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 L'envol de l'albatros (une histoire)

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Jean-Yves
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MessageSujet: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeDim 29 Jan 2012 - 21:10

J'ai écris cette histoire en 2007 I love you

Dans un battement d’ailes l’albatros s’envola… Pour Maria, dont le visage émacié contemplait la scène avec tristesse, c’était le départ et la perte de ce qui nourrissait son bonheur dans chaque instant. De ses yeux d’adolescente, elle contempla cette part d’elle-même qui s’enfuyait… Face à cette plaine quasi désertique, qui au loin, rejoignait l’immensité de l’océan, elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un point blanc qui au final, se fondit dans le ciel…

Tourmentée par cette séparation, une pensée l’effleura alors :
« Papa s’est exprimé clairement à cet égard : “Il faut rendre la liberté à la liberté, maintenant qu’il est rétabli, cet oiseau doit être relâché !… Emporte le sur le bord de l’océan afin qu’il puisse retrouver le lieu auquel il est accoutumé et ainsi choisir en fonction de son réel besoin : rester avec toi ou partir…” » 

Pourtant, malgré la certitude que ses parents ne souhaitaient rien d’autre que son bonheur, elle ne put empêcher la tristesse de surgir en elle et d’envahir chacune de ses fibres. Elle revint sur ses pas et avec le chagrin, de nouveau les souvenirs affluèrent dans son esprit…
“Elle l’avait trouvé, inerte, sur la plage, plusieurs mois auparavant, englué dans le goudron et lorsqu’elle le vit ainsi, son cœur ne fit qu’un tour ; alors, délicatement, elle le prit entre ses mains et le rapporta chez elle. Et chaque jour, avec une attention soutenue, elle lui prodigua tous les soins nécessaires. Elle se donna elle-même avec une telle ferveur… et à travers ce sentiment de servir la vie, d’apporter son aide à un être en souffrance, une nouvelle qualité de bonheur avait pris place dans son cœur. Délicatement elle nettoya ses plumes puis l’incita à se nourrir, mais la fatigue et le manque de nourriture marquaient chacun de ses mouvements et ses petits yeux inexpressifs paraissaient sur le point de s’éteindre… Pourtant, au fil des jours qui passèrent, une lueur s’alluma dans son regard, et la vie revint en lui…”
Les yeux dans le vague, Maria rentra chez elle et se réfugia dans sa chambre, petit fief de quiétude où elle savait pouvoir se ressourcer. Assise devant la petite table qui faisait office de bureau, elle prit une feuille blanche et fit glisser le crayon sur le papier ; sans idée préconçue sur ce qu’elle allait réaliser, elle laissa la fluidité s’exprimer à travers ses mains et ses doigts… Cette activité l’apaisait et c’était cela qui importait, se disait-elle, et non pas l’œuvre finale qui en résulterait… Une demi-heure plus tard, sa peine en partie dissipée la laissa dans un état un peu brumeux…

Guillaume, son père, venait de rentrer ! Au rez-de-chaussée, les bruits familiers révélaient sa présence ; elle descendit le retrouver… Celui-ci, voyant la mine déconfite de sa fille, répondit à la question qu’elle n’avait pas formulée mais que tout, dans son attitude, trahissait :
« Il est parfois nécessaire, lui dit-il, de perdre ce qui nous est le plus cher pour nous retrouver nous-mêmes tels que nous sommes… Pour rester fidèles à nous-mêmes, nous sommes souvent contraints d’accomplir des actes qui nous coûtent cher… Mais ce qui importe, c’est de faire ce que nous savons être juste car cela ouvre notre conscience et nous permet de nous élever à un niveau de bonheur et de quiétude toujours plus grand. Nous ne pouvions pas nous permettre de retenir un être libre par nature. Comprend bien que de vouloir à tous prix retenir cet albatros aurait construit ta propre prison et ainsi restreint ta liberté intérieure… Comme un voile qui aurait recouvert ta conscience et l’aurait rendue opaque… »
Incrédule, Maria l’écoutait… Elle n’allait pas se laisser convaincre par des discours dont la logique et la véracité lui paraissaient vraiment douteuses… Une moue sur les lèvres, elle sortit de la pièce… Sur le seuil, le soleil éclaira son visage. Elle avança vers la mer, et tout en regardant du coin de l’œil la volière maintenant vide, elle sentit dans son dos le poids du regard de son père ; il y avait là quelque chose qui cherchait à l’enfermer, à la retenir, à lui imposer un point de vue.
L’espace s’ouvrait devant son regard, mais elle avança les yeux baissés, prisonnière de ce trouble qui la subjuguait. Ses pas la conduisirent sur le lieu même où elle avait, à regret, libéré l’albatros. De nouveau, comme si elle cherchait à percevoir encore une trace de l’oiseau qui s’enfuyait, elle leva son visage vers le ciel. Elle avança encore… pouvait-elle comme lui, s’envoler vers les nues et le suivre là où il était parti ?
Sous la force de cette aspiration, le poids de son corps sur le sol en devenait douloureux. En elle s’élevait le désir de se rendre là où personne n’était jamais allé, le désir de dépasser les limites de l’enfermement…


Elle contempla dans le lointain les montagnes qui se dessinaient sur le ciel… En cette période de vacances, durant ces longs moments où le temps paraissait se suspendre et où le soleil cuisant endormait les êtres, l’inactivité rendait propice les remises en question sur l’orientation et le sens profond de la vie. Pour Maria, dont l’existence se mouvait dans l’ennui, ce désoeuvrement accroissait le mal de vivre, il rendait palpable les malaises qui passaient inaperçus dans une période plus riche en activité.
Elle marcha quelques minutes en direction de ces hauts sommets, puis se retourna : devant elle maintenant, la vaste demeure de ses parents remplissait tout l’espace… Cette région où elle avait vu le jour se montrait d’une aridité et d’une sécheresse extrême. Depuis sa plus tendre enfance, ses parents lui avaient transmis ce qu’ils étaient, leurs opinions, leurs visions des choses, leurs certitudes… Mais qu’en était-il de tout cela ? À quel endroit se démêlaient le vrai du faux et le bien du mal ? Elle ne voyait en elle que des doutes… et cela, malgré toutes les soi-disant vérités que son père désirait lui transmettre… Pouvait-elle prendre ses convictions et les faire siennes comme on assimilerait du petit lait ?

Elle voulait partir, s’échapper, dessiner autre chose. Par la secousse sur sa vie que la venue et le départ de l’albatros avaient générée, elle s’était ouverte et avait émergé du sommeil léthargique auquel elle s’était, au fil du temps, accoutumée. Une interrogation intense la taraudait, comme une force à laquelle il lui fallait répondre de toute urgence, comme la recherche d’une chose dont elle ignorerait tout et qui serait motivée par la sensation d’un manque profond en soi…
Dans l’espoir de combler ce vide, elle se rendit sur le bord de l’océan. Fréquemment, son père lui avait affirmé que souvent, par la simple contemplation de cette immensité, les réponses viennent du fond de soi…

Sur place elle observa les vagues qui se désagrégeaient sur les récifs où chaque goutte d’eau trouvait sa place entre les coins et recoins des rochers. Les flots s’éparpillaient ou épousaient sans effort les reliefs qu’ils rencontraient. Elle contempla le miroitement incessant du soleil sur chacune de ces perles d’eau qui s’envolaient… Elle écouta le bruit de l’océan, il se mêlait à celui du vent soufflant sur son visage… Elle ne décela rien de particulier dans ces formes, il n’y avait pas de réponse ici !

Elle revint vers la maison de ses parents, l’albatros n’était pas revenu, peut-être cette fois-ci avait-il réellement pris le fil de l’air…
Le lendemain, elle quitta ce lieu de sécheresse... La venue de la lumière en elle, de ce nouvel éclairage sur sa vie avait, semble-t-il, souligné les ombres et accentué son mal de vivre. Comme par un mystérieux balancier, après l’apparition de la joie dans son for intérieur succédait une détresse plus importante qu’auparavant. Les réponses fondamentales sur le sens de la vie, elle devait les trouver par elle-même, elle réalisait qu’il n’était possible de les trouver que par soi-même…

Le regard inquiet, Guillaume et Karine, son épouse, voyaient à travers leur fille qui s’éloignait, leur propre « albatros » qui s’envolait… Ils avaient tout essayé pour la retenir mais rien n’y avait fait… Aussi, s’étaient-ils résolus à lui laisser faire sa propre expérience, bonne ou mauvaise…
Et tandis que Maria s’éloignait, Guillaume essaya de consoler Karine mais l’espace ouvert devant elle se voila…, voilé par le chagrin qui embruma son esprit et par les larmes qui brouillèrent son regard.

sunny






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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeDim 29 Jan 2012 - 22:04

trés belle histoire, j'aime beaucoup :323293gif
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Jean-Yves
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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeLun 30 Jan 2012 - 8:58

Merci beaucoup Bluebird68

Cette histoire est un extrait d'une nouvelle. J'ai fait ce "résumé" pour la présenter à mes proches... Mais ici, forum spirituel, voici ci-dessous la version longue où est développée la pensée que "rétablir la cohérence en soi rétablit la cohérence tout autour de soi..."


Dans les yeux de Maria…

Dans un battement d’ailes l’albatros s’envola… Pour Maria, dont le visage émacié contemplait la scène avec tristesse, c’était le départ et la perte de ce qui nourrissait son bonheur dans chaque instant. De ses yeux d’adolescente, elle contempla cette part d’elle-même qui s’enfuyait… Face à cette plaine quasi désertique qui, au loin, rejoignait l’immensité de l’océan, elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un point blanc qui, finalement, se fondit dans le ciel…

Tourmentée par cette séparation, une pensée l’effleura alors :
« Papa s’est exprimé clairement à cet égard : “Il faut rendre la liberté à la liberté, maintenant qu’il est rétabli, cet oiseau doit être relâché !… Emporte le sur le bord de l’océan afin qu’il puisse retrouver le lieu auquel il est accoutumé et ainsi choisir en fonction de son réel besoin : rester avec toi ou partir…” » 

Pourtant, malgré la certitude que ses parents ne souhaitaient rien d’autre que son bonheur, elle ne put empêcher la tristesse de surgir en elle et d’envahir chacune de ses fibres. Elle revint sur ses pas et avec le chagrin, de nouveau les souvenirs affluèrent dans son esprit…
“Elle l’avait trouvé, inerte, sur la plage, plusieurs mois auparavant, englué dans le goudron et lorsqu’elle le vit ainsi, son cœur ne fit qu’un tour ; alors, délicatement, elle le prit entre ses mains et le rapporta chez elle. Et chaque jour, avec une attention soutenue, elle lui prodigua tous les soins nécessaires. Elle se donna elle-même avec une telle ferveur… et à travers ce sentiment de servir la vie, d’apporter son aide à un être en souffrance, une nouvelle qualité de bonheur avait pris place dans son cœur. Délicatement elle nettoya ses plumes puis l’incita à se nourrir, mais la fatigue et le manque de nourriture marquaient chacun de ses mouvements et ses petits yeux inexpressifs paraissaient sur le point de s’éteindre… Pourtant, au fil des jours qui passèrent, une lueur s’alluma dans son regard, et la vie revint en lui…”

Les yeux dans le vague, Maria rentra chez elle et se réfugia dans sa chambre, petit fief de quiétude où elle savait pouvoir se ressourcer. Assise devant la petite table qui faisait office de bureau, elle prit une feuille blanche et fit glisser le crayon sur le papier, sans idée préconçue sur ce qu’elle allait réaliser, elle laissa la fluidité s’exprimer à travers ses mains et ses doigts… Cette activité l’apaisait et c’était cela qui importait, se disait-elle, et non pas l’œuvre finale qui en résulterait… Une demi-heure plus tard, sa peine en partie dissipée la laissa dans un état un peu brumeux…
Guillaume, son père, venait de rentrer ! Au rez-de-chaussée, les bruits familiers révélaient sa présence ; elle descendit le retrouver… Celui-ci, voyant la mine déconfite de sa fille, répondit à la question qu’elle n’avait pas formulée mais que tout, dans son attitude, trahissait :
« Il est parfois nécessaire, lui dit-il, de perdre ce qui nous est le plus cher pour nous retrouver nous-mêmes tels que nous sommes… Pour rester fidèles à nous-mêmes, nous sommes souvent contraints d’accomplir des actes qui nous coûtent cher… Mais ce qui importe, c’est de faire ce que nous savons être juste car cela ouvre notre conscience et nous permet de nous élever à un niveau de bonheur et de quiétude toujours plus grand. Nous ne pouvions pas nous permettre de retenir un être libre par nature. Comprend bien que de vouloir à tous prix retenir cet albatros aurait construit ta propre prison et ainsi restreint ta liberté intérieure… Comme un voile qui aurait recouvert ta conscience et l’aurait rendue opaque… »

Incrédule, Maria l’écoutait… Elle n’allait pas se laisser convaincre par des discours dont la logique et la véracité lui paraissaient vraiment douteuses… Une moue sur les lèvres, elle sortit de la pièce… Sur le seuil, le soleil éclaira son visage. Elle avança vers la mer, et tout en regardant du coin de l’œil la volière maintenant vide, elle sentit dans son dos le poids du regard de son père ; il y avait là quelque chose qui cherchait à l’enfermer, à la retenir, à lui imposer un point de vue.
L’espace s’ouvrait devant son regard, mais elle avança les yeux baissés, prisonnière de ce trouble qui la subjuguait. Ses pas la conduisirent sur le lieu même où elle avait, à regret, libéré l’albatros. De nouveau, comme si elle cherchait à percevoir encore une trace de l’oiseau qui s’enfuyait, elle leva son visage vers le ciel. Elle avança encore… pouvait-elle comme lui, s’envoler vers les nues et le suivre là où il était parti ?
Sous la force de cette aspiration, le poids de son corps sur le sol en devenait douloureux. En elle s’élevait le désir de se rendre là où personne n’était jamais allé, le désir de dépasser les limites de l’enfermement…


Une corrélation infinie…

Celle qui l’avait mise au monde était une femme remarquable, toujours prête à aider quiconque en avait besoin, à rendre service… À peine rentrée, elle demanda à son mari ce qui justifiait la tristesse et l’évidente contrariété de leur fille. Celui-ci relata leur conversation et conclut avec une voix qui traduisait sa peine :
« Il y a maintenant une cassure entre elle et moi, une séparation... » 
Karine observa durant quelques instants cet homme qu’elle connaissait profondément mais qui pourtant, quelquefois, lui échappait dans sa façon de raisonner et de concevoir les choses. Elle contempla ses yeux clairs chargés de douceur, ils avaient perdu la joie pétillante qui les illuminait le plus souvent. Attendrie elle lui demanda simplement :
« N’es-tu pas trop dur avec elle ?
— Je ne sais pas… Même si mes paroles ont pu apparaître fermes, j’ai donné mon avis. Comment aurais-je pu faire autrement ? N’est-il pas naturel pour un père de conseiller ses enfants ?
Une moue se dessina sur le visage de Karine
— Oui…conseiller ou imposer ton point de vue ? Comment aurait-elle pu agir autrement ? Ne devait-elle pas choisir entre obéir à son père et être fidèle à elle-même ? son conflit intérieur, n’était-il pas inévitable ?
— Certainement ! Mais comment faire ? ces circonstances qui mettent les parents en opposition avec leurs enfants ne sont-elles pas le jeu de la vie elle-même ? Il est bien naturel que les enfants s’affirment et que progressivement ils se libèrent de la dépendance des parents. N’est-ce pas ainsi que les choses sont ?  
— Oui, peut-être… ces situations conflictuelles seraient en quelque sorte le ferment qui les pousserait vers une maturité toujours plus grande…
— Certainement ! mais à mon grand regret, cela n’empêche en rien ma tristesse et mon chagrin de voir ma fille s’éloigner… et à cela, je n’ai pas de remède, pas solution !
— Eh bien accepte et vis ta souffrance intérieure… Il n’y a qu’ainsi qu’elle peut être dépassée, tu le sais bien… »
Approuvant la sagesse des propos de sa femme, Guillaume répondit :
« Oui tu as raison, je peux m’ouvrir à ce qui me limite… »
Alors, acceptant la peine, le chagrin, Guillaume sentit un nœud se détendre dans sa poitrine. Il sentit sa peine refluer vers ses yeux ; une larme coula sur sa joue et avec elle, dans l’acceptation de la désolation qui l’enfermait, son cœur s’ouvrit… Son chagrin devint tout à coup transparent et se montra lui-même comme n’étant rien d’autre que l’expression de sa propre conscience… Dans cette vision il apparut irréel et disparut…

Dans le même instant, Maria sentit son cœur s’alléger… Le ciel avait, semble-t-il, envahi ses yeux. Tout comme les nuages parcourant le ciel, laisse de temps à autre pointer le soleil, la tristesse traversa son être et laissa apparaître un chant radieux qui émanait d’un autre plan d’elle-même… Le bonheur de tous, rien d’autre, en cet instant, ne lui semblait important…
Ainsi, dans ce moment de liberté, s’exprimait son être débordant d’amour…
Elle revint sur ses pas… et quelque part, très haut dans le ciel, se laissant porter par le courant, dans le même flot d’harmonie, un albatros revenait vers celle qui l’avait recueilli…

Le lendemain matin, Maria vit avec stupéfaction par la fenêtre de sa chambre que son ami ailé était de retour ; posé près de la volière, il paraissait attendre qu’elle se décide à lui rendre visite. Comme à l’accoutumée, elle lui apporta un bol de petits poissons qu’il engloutit avidement, puis, quelques secondes plus tard, il s’élança dans les airs…
« Ce n’est vraiment qu’en vol que cet oiseau montre toute sa prestance ! » pensa-t-elle, étonnée de réaliser que c’était ce qui apparaissait comme un handicap sur le sol, les ailes, qui lui permettaient de s’élever et de manifester toute son amplitude…

Le cœur de Maria s’était allégé, son chagrin dissipé avec l’attachement qu’elle portait à cet animal dont la présence, bien que toujours une source de joie, n’était plus aliénante. En ce nouveau jour, elle se rendit à l’atelier, annexe de la maison où son père s’adonnait à son activité quotidienne : il fabriquait sur commande des meubles dans le pur style traditionnel. Elle s’approcha de lui et observa durant quelques instants ses gestes précis qui dessinaient et sculptaient, accomplissant à chaque fois une oeuvre unique possédant son propre caractère. La jeune fille supposa qu’il ne l’avait pas remarquée mais quelques instants plus tard, sans même lever la tête il demanda :
« Alors Maria, comment va-tu ?
— Oui, ça va…
Puis le silence revint, elle resta à côté de lui à le regarder travailler…
Interrompant alors son activité, il leva les yeux vers elle et sourit…
Alors, profitant de cet intermède, elle lui raconta son expérience de la veille où elle avait subitement vu ce sentiment de liberté succéder à son chagrin… Son père ne trouvant visiblement rien à répondre, elle poursuivit :
« Ne trouves-tu pas étonnant que l’albatros soit revenu ?…
— Non, pas vraiment ! On peut évidemment supposer que c’est le besoin de nourriture qui l’a fait revenir mais je n‘y crois pas. D’autres raisons plus fondamentales en sont probablement à l’origine… »
Surprise, la jeune fille questionna :
« Comment ça ?
— Je crois que le retour de cet oiseau est lié à la corrélation infinie, à cette harmonie qui relie chaque chose et chaque être… Dès l’instant où le bonheur et la liberté intérieure ont été rétablis en toi, ta conscience a pu créer ce à quoi elle aspirait.
— Je ne comprends pas ce que tu veux dire !
— La dépendance affective qui te rattachait à lui recouvrait ton être, ta réalité la plus profonde ; celle-ci, en conséquence, était comme voilée et perdait ainsi son aptitude à créer. Pour te délivrer de cet enfermement, du plus profond de ton être, tu as généré la situation appropriée…, tu as voulu qu’il parte !… Et dès l’instant où cet espace de liberté se révélait en toi, plus rien n’empêchait la vie de répondre à ton désir, plus rien n’empêchait l’albatros de te revenir…
Maria poursuivit :
— Lorsque tu disais : “Il faut rendre la liberté à la liberté !…”, c’est donc pour moi que tu parlais !
— Pas spécialement, ce niveau de liberté n’appartient à personne, on ne le possède pas car il n’est rien d’autre que ce que nous sommes réellement !... Il est notre bien inné, notre réalité la plus profonde. Mais il n’en est pas moins vrai qu’en relâchant cet oiseau, tu t’es libérée toi-même de la dépendance qui te reliait à lui. Pourtant… ce sentiment d’espace que tu as pu ressentir n’est pas un acquis, une possession… Il est ce que tu es ! Il s’est manifesté car brutalement une servitude en toi a été annihilée… Comme si d’un seul coup on retirait un voile qui obstrue la lumière… »
Mais déjà, le visage flou de Maria montrait qu’elle pensait à autre chose ; ses yeux inexpressifs semblaient s’être perdus dans le lointain. Guillaume, réalisant que ses phrases trop abstraites arrivaient au seuil de la capacité de compréhension de sa fille, interrompit son monologue et se remit à son ouvrage.


L’aspiration du grand large…

Maria sortit et contempla dans le lointain les montagnes qui se dessinaient sur le ciel… En cette période de vacances, durant ces longs moments où le temps paraissait se suspendre et où le soleil cuisant endormait les êtres, l’inactivité rendait propice les remises en question sur l’orientation et le sens profond de la vie. Pour Maria, dont l’existence se mouvait dans l’ennui, ce désoeuvrement accroissait le mal de vivre, il rendait palpable les malaises qui passaient inaperçus dans une période plus riche en activité.

Elle marcha quelques minutes en direction de ces hauts sommets, puis se retourna : devant elle maintenant, la vaste demeure de ses parents remplissait tout l’espace… Cette région où elle avait vu le jour se montrait d’une aridité et d’une sécheresse extrême. Depuis sa plus tendre enfance, ses parents lui avaient transmis ce qu’ils étaient, leurs opinions, leurs visions des choses, leurs certitudes… Mais qu’en était-il de tout cela ? À quel endroit se démêlaient le vrai du faux et le bien du mal ? Elle ne voyait en elle que des doutes… et cela, malgré toutes les soi-disant vérités que son père désirait lui transmettre… Pouvait-elle prendre ses convictions et les faire siennes comme on assimilerait du petit lait ?

Elle voulait partir, s’échapper, dessiner autre chose. Par la secousse sur sa vie que la venue et le départ de l’albatros avaient générée, elle s’était ouverte et avait émergé du sommeil léthargique auquel elle s’était, au fil du temps, accoutumée. Une interrogation intense la taraudait, comme une force à laquelle il lui fallait répondre de toute urgence, comme la recherche d’une chose dont elle ignorerait tout et qui serait motivée par la sensation d’un manque profond en soi…
Dans l’espoir de combler ce vide, elle se rendit sur le bord de l’océan. Fréquemment, son père lui avait affirmé que souvent, par la simple contemplation de cette immensité, les réponses viennent du fond de soi…

Sur place elle observa les vagues qui se désagrégeaient sur les récifs où chaque goutte d’eau trouvait sa place entre les coins et recoins des rochers. Les flots s’éparpillaient ou épousaient sans effort les reliefs qu’ils rencontraient. Elle contempla le miroitement incessant du soleil sur chacune de ces perles d’eau qui s’envolaient… Elle écouta le bruit de l’océan, il se mêlait à celui du vent soufflant sur son visage… Elle ne décela rien de particulier dans ces formes, il n’y avait pas de réponse ici !
Elle revint vers la maison de ses parents, l’albatros n’était pas revenu, peut-être cette fois-ci avait-il réellement pris le fil de l’air…
Le lendemain, elle quitta ce lieu de sécheresse... La venue de la lumière en elle, de ce nouvel éclairage sur sa vie avait, semble-t-il, souligné les ombres et accentué son mal de vivre. Comme par un mystérieux balancier, après l’apparition de la joie dans son for intérieur succédait une détresse plus importante qu’auparavant. Les réponses fondamentales sur le sens de la vie, elle devait les trouver par elle-même, elle réalisait qu’il n’était possible de les trouver que par soi-même…

Le regard inquiet, Guillaume et Karine voyaient à travers leur fille qui s’éloignait, leur propre « albatros » qui s’envolait… Ils avaient tout essayé pour la retenir mais rien n’y avait fait… Aussi, s’étaient-ils résolus à lui laisser faire sa propre expérience, bonne ou mauvaise…
Un soupçon de chagrin dans la voix, Karine hasarda :
« Ne crois-tu pas que nous aurions dû insister davantage pour qu’elle reste ?
— Je préfère qu’elle parte à la lumière du jour plutôt que la nuit en cachette, au moins ainsi, le lien qui nous unit à elle est-il maintenu… Cela permet de ne pas créer de rupture entre elle et nous et ainsi de préserver l’influence positive de notre attention posée sur elle, et cela quelles que soient les épreuves qui l’attendent…
— Comment peux-tu continuer à parler d’harmonie alors qu’elle nous quitte ?
— Il n’y a rien qui soit réellement en dehors de la corrélation infinie, cette harmonie qui relie et unit toute chose… et surtout pas ce genre de situation qui est là pour amener l’intégration de la vie elle-même… »

Guillaume contempla son épouse… il lui prit la main et par ce geste de tendresse, conforta l’amour qui les unissait… Il poursuivit :
« Parfois la vie nous sépare de ceux que nous aimons, et même si cette division est cause de souffrance, elle est parfois le fruit de cette poussée vers l’épanouissement de la vie… Pour cette réalisation, pour ce déploiement, la vie use de tous les moyens, de tous les prétextes et artifices possibles et dans cet ordre sous jacent, chacune des parties alors séparées, aussi infime et insignifiante puisse-t-elle paraître, peut en conséquence, éclore dans l’amour… Et même si elles ne sont pas conscientes de cela au moment de la rupture, c’est sans doute qu’il s’agit d’un amour en devenir…, tout comme un bouton de rose qui méconnaîtrait sa vraie nature mais n’en serait pas moins appelé à devenir une fleur resplendissante…»

Et tandis que Guillaume poursuivait son monologue et que Maria s’éloignait, l’espace ouvert devant Karine se voila…, voilé par le chagrin qui embruma son esprit et par les larmes qui brouillèrent son regard. Face à ce désarroi, aucune des paroles qu’égrainait son époux ne parvenait jusqu’à elle, et devant le chagrin causé par l’envol de son « albatros » , seule l’ouverture intérieure, en ultime recourt demeurait…
Mais parmi tous les mots que son époux put lui dire, une seule phrase restait comme figée dans son esprit… C’était : « Ne t’inquiète pas l’albatros va revenir… »

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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeJeu 2 Fév 2012 - 0:26

C'est une très belle histoire Jean-Yves. Elle m'a vraiment touchée. I love you

Je me suis reconnue dans cette adolescente, car j'ai aussi grandi près de la mer et c'était toujours moi qui soignais les animaux malades sur la ferme. De plus, j'avais aussi un père ébéniste et philosophe qui voulait sans cesse m'imposer ses idées. lol

Ça me fait comprendre pourquoi je réagis toujours quand ont veut m'imposer ses idées, je viens juste de flasher sur ce point en particulier. Mais en même temps, je me dis que cette graine doit être aussi présente en moi. Ça me dis d'être encore plus vigilante sur ce point.

Tu écris bien et tes histoires ont beaucoup d'Âme. C'est toujours un plaisir pour moi de te lire.

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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeJeu 2 Fév 2012 - 14:09

oui, je suis d'accord. Beaucoup de sensibilité. Trés beau. Surprised
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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeJeu 2 Fév 2012 - 19:35

Merci beaucoup à tous... Smile
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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitimeJeu 2 Fév 2012 - 20:46

L'envol de l'albatros (une histoire) Wissen_albatros_1_H_222386c


Merci aussi pour ce beau récit !!

De l'air..du souffle..je me sens pousser des ailes !!
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MessageSujet: Re: L'envol de l'albatros (une histoire)   L'envol de l'albatros (une histoire) Icon_minitime

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