Gaudapada doit tirer cette citation du Mandukya Upanishad dont il a fait de célèbres commentaires. J'ai justement retranscrit il n'y a pas très longtemps sur le fil des Upanishads le passage du Mandukya où cette métaphore est utilisée.
"Apprends pourquoi rien ne naît, de quelque façon que ce soit,
Bien que tout naisse, en tout lieu que ce soit.
Si l'Atman est tel l'espace éthéré,
Le Jiva (l'âme individuelle) est tel l'espace enclot dans un pot,
Le corps physique faisant office de pot;
Voilà une métaphore illustrant l'origine (de ce qui est né).
Quand se brise le pot,
Qu'advient-il de l'espace qu'il contenait?
Il se fond dans l'espace éthéré;
Ainsi donc le Jiva est aussi l'Atman.
De même qu'en certains pots,
On peut trouver des poussières ou de la fumée,
Ce ne sont pas tous les pots qui partagent ces caractéristiques;
Il en va de même pour les joies et les souffrances des Jivas.
Les formes, les fonctions et les noms diffèrent,
Certes mais en fonction des endroits qu'ils occupent;
Cependant l'espace, au sein duquel ils sont localisés,
Est le même, essentiellement; il en est de même des Jivas.
L'espace d'un pot, face à l'espace éthéré,
N'en est ni le produit, ni une portion;
De même du Jiva face à l'Atman:
Il n'en est ni le produit, ni une portion.
Tout comme aux yeux de l'enfant
Le ciel (en réalité incolore) est vraiment bleu,
Aux yeux de l'être inexpérimenté,
L'Atman apparaît souillé par les imperfections.
Sur la question de la mort et de la naissance,
Du départ et du retour,
De l'omnipénétration de tous les corps-
L'Atman est semblable à l'espace éthéré.
La multitude des corps, comme des rêves,
Comme des illusions, est projetée par l'Atman;
Semblable à lui, ou dissemblable?
On ne peut en juger, en aucune façon.
Âme individuelle (Jiva) enveloppée par cinq fourreaux (koshas),
Ainsi que l'enseigne la Taittiriya,
L'Atman suprême se tient là, occulté,
Lui que nous assimilons à l'espace éthéré.
Dans la "section du miel" de la Brihadaranyaka,
Le suprême Brahaman est présenté comme possédant deux formes,
La forme grossière apparaissant comme terre et entrailles;
Et c'est lui que nous assimilons à l'espace éthéré.
Si les écritures, comme par équation,
Déclarent que le Jiva et l'Atman sont un,
Condamnant de ce fait toute la multiplicité,
C'est alors une vérité, au sens plein du terme.
Et même si un texte considère qu'avant la Création,
Ces deux-là étaient séparés,
Cela doit se comprendre au sens figuré, et non littéral,
Et comme s'appliquant à ce qu'ils sont supposés devenir.
Et si toujours les Écritures enseignent la Création
En utilisant les images de l'argile, du minerai et des étincelles
Celles-ci servent uniquement de techniques d'enseignement;
Car "il n'y a aucune multiplicité, en aucune façon"
Si tu veux en lire un peu plus.
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