Bonsoir
A certains moment, j'écris dans un autre style que ce qui apparait habituellement sur le forum... Histoires courtes, nouvelles ou même roman (un seul non publié)
Je vous fais connaître une histoire courte..." Le monstre", n'ayez pas peur..
Le monstre montrait des crocs démesurés !
Il était apparu comme ça, d’une façon totalement inattendue et à la stupéfaction de tous. Immobile sous son pelage sombre, son œil vif semblait rester aux aguets, à observer chacun d'entre nous et déceler de quelle façon il pourrait pénétrer nos défenses.
Dans une sorte de flottement où la peur rejoignait l’étonnement, nous n’osions bouger, sachant que toute fuite était perdue d’avance et qu’aucune cachette ne pouvait nous mettre à l’abri… Ou peut-être, inconsciemment, savions-nous déjà qu’il avait toujours été là, invisible, et que d’une façon ou d’une autre nous ne pouvions pas lui échapper ; comme à une part de nous-même qui, soudain, serait devenue visible.
Durant quelques instants, la peur au ventre, j’ai détourné le regard ; j’espérais ainsi qu’il en profiterait pour s’éloigner… mais il ne bougea pas et comble de tout, ses yeux ironiques parurent me dire : « Si tu crois que tu peux te débarrasser de moi comme ça, tu te leurres ! »
Il fit quelques pas, tourna sur lui-même et de nouveau braqua sur nous ses yeux acérés, méchants et remplis de haine. Sa simple présence, même inactive, constituait une menace permanente qui nous empêchait de vivre en paix. Alors, lentement, sur la défensive, je me suis approché de lui… Ses yeux accentuèrent aussitôt leur expression de haine et brusquement, dans un rugissement il exhiba ses crocs dans une bave écumante et dégoulinante.
Dans un sursaut, je fis un pas en arrière et à mon grand soulagement, je vis qu’il s’apaisa… Je fus alors comme statufié, incapable de reculer ou d’avancer, toute issue me paraissant fermée pour toujours. Et ce fut dans cette position inconfortable où nos regards se pénétrèrent que je vis avec surprise, apparaître une nouvelle expression dans ses yeux ; ou plutôt, je perçus ce que ma propre crainte m’avait caché jusque-là.
Sous cette apparence de haine, se dissimulait une peur profonde, viscérale.
Cette découverte me laissa abasourdi et sous le poids de mon attention qui s’accrut encore, ses petits yeux vifs laissèrent alors transparaître une profonde souffrance, comme un appel au secours ; je vis, à cet instant, la détresse d’un être qui ne sait s’exprimer que par l’agression. Je sentis alors s’animer du fond de moi une sorte de sentiment, une sorte de débordement qui surgit d’une manière totalement incontrôlable ; et ainsi, je ne pus empêcher une prière de s’élever de mon cœur et d’aller dans sa direction, comme une main invisible que j’aurais tendue vers lui…
Tout parut fondre en un instant, et dans cet amour où l’unité reconnaissait l’unité, le monstre disparut comme il était venu…