix ans plus tard, R.G. Wasson expose une de ses thèses les plus fondamentales et qui ne laisse aujourd’hui plus aucun doute (6) ; elle est particulièrement convaincante car très solidement argumentée : le fameux Soma de l’Inde védique, cette plante « enivrante » et breuvage d’immortalité célébré dans les hymnes du Rig Véda était un champignon : l’Amanite tue-mouches (Amanita muscaria) (7). Cet agaric, connu de tous, s’avère psychotrope et hallucinogène. Au départ de cette découverte, Wasson produit une série de travaux plus pertinents les uns que les autres. Ce champignon qui vit en association mycorhizale avec bouleaux et conifères était (est encore) utilisé dans le chamanisme des peuples paléo-asiates. L’ethnographie avait décrit son emploi, en Sibérie orientale par exemple. Ainsi les alcaloïdes du champignon ne sont pas détruits par le métabolisme du corps humain et leurs propriétés hallucinogènes se retrouvent dans l’urine, qui était donc bue pour récupérer l’effet psychotrope. Cet usage a pu naître de l’observation d’animaux consommateurs d’amanites, surtout les rennes très gourmands de l’urine de leurs semblables. Cependant, les hommes durent aussi bien connaître les champignons par la pratique de la cueillette, pour se nourrir, et l’apprentissage par essai erreur. C’est au départ de l’Eurasie préhistorique, avec ses forêts de bouleaux, et des populations paléo-asiates que l’Amanite tue-mouches est devenue l’ « herbe d’immortalité » des populations proto-indo-européennes ; ensuite dans l’Inde védique, elle a fait l’objet d’un culte. Mais par le déplacement des peuples plus vers le sud, l’Amanita muscaria s’est faite rare et seul son souvenir s’est transmis par l’oralité, puis dans l’écriture, bien que fortement métaphorisé (les Védas). La plante merveilleuse a été remplacée par des substituts botaniques ; d’autres plantes ont donc servi de Soma. (Photo ci-dessus: La très énigmatique fresque de La tentation d'Adam et Ève, où l'arbre à d'étranges traits fongiques et même "amanitaux" ; chapelle de Plaincourault (XIIe siècle), Mérigny (Indre).)La suite ici : - Spoiler:
A la même époque la Chine connaît un « champignon d’immortalité » appelé Ling chih. De même dans l’ancienne Perse, le Soma est devenu l’ Haoma, célébré dans l’Avesta, dont la plante psychotrope de base fut probablement Peganum harmala L. (une variété de rue). Les Manichéens ont dû être au courant de cette tradition ; et Saint Augustin condamnera plus tard les champignons.
Les mondes grec puis romain nomment les champignons respectivement brôma theôn et cibus deorum, la « nourriture des dieux ». Qui ne connaît l’ambroisie ? « Le phallus de Dionysos est hallucinogène. Sa nature est proche de celle du champignon, du parasite, de l’herbe toxique qu’on ramasse dans le creux du thyrse. » écrit Robert Calasso (9). En effet, les premiers cultes de Dionysos reposeraient sur la consommation de l’Amanite tue-mouches (10). Les religions à mystères ont aussi leur boisson psychotrope. Ainsi les Mystères d’Eleusis font intervenir une potion, le kykeon, à base de céréales ou de plantes herbacées contaminées par un champignon parasite que l’on appelle génériquement l’ergot du seigle ( Claviceps purpurea) qui a des propriétés hallucinogènes puisque sa principale composante psychoactive est très proche du célèbre LSD 25 (11).
Wasson conjecture, à l’aide d’une remarquable argumentation – notamment linguistique – que l’Amanite tue-mouches fut aussi utilisée pendant des siècles sans écriture ,voire des millénaires, en Europe. Conjecture considérablement renforcée aujourd’hui, entre autres par des découvertes archéologiques. En Catalogne, un gisement ibère de l’âge du bronze (Mas Castellar) comporte des traces de l’utilisation de l’ergot du seigle. L’homme de Similaun (IVme millénaire av. J.C.), trouvé congelé dans les Hautes Alpes, portait sur lui des champignons psilocybes (12). Wasson défend l’idée que les peuples européens sont classables suivant une dichotomie qui les partage en populations mycophiles (les Slaves, les Méditerranéens,…) et mycophobes (le monde anglo-saxon qui voit tout champignon comme un toadstool, « tabouret de crapaud »). La mycophobie est née du tabou qu’ont fait peser les autorités religieuses sur ce savoir millénaire devenu ésotérique, en transformant le champignon en un élément chtonien, pervers (de par son aspect phallique), maléfique (à cause des visions qu’il induit), et pour tout dire l’assimile à satan et au monde démoniaque. Bien des traces de cela persistent : dans les cultures populaires – éléments linguistiques et folkloriques qui associent l’Amanite tue-mouches aux crapauds, insectes, serpents, à la folie (13) - et peut-être dans la culture savante et secrète, telle l’alchimie (14). D’aucuns voient, comme avatar récent du phénomène, la sorcellerie médiévale où les plantes psychotropes sont essentiellement des Solanacées : mandragore, belladone, stramoine, jusquiame, …(15) Curieux anathème , l’Amanita muscaria fut considérée comme mortelle, même dans les livres de mycologie ! ; alors qu’il n’en est rien, bien que son absorption reste fortement déconseillée car sa consommation réclame des techniques de préparation spécifiques. Un psychotrope naturel condense une très longue recherche empirique et expérimentale de ses anciens « initiés ». Le même culte a atteint le Nouveau Monde il y a quelque 15 000 ans par le détroit de Behring. Le chamanisme des Amériques dérive du modèle des chasseurs paléo-sibériens (16) et l’usage des plantes psychotropes dans le chamanisme américain est un héritage paléolithique du Vieux Continent (17). Wasson et ses collaborateurs étudient exhaustivement le phénomène des champignons hallucinogènes méso-américains (Mexique, etc), surtout les psilocybes (18). En nahuatl, une langue indienne du Mexique, les champignons sont nommés teo-nanácatl , littéralement « chair de(s) dieu(x) » ; étonnante analogie avec le langage de l’eucharistie chrétienne : « Prenez et mangez ceci est mon corps ». Leur consommation rituelle retrouvée par Wasson est un véritable phénomène fossile populaire de ce que l’Ancien Monde avait pratiqué depuis l’époque préhistorique – et que plus tard la religion officielle a refoulé. En fin de parcours, Wasson met en évidence l’utilisation de l’Amanite tue-mouches chez les Indiens d’Amérique du Nord (Ahnishinaubeg, Ojibway, …). S’il n’a pas enquêté en Afrique, on sait néanmoins que le phénomène fut présent ; par exemple, à travers l’art pariétal préhistorique : les peintures et gravures des Tassili (Algérie, Libye, …) révèlent un chamanisme lié à des champignons il y a 5 à 8000 ans (19).
En écho à cette cascade de découvertes, Robert Wasson émet plusieurs hypothèses qui valent toutes qu’on s’y attarde attentivement. L’Amanita muscaria pourrait être le premier hallucinogène de l’humanité, celui qui s’est répandu sous de multiples avatars, jusque finalement au vin rituel. Le vieil adage in vino veritas contient peut-être une vérité plus profonde qu’on ne l’imagine… Dans La Montagne magique, Thomas Mann a écrit : « Mais de tout temps l’homme, avide de grands sentiments, a disposé d’un moyen de s’enivrer et de s’enthousiasmer qui lui-même est un des dons classiques de la vie, qui porte le caractère du simple et de la sainteté, un remède de grand format, si je puis dire, le vin, un présent divin aux hommes comme l’ont déjà dit les anciens peuples humanistes, l’invention philanthropique d’un dieu auquel est en quelque sorte liée la civilisation, permettez-moi de le rappeler. Car, ne dit-on pas que c’est grâce à l’art de planter la vigne et de presser le raisin que l’homme est sorti de son état de sauvagerie, a conquis la civilisation. » (20) Peu importe qu’il s’agisse du premier hallucinogène comme tel ! Mais le bouleau et l’Amanite tue-mouches semblent fondateurs d’un mythe , à l’origine bien réel. Et Wasson de recouper de très nombreuses cultures et civilisations où Arbre de Vie, Pilier du Monde (Axis mundi), Arbre Cosmique, Arbre de la Connaissance, … sont tous des variations du même thème ; ainsi que l’Herbe de Vie, la Plante d’Immortalité, le Fruit Défendu, …, qui leur sont immanquablement associés. Ainsi le chamanisme primitif laisse son empreinte dans les religions. Et Wasson voit dans l’épisode de la Genèse – celui des arbres du paradis et du fruit défendu – un écho du même archétype sous sa métamorphose proche-orientale. Comme Eau de Vie, Nourriture divine, Boisson d’Immortalité, ambroisie, … sont des doublets du Soma védique, qu’on retrouve entre autres dans les mystères orphiques et les saintes agapes. (21)
L’« ivresse » provoquée par l’Amanite fut comprise comme la manifestation de pouvoirs divins. Parmi les molécules que contient l’Amanita muscaria, c’est avant tout le muscimol et, dans une moindre mesure, la muscazone, issus de l’acide iboténique que contient le champignon, qui s’avèrent les principaux responsables des propriétés psychotropes. Le muscimol arbore une structure chimique très proche d’une molécule naturellement présente dans le cerveau : l’acide amino-butyrique. (22) Jadis interprétées comme l’œuvre du surnaturel, les hallucinations et l’action des drogues ont été étudiées par la neurobiologie. Jean-Pierre Changeux écrit : « Du buisson ardent aux plus récentes apparitions de la Vierge, les religions ont souvent retenu ces « faits de conscience » comme révélations de forces surnaturelles. Les hallucinations ont, en réalité, une solide base biologique. (23)» Entre 1950 et 1980 environ, des découvertes majeures ont été réalisées. D’abord la mise à jour de la structure indolique dans les composés psychotropes. Ensuite la structure moléculaire des principes actifs des plantes hallucinogènes qui s’avère très proche de certaines hormones du cerveau (neurotransmetteurs). Un exemple : la psilocybine, qui est présente dans une centaine de champignons hallucinogènes – dont les éponymes psilocybes – est une variante de la diméthyltryptamine, et la tryptamine (dérivé d’un acide aminé essentiel, le tryptophane) compose la base d’un neurotransmetteur : la sérotonine. Autre cas : la mescaline, proche de l’adrénaline, etc. Etonnantes parentés auxquelles s’est ajoutée la découverte des « serrures » cérébrales, en l’occurrence les neurorécepteurs avec lesquels peuvent réagir des molécules hallucinogènes des plantes, du fait de leur ressemblance structurale avec certains neurotransmetteurs. Mais qui plus est, on a découvert que le cerveau humain secrète naturellement, par exemple, de la diméthyltryptamine, une des substances hallucinogènes de l’ayahuasca (le yagé). D’où naît l’idée que des drogues existent sous forme latente dans le cerveau - drogues que les états de conscience modifiés activeraient (24). En outre, les chercheurs ont constaté que toutes les drogues augmentent la quantité de dopamine disponible dans le « circuit de la récompense » cérébral, d’où l’effet euphorique de ces substances.(25)
Des hypothèses passionnantes découlent de ces découvertes. Les humains auraient pu subir des mutations suite à une consommation, d’abord accidentelle, de drogues psycho-actives – d’où ces mythes universels de fruits qui ouvrent les portes d’un Autre monde ou de la Connaissance suprême (26). Il est très probable en tout cas que des aliments végétaux aient joué un rôle dans l’évolution des espèces - évolution qui a produit, on le sait, des bonds parfois aussi subits qu’importants, par des effets de constituants végétaux sur les tissus animaux (27). Mais encore, ces fameux champignons auraient pu stimuler notre activité cérébrale en développant ou accélérant des aptitudes mentales spécifiquement humaines, comme notre capacité d’un langage verbal et d’une symbolique – jusqu’à stimuler ce qui nous distingue des autres animaux : la conscience. (28) Et enfin – et il s’agit peut-être de l’idée la plus passionnante – Wasson , en point d’orgue, soulève une ultime question : le sentiment religieux a-t-il pu naître de l’usage même du champignon, ou en tout cas des premières drogues naturelles hallucinogènes ? Pour le dire sans détour, l’idée du divin, du surnaturel, c’est-à-dire d’un Autre monde, paradis et/ou enfer, aurait été engendrée par l’effet des hallucinations. En résumé, les dimensions surnaturelles constitutives de la plupart des religions ne sont-elles pas nées, tortueusement, de l’esprit halluciné d’humains ? Comme si le Fruit défendu avait ouvert (créé ?) la conscience et avait permis la Connaissance du bien et du mal. L’« illumination » divine née d’un champignon ! (29) Wasson écrit : « La première expérience enthéogénique de l’homme dut être une sorte d’unique et authentique miracle ». (30) Il en coûterait l’expulsion du Jardin d’Eden et la plante merveilleuse fut l’objet d’un tabou. Aussi dérangeante qu’elle soit la question mérite réflexion.
De toutes ces recherches, un néologisme a été forgé en 1980. Pour désigner spécifiquement les drogues hallucinogènes dans leur relation au spirituel, on emploie maintenant dans la littérature scientifique le mot enthéogènes ; il est formé de 2 racines grecques signifiant « qui produit le divin/dieu à l’intérieur de soi » (31) - puisque les hallucinations provoquées par ces substances ont donné aux hommes l’impression d’entrer en contact avec un autre univers, le divin, et de communiquer avec celui-ci ; ce qui correspond parfaitement au « voyage » chamanique. La naissance du sentiment religieux primitif a pu être commun à l’Asie, l’Europe et les Amériques via un chamanisme qui fut refoulé ensuite par les religions institutionnalisées. (32) L’expérience extatique fut fondamentale pour l’homme – et universelle – mais elle évolua dans les diverses cultures et religions. (33) Il est illusoire de vouloir retrouver dans l’Histoire un phénomène religieux originel. Les documents archéologiques ne remontent qu’au Paléolithique final. Pourtant durant des centaines de milliers d’années l’homme a pu connaître des expériences de type religieux. (34) Une tradition religieuse immémoriale repose sur l’hypothèse chamanique. Le préhistorien français Jean Clottes voit le chamanisme à la base de la peinture pariétale des grottes, monde chtonien. Au Paléolithique Supérieur, les hommes auraient déjà expérimenté visions extatiques et transe, bref des états d’une conscience altérée dont Clottes définit 3 stades universels car appartenant au fonctionnement du système nerveux humain ; bien que le contenu hallucinatoire soit relatif à la culture. Le chamanisme constituerait la lointaine origine des grandes religions, dont la tradition judéo-chrétienne. (35)
Depuis la préhistoire, des contacts se sont produits entre les différentes populations, sibériennes, centre-asiatiques, proche-orientales,…(36) Plus tard, il y eut des rencontres entre Indo-européens et Sibériens, des influences indo-iraniennes et mésopotamiennes en Asie Centrale, des relations entre la Chine et l’Orient hellénistique, etc… Il est certain qu’aucune religion n’est une création ex nihilo. Aucun contenu théologique ne fait disparaître le passé, mais se façonne par récupération, fusion, renouvellement des éléments fondamentaux antérieurs. (37)
L’essor des grandes religions historiques, dans lesquelles les dogmes écrits fixent le surnaturel, a fait reculer les formes du chamanisme initial. Désormais des castes de prêtres se sont accaparé le rôle d’intermédiaires des dieux omnipotents. Les chefs religieux et officiants ont saisi le parti « miraculeux » qu’offraient les effets extraordinaires de certaines plantes ou champignons ; toutes ces substances produisaient une action cérébrale engendrant des comportements singuliers qui impressionnaient les autres participants non soumis à ces effets. (38) A l’instar du chamane, le prêtre relie les 2 mondes, et la communauté au divin : il devient le pontife, à savoir, selon l’étymologie des Anciens, le « faiseur de pont ». Qui ne sait d’ailleurs que le mot religion pourrait signifier «ce qui relie » ? (39) Et la cérémonie rituelle du partage du vin unit dans une « communion » religieuse. (40) Selon Michel Butor, on trouve chez Zola une profonde affinité entre le catholicisme et l’alcool : « L’un et l’autre produisent des ivresses (sic), l’un et l’autre se transmettent à l’intérieur du milieu familial. » (41) Des états de conscience altérée sont restés au cœur de cultes qui reposaient toujours sur un savoir révélé, mais le symbolisme rituel a remplacé la communication directe avec le divin qui était une caractéristique majeure du chamanisme. (42) Par conséquent les moyens de l’extase (les drogues) ont été abandonnés et refoulés (43) , quoique des reliques de l’archaïque chamanisme aient pu se métamorphoser dans les formes de la sorcellerie, entre autres, qui s’avèrent bien antérieures à la diffusion du christianisme. La sorcière volait comme le chamane ! (44) Le baron d’Holbach écrivant « La religion est l’art d’enivrer (sic) les hommes de l’enthousiasme (…) » ne croyait probablement pas si bien dire ! ; et l’ enthousiasme n’est rien d’autre, littéralement, que le « transport divin », de en et theos . Maintes religions us(ai)ent de méthodes pour modifier l’état mental : la méditation, l’hyper-oxygénation, le jeûne, la mortification, …et l’usage de certaines drogues. En effet, les enthéogènes – selon 3 variables : substance et dosage, état psycho-physiologique du sujet, contexte culturel et social (45) - provoquent des changements d’émotions et sentiments, de perception des 5 sens, et du temps et de l’espace. Les multiples effets enthéogéniques ont été décrits de long en large dans la littérature scientifique.(46) Wasson a décrit lui-même ses visions suite à l’absorption de psilocybes mexicains : « Les formes géométriques (…), richement colorées, visions architectoniques (…) semblaient appartenir à l’architecture imaginaire décrite par les visionnaires de la Bible, par St Jean de Patmos, (…) », etc. L’étude de la mystique - chrétienne, bouddhique, ou autres - montre clairement une similitude de l’expérience enthéogénique avec l’état mystique transcendantal. (47) En effet, les enthéogènes produisent des expériences considérées comme hautement religieuses et spirituelles par ceux qui les vivent. « Dans ma vie les plus importantes étapes de mon développement spirituel ont eu lieu suite à des expériences de consommation d’enthéogènes », écrit T.B. Roberts, qui plaide ensuite pour que les parents initient leurs enfants (au stade adulte) à « célébrer le sacrement » (sic), en l’occurrence à consommer des enthéogènes. (48)
On peut ainsi envisager la situation des enthéogènes dans notre monde contemporain comme une forme de retour du refoulé. Cela se manifeste par leur présence effective dans des religions. De la Native American Church, aux USA, fondée par J. Rave en 1911, où on utilise la mescaline, alcaloïde extrait du peyotl (cactée hallucinogène) comme hostie de rédemption. (49) Ou encore l’Eglise du Santo Daime (50) , une secte chrétienne d’origine brézilienne, dont les adeptes consomment le yagé (ou ayahuasca), une drogue extraite d’une liane qui contient du DMT, diméthyltryptamine, c’est-à-dire des molécules possédant un anneau de type benzénique (comme la mescaline) provoquant une transe intense. (51) Jusqu’aux manifestations apparemment anodines ; tel le succès très inattendu d’une chansonnette de 3 minutes 52 sec. d’un groupe de jeunes rennois, Billy Ze Kick et les gamins en folie vendue pendant l’automne 1994 à plus de 200.000 exemplaires, contenant ces paroles : « Mangez-moi, mangez-moi/ C’est le chant du psilo [-cybe] qui supplie / Qui joue avec les âmes (sic) / Et ouvre les volets de la perception / (…) » (52) Et l’internet est loin d’être en reste avec ses centaines de sites consacrés aux enthéogènes, parmi lesquels beaucoup proposent à la vente diverses substances, plantes et champignons. Aux Etats Unis surtout, certains courants New Age s’en sont fait les prosélytes. Inutile d’insister sur cette nouvelle « religiosité » que constitue le phénomène musical techno qui s’accompagne de raves où de nouvelles drogues si justement baptisées ecstasy – un emprunt au grec (via le latin ecclésiastique !) ekstasis : « fait d’être hors de soi » - induisent cette extase, véritable retour vers une transe « chamanique », collective cette fois. Mais le trip « voyage » au LSD des sixties était déjà très révélateur. (54) D’ailleurs, la (re-) découverte des champignons par Wasson et ses premiers travaux ont influencé l’aventure hippie et la Contre-culture.(55) Les découvertes de l’enthéobotanique ne peuvent que ranimer les craintes de François Mauriac concernant le LSD : ne risquait-on pas de trouver Dieu plus facilement avec des hallucinogènes… ? (56) A l’heure actuelle se créent des centaines de drogues synthétiques (57) face auxquelles la répression policière semble bien impuissante. Nous connaissons le versant économique du phénomène, à savoir les centaines de milliards de dollars (selon l’ONU) que draine le « marché » de toutes les drogues. (58) Peut-être faudrait-il donc prendre en compte le « fond religieux » du phénomène ? On ne peut que constater avec le toxicologue L. Lewin que « les aliments seuls exceptés, il n’est pas sur la terre de substances qui aient été aussi intimement associées à la vie des peuples, de tous les pays et dans tous les temps ». (59)
Avant de conclure, terminons par une anecdote. L’ethnologue Michael Harner raconte : « Tant les indiens Jívaro que les Conibo-Shipibo qui avaient vu des films me dirent que les expériences avec l’ayahuasca (une liane hallucinogène) étaient comparables au fait de visionner ceux-ci, et ma propre expérience le corrobore. » (60) . De même, « L’ayahuasca est la télévision de la forêt » prétend un indien péruvien à l’anthropologue Jeremy Narby. (61) « Just look at MTV. Half of the commercials and videos resemble drug trips ! » écrit également le biologiste Thomas Lyttle, en précisant qu’un réalisateur comme Walt Disney a pu utiliser l’«outil » des drogues dites psychédéliques… (62) Beaux sujets de recherche en perspective ! Car il existe au moins un point étrangement communs aux drogues enthéogéniques et aux médias modernes : la tempête d’images qu’ils génèrent. Nombre parmi nous seraient donc peu ou prou des « hallucinés » dans leur genre ! Parce qu’assez rares sont ceux qui résistent encore à la « bourrasque » médiatique des images. L’enthéobotanique n’explique pas tout, loin s’en faut. Mais elle travaille. Robert G. Wasson a mis au jour un mécanisme expliquant la genèse du religieux. Sa thèse rationnelle et solidement argumentée n’est-elle pas plus cohérente et vraisemblable que des croyances, qui prétendent, par exemple, qu’un homme est revenu d’entre les morts, que nous irons au paradis ou en enfer, etc… ? D’aucuns ont toujours clamé qu’on ne peut rien prouver. C’est vrai. Est-ce à dire que tout se vaut ? Il y a des choses indémontrables pour des raisons évidentes d’absence de documents. Cependant il faudrait peut-être admettre que l’absence de preuve n’est pas nécessairement une… preuve de l’absence , car des ARGUMENTS, pertinents, solides, concrets, s’avèrent ici infiniment plus convaincants que nombre d’élucubrations métaphysiques.
Au fait, que trouvent les « voyageurs » de Jules Verne au « Centre de la terre » ? Des champignons !
http://liberterre.fr/entheogenes/recherches-modernes/vincentwattiaux.html | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Jeu 5 Oct 2017 - 13:24 | |
| L'usage de champignons, de plantes ou de vin afin de modifier son état de conscience remonte à la nuit des temps, sans doute une découverte faite accidentellement. Un homme a eu ainsi des visions d'un autre monde et a pensé qu'il était allé dans le monde des esprits, car depuis toujours les hommes ont cru aux esprits, ce qui n'a rien à voir avec une religion, car les religions sont des créations humaines. Et depuis ces temps lointains les traditions se sont perpétuées, les chamans, les sorciers des tribus ont cherché à obtenir ces hallucinations, certains pour répondre aux questions que ces hommes se posaient, d'autres pour détenir un pouvoir sur eux. C'est encore le cas de nos jours. Merci Totem pour cet article intéressant. |
| | | coquillage Membre
Date d'inscription : 09/10/2016 Nombre de messages : 267 Age : 76 Ville : rivage
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Jeu 5 Oct 2017 - 14:01 | |
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Dernière édition par coquillage le Jeu 5 Oct 2017 - 23:48, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Jeu 5 Oct 2017 - 15:03 | |
| J'apprécie la symbolique du champignon. En revanche, je pense que cet article dessert la religion ainsi que les différentes spiritualités. |
| | | Totem Membre
Date d'inscription : 06/03/2013 Nombre de messages : 17521 Age : 69 Ville : la voie lactée
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Jeu 5 Oct 2017 - 16:18 | |
| - Figaro a écrit:
- J'apprécie la symbolique du champignon. En revanche, je pense que cet article dessert la religion ainsi que les différentes spiritualités.
Bien sûr que l'on peut être choqué à la première lecture mais ça porte à réflexion tout de même. A ce sujet j'ai vu d'autres peintures religieuses anciennes où les champignons apparaissent bien, mais on en parle peu. Nos supérieurs religieux le savent certainement depuis longtemps mais n'allaient surtout pas l'ébruiter. De mon point de vue ça ne dessert pas les religions et les spiritualités, puisqu'il est dit que la consommation de substance a permis d'ouvrir progressivement la conscience de l'homme vers la connaissance, d'autant que ces substances se retrouvent dans le cerveau mais pas actives et qu'elles peuvent sans doute être réactivées par une énergie extérieure à l'homme. Je verrais cela plutôt comme un moyen d'aller plus vite pour ouvrir la conscience avec les conséquence que ça peut avoir pour celui qui veut aller trop vite ou s'amuser et qui n'est pas prêt à cette ouverture. Le problème viendrait surtout du "comment" cela est consommé et aujourd'hui il semble que c'est devenu plutôt récréatif, ce qui n'était sans doute pas le cas autrefois. L'église a ensuite condamné les drogues, c'est qu'il y a un raison C'est pourquoi je vois ces paroles comme un avertissement sur le choix que l'on fait pour connaître la divinité : La parole dit : « Ceux qui entrent dans la bergerie par le toit sont des voleurs ».
« Ils leur ont donné des pierres à la place du pain ».
« n'invitez pas, ne forcez pas l'amour avant qu'il le veuille » (Cantique des Cantiques).
Il y a aussi les travaux de John Lilly sur la question. Il a mené des expériences avec les champignons puis ensuite les a abandonné pour mettre au point un caisson d'isolation sensorielle qui donnait les mêmes résultats que les champignons sur l'ouverture de la conscience. http://tout-est-rien.blogspot.fr/2011/12/commencons-par-vous-exposer-abruptement.html | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 9:02 | |
| - Figaro a écrit:
- J'apprécie la symbolique du champignon. En revanche, je pense que cet article dessert la religion ainsi que les différentes spiritualités.
Pourquoi faudrait-il servir la religion? La véritable spiritualité est celle qui cherche au-delà des normes établies. Tenter de comprendre par soi-même, par ses propres réflexions, par ses expériences est plus productif que rester sur les rails imposés. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 9:13 | |
| Parce qu'elles relient tous les êtres vivants. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 9:16 | |
| Je ne suis pas de ton avis Figaro, les religions DEVRAIENT relier tous les être vivants, mais au cours des siècles elles n'ont fait que les diviser et les pousser à s'entretuer. Les religions ont été crées par des hommes qui voulaient imposer leur vision, leur autorité, la spiritualité véritable est très personnelle et n'oblige personne à adopter les mêmes croyances. Bien amicalement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 9:34 | |
| bonjour ce post est interessant dans la mesure oui il est vrai que les chamanes d'amérique du sud utilisent des plantes comme cataliseurs pour acceder rapidement a des plans superieurs.. cela se vérifie aussi dans la culture amérindienne, avec le fameux "calumé de la paix".. certainement dans d'autres cultures que je ne connais pas.. en occident, le lien est beaucoup moins évident, tout simplement parce que malgré le nombre de personne qui s'adonne aux " drogues" en général, peu ouvrent des portes spirituelles véritables, au contraire, cela semble parfois endormir la conscience chez la majorité.. j'avais posté un message( sur le journal de did je crois) , qui racontait l'histoire de cette occidental qui va voir un chamane pour " rencontrer le tigre qui dort en lui" a travers un voyage avec l'herbe des Dieux (ayahuasca)et qui au sortir de son experience a dit de lui meme: j'ai vu un teckel!! franchement ça m'a toujours fait sourire, mais c'est surtout pour souligner que si l'on a pas une certaine démarche ou alors un esprit spirituel, tout cela ne menera pas a grand chose..voire parfois a la catastrophe.. don le lien peut s'averer vrai mais chez certaines personnes.. c'est dailleurs les " grand chefs", sorciers, ou chamanes qui s'en servent.. j'avais vu un témoignage ou l'on donnait de l'ayahuasca ou yagé a certaines personnes trés tourmentées pour leur permettre d'acceder a leur problèmes psy non réglés, une thérapie en quelque sorte un peu violente.. ( c'était au Mexique je crois..) en Espagne cela se pratique pour sortir hors du corps et remuer les tripes.. mais on en distribue pas a la messe le dimanche, non non;) merci pour ce texte Totem. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 9:37 | |
| Stern,
Oui, effectivement, ton point de vue est respectable. Nous sommes divisés parce que nous en avons oublié le coeur. Qu'en dis-tu ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:03 | |
| Figaro, nous avons oublié le coeur sans doute, mais aussi certains, totalement assujettis à ce que les prêtres de leur religion, quelle qu'elle soit, leur inculquaient, ont oublié qu'ils avaient des neurones qui étaient là pour qu'ils s'en servent et réfléchissent par eux-mêmes, se posent des questions. Inutile de parler des islamistes que nous connaissons tous, tout au long de l'histoire des hommes sont partis massacrer au nom de la religion. Mais par exemple j'ai une voisine dont la religion lui affirme que la terre a été créée il y a 4000 ans, et bien qu'elle ait des livres parlant des dinosaures disparus il y a 65 millions d'années, elle le croit parce que c'est écrit dans son livre. Tu comprends ce que je veux dire? L'esprit doit être libre! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:25 | |
| Entendu Stern. Et qu'est-ce qui rend l'esprit libre selon toi ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:34 | |
| Peut-être tout simplement la curiosité intellectuelle? Sans doute qu'il faut aussi posséder un sentiment d'indépendance, autant dans son corps que dans sa tête, ne dépendre de personne, refuser que quelqu'un nous dise ce qu'on doit penser ou faire. |
| | | Professeur X Membre
Date d'inscription : 16/06/2010 Nombre de messages : 11177 Age : 55 Ville : système solaire
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:37 | |
| Hum , les religions sont une source d'inspiration inépuisable pour une néo-spiritualité qui cherche à s'en démarquer , que nos ancêtres même très lointains aient consommé des substances psychotropes , il n'y a pas à en douter , mais tenter de nous faire avaler le concept que cette consommation est à l'origine du sentiment religieux et des religions me semble un peu gros, c'est vrai que certaines substances naturelles modifient conséquemment nos états de conscience , mais on ne peut pas dire par exemple que la période LSD qu'ont connu presque tout les pays modernes à la même époque ait cultivé le sentiment religieux .
Ce sentiment si tant est qu'on puisse le cerner et le déterminer pour savoir de quoi on parle , peut très bien naître de l'existence humaine , la sensibilité de l'être humain à son milieux à la beauté, à la souffrance , fait qu'il peut tirer de sa vie des sentiments qui les transcende sans qu'on explique cette sensibilité par la prise de champignons ou autres substances hallucinogènes , les différents états de conscience ont toujours été un potentiel inné à la condition humaine , la conscience de soi et même parfois la conscience objective n'ont pas besoin de substances externes pour s'exprimer , l'être humain naît non fini qu'importe les époques et son développement n'est pas conditionné à la prise de psychotropes .
Si on en croit même les écrits de la Genèse , l'être humain vivait en transcendance dans un paradis ou son devenir était assuré par Dieu , dans cet environnement il lui était défendu de consommer d'un arbre car il modifierait leur conscience du Bien et du mal , et cela leur donnerait le sentiment d'être des dieux , en fait sa consommation va mettre ces protagonistes édéniques dans un état de conscience moindre que celui qu'ils avaient avant , entraînant des sentiments désagréables ainsi qu'un perte définitive de leur innocence , ce passage si on le lit bien tente plutôt de nous prévenir de consommer des substances dont on connaît les effets et qui pourraient à jamais modifier notre perception de nous même et du monde , de fait la prise de ces substances serait plutôt en opposition avec le sentiment religieux adamique originel , love . | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:50 | |
| - Stern a écrit:
- Peut-être tout simplement la curiosité intellectuelle?
Sans doute qu'il faut aussi posséder un sentiment d'indépendance, autant dans son corps que dans sa tête, ne dépendre de personne, refuser que quelqu'un nous dise ce qu'on doit penser ou faire. Oui, être curieux, oser toucher, oser ressentir, etc. En revanche, on ne peut ne dépendre de personne. Nous vivons plutôt en interdépendance. Et malgré cette dernière, il nous est possible de désobéir lorsque les circonstances le demandent. En partage, ce texte de K. Gibran.Lorsque l'amour vous fait signe, suivez-le, Quoique ses voies soient rudes et escarpées. Et lorsque ses ailes vous enveloppent, cédez-lui, Quoique l'épée cachée parmi ses plumes puisse vous blesser. Et lorsqu'il vous parle, croyez en lui, Quoique sa voix puisse éparpiller vos rêves comme le vent du nord saccage le jardin. Car même s'il vous couronne, l'amour vous crucifiera. Même s'il vous aide à grandir, il vous élaguera. Même s'il s'élève à votre hauteur et s'il caresse les plus tendres de vos branches qui frémissent sous le soleil,
Il s'enfoncera jusqu'à vos racines et secouera leur emprise dans la terre. Comme des gerbes de blé, il vous récolte en lui-même. Il vous bat pour vous dénuder. Il vous tamise pour vous délivrer de votre son. Il vous moud jusqu'à ce que vous blanchissiez. Il vous pétrit pour vous assouplir. Et puis, il vous soumet à son feu sacré, pour que vous deveniez le pain sacré du festin sacré de Dieu.
Tout cela, l'amour vous le fera subir pour que vous connaissiez les secrets de votre cœur et que, par cette connaissance, vous deveniez une parcelle du cœur de la Vie.
Mais si, dans votre crainte, vous ne cherchiez de l'amour que sa paix et son plaisir, Alors vous feriez mieux de couvrir votre nudité et de vous écarter de son aire de battage, Pour gagner le monde sans raisons où vous rirez sans déployer tout votre rire, où vous pleurerez sans répandre toutes vos larmes.
L'amour ne donne rien que lui-même et ne prend rien que de lui-même.
L'amour ne possède pas, et ne veut pas être possédé, Car l'amour se suffit à lui-même. Lorsque vous aimez, vous ne devez pas dire: «Dieu est dans mon cœur», mais plutôt: «Je suis dans le cœur de Dieu. » Et ne croyez pas que vous pourrez diriger le cours de l'amour, car c'est l'amour, s'il croit que vous en valez la peine, qui dirigera votre cours.
L'amour n'a d'autre désir que de s'accomplir lui-même. Mais si vous aimez et si vous devez éprouver des désirs, faites que les vôtres soient ceux-ci : Fondre et devenir un ruisseau courant qui chante sa mélodie dans la nuit. Connaître la douleur d'une trop grande tendresse. Être blessé par votre propre connaissance de l'amour, Et vous laisser joyeusement saigner. Vous réveiller le matin avec un cœur ailé et rendre grâces pour une nouvelle journée d'amour. Vous reposer le midi et méditer sur l'extase de l'amour. Rentrer le soir chez vous avec reconnaissance. Et puis enfin vous endormir avec une prière pour l'être aimé qui vit en votre cœur et avec, sur vos lèvres, un chant de louanges. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 10:55 | |
| - Professeur X a écrit:
- de fait la prise de ces substances serait plutôt en opposition avec le sentiment religieux adamique originel , love .
Je suis assez d'accord avec ça, dans le sens où à partir du moment où on perd cette "innocence enfantine" on commence à se poser des questions, et ça ce n'est bon pour aucune religion. Figaro merci pour ce texte. |
| | | Mimy Membre
Date d'inscription : 12/05/2016 Nombre de messages : 1823 Age : 46 Ville : La Terre
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:29 | |
| - Stern a écrit:
- L'usage de champignons, de plantes ou de vin afin de modifier son état de conscience remonte à la nuit des temps, sans doute une découverte faite accidentellement.
Un homme a eu ainsi des visions d'un autre monde et a pensé qu'il était allé dans le monde des esprits, car depuis toujours les hommes ont cru aux esprits, ce qui n'a rien à voir avec une religion, car les religions sont des créations humaines. Et depuis ces temps lointains les traditions se sont perpétuées, les chamans, les sorciers des tribus ont cherché à obtenir ces hallucinations, certains pour répondre aux questions que ces hommes se posaient, d'autres pour détenir un pouvoir sur eux. C'est encore le cas de nos jours. Merci Totem pour cet article intéressant. Hello Stern. J'ai une autre vision de la tienne, qui j'annule pas la tienne, évidement. Les religions naissent de la même manière. Une personne, comme Bouddha, comme Jésus, comme Moïse, ils se sont isolés, cherchant la vérité en eux même. Ils ont découvert la splendeur de la Lumière. Ils ont essayés de passer cette découverte aux autres. Les "autres" donc toi et moi faisons partie, ont adhéré à cette découverte. Exactement comme d'homme où la femme qui a découvert les champignons. Donc, ils se sont assis à côté des ces maîtres pour atteindre aussi la béatitude. Mais l'homme aime gouverner l'homme.. à la différence des tes champignons. Alors la deuxième et plus des générations, ajoute une loi pour marquer son autorité. .et ainsi naissent les religions. Que ce soit un champignon où un humain charismatique, les hommes courent vers la solution de sa propre existence. Parce que c'est plus facile de chercher des réponses à l'extérieur que dedans... | |
| | | Professeur X Membre
Date d'inscription : 16/06/2010 Nombre de messages : 11177 Age : 55 Ville : système solaire
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:34 | |
| - Stern a écrit:
- Professeur X a écrit:
de fait la prise de ces substances serait plutôt en opposition avec le sentiment religieux adamique originel , love .
Je suis assez d'accord avec ça, dans le sens où à partir du moment où on perd cette "innocence enfantine" on commence à se poser des questions, et ça ce n'est bon pour aucune religion. Hum , ha oui j'avais oublié que les milliard de personnes qui sont croyant et ne prennent pas de drogues sont des imbéciles qui ne se posent pas de question , les drogués et les amateurs d'expérience extatiques sont aujourd'hui la vrai référence spirituelle , non seulement les religions se posent des questions mais elles y répondent , mais nous ne sommes pas obligé de croire nous mêmes à ces réponses , de toutes façon les religieux sont définitivement des crétins et les êtres qui se prétendent spirituel sont bien sur l'élite éveillé qui va sauver ce monde , love .
Dernière édition par Professeur X le Ven 6 Oct 2017 - 11:36, édité 2 fois | |
| | | Almaguemnon Membre
Date d'inscription : 25/09/2017 Nombre de messages : 481 Age : 77 Ville : Bretagne. en détail: dans un petit bled.
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:34 | |
| @ Prof X: très drôle! La peur. Le plus puissant des psychotropes. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:41 | |
| Professeur tu interprètes comme tu le veux, mais je n'ai jamais dit ni même pensé ça. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:46 | |
| Mimy tu as raison aussi bien sûr, Bouddha et Jésus sont des exemples, mais le Bouddhisme n'est pas une religion, il n'y a pas de Dieu pour les bouddhistes, et Jésus a dit: Ne faites pas de moi un Dieu, ne créez pas en mon nom une nouvelle religion, car les dogmes sont humains et mon Père et moi ne sommes pas humains. Je suis venu vous montrer la voie de l'Homme." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:51 | |
| Prof X: il y a des religieux qui prennent des plantes .. beaucoup de pays ont légalisé le canabis: d'autres pays ont interdit l'alcool. peu importe, mais qui que ce soit, on n'en fait pas une affaire personnelle.. d'ailleurs je me suis toujours posée la question de "vin" appellé sang du christ, que boit le pretre, pendant la messe c'est une communion non? |
| | | Almaguemnon Membre
Date d'inscription : 25/09/2017 Nombre de messages : 481 Age : 77 Ville : Bretagne. en détail: dans un petit bled.
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 11:58 | |
| Lorsque Jésus le Nazaréen su qu'il ne verrait plus ses disciples. Il prépara des morceaux de sa chair et quelques gobelets de son sang qu'ils absorberaient pour qu'à travers leurs réincarnations, il puisse les reconnaître et les retrouver par le "lien de chair".
Ce type de cannibalisme peut s'apparenter à celui de certaines tribus d'Amazonie qui mangent leurs morts pour garder un lien spirituel avec eux; ou plutôt "communier". | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 12:04 | |
| "Ce type de cannibalisme peut s'apparenter à celui de certaines tribus d'Amazonie qui mangent leurs morts pour garder un lien spirituel avec eux; ou plutôt "communier""
é bien.. je ne connaissais pas cette version.. c'est du sang dans la coupe du pretre? mama mia!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Religion et psychotropes Ven 6 Oct 2017 - 12:09 | |
| - hazel a écrit:
é bien.. je ne connaissais pas cette version.. l: Et bien moi non plus, je me demande d'où ça sort! |
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