Rappel du premier message :Voiçi donc le début du conte dont au sujet duquel je vous ai causé...
Chapitre premier: Sabathi...
Le soleil se levait sur l'obscure futaie.
Ses rayons traversaient les piliers des troncs
Et un épais brouillard, manière de taie,
Recouvrait les ajoncs et leurs bouquets citron.
Tout doucement le vent effiloche la brume,
Fait danser les houppiers et s'égoutter les feuilles.
De la terre un parfum de résine et d'agrume
Fait s'égailler l'oiseau et frémir le chevreuil.
Le silence régnait encore pour un instant.
La Lune s'attardait dans un ciel pâlissant.
Quelque part un ruisseau, coulant dans un étang,
Donnait à la vieille eau son fluide adolescent.
D'un trou, sous un talus, le tout premier lapin,
Par un grand bond sortit, les oreilles dressées.
Son nez brillant frémit dans le parfum des pins
Et puis, n'y tenant plus, il partit s'engraisser.
Quelque part, dans le tronc creusé d'un arbre père,
Quelqu'un ouvrit les yeux. La lumière venait
Sur son visage blanc, dans l'ombre du repère,
Dire une foi encore: «
Un autre jour est né».
Ce quelqu'un s'étira, au milieu des fougères,
Pour un instant encore sous le charme d'un rêve.
Il crût s'éveiller sur une terre étrangère,
Mais la faim grommelant cette illusion fut brève.
Il se passa les doigts dans sa noire tignasse
Et sortit, en rampant, de sa chambre à coucher.
Il faut vous présenter cette étrange bestiasse
Qui sortit un tissu, afin de se moucher:
Plus petit qu'un héron, mais plus haut qu'un renard,
Il allait sur deux pieds dépourvus de chaussure.
Sa tête ronde avait cet air goguenard
Du faible qui pourrait infliger des blessures.
Habillé de ses poils, qu'il avait par chance
Aussi longs qu'un manteau, il vivait au fond
Des bois, se nourrissant du fruit mûr, sur la branche,
Ou trainant sur le sol, comme les bêtes font.
Il mâchait le blé vert, ou cru le champignon,
En suivant les saisons ou le gré du hasard.
Sous les pins parasols il cherchait le pignon,
Mais ne dédaignait pas l'oiseau ou le lézard.
Partout, aux alentours, d'autres êtres pareils
Sortaient, tout comme lui, d'un tronc ou d'un buisson.
Revêtant mêmement le plus simple appareil,
Ils cherchaient, affamés, l’œuf ou le hérisson.
La suite au prochain numéro...