Depuis l’Origine, le monde peut être connu suivant les enseignements de la Tradition. A l’origine, la Tradition régissait l’intégralité du monde et des mondes. Au fur et à mesure de notre éloignement cyclique de l’Origine, la Tradition prend la forme adaptée au « moment » où se trouve le cycle. La dernière manifestation de la Tradition est la forme religieuse. L’harmonie est la forme que prend la Tradition pour le cycle qui vient d’éclore.
La fin de notre cycle actuel prend tous les jours une forme de plus en plus consistante. Le monde dans lequel nous évoluons porte à son paroxysme la valeur individuelle de l’être. L’enseignement traditionnel nous indique que l’être est composé, au niveau horizontal de l’individualité et au niveau vertical de la personnalité. Ceci nous précise que la personnalité peut être assimilée à l’Axe transcendant, immuable et éternel et l’individualité au relatif et à l’éphémère. Notre individualité peut être assimilée à la forme du corps, la personnalité est commune à tous, elle est désignée par l’âme ou l’esprit, bien qu’il peut y avoir une distinction entre les deux ; au sein de l’harmonie, elle est « pensée » : non manifestation physique du Principe, issu de l’Absolu. Ceci indique clairement que nous sommes tous égaux selon le Principe et unique suivant la Nature.
On voit bien que notre monde actuel favorise fortement le développement de l’axe de l’individualité en mettant de côté ou niant les principes immuables et éternels de la transcendance. La transcendance traditionnelle ne peut être imagée que par l’axe vertical car la particularité de notre état humain est le « don » du « discernement », c’est-à-dire la faculté, pour chacun, de prendre conscience que notre état humain a pour seul et unique but essentiel de nous rendre compte de cette transcendance afin de nous élever au-dessus de l’état animal et du matériel pour « saisir » « l’éternité » qui est en nous et nous préparer au passage de principe, c’est-à-dire la mort.
L’enseignement traditionnel ne porte pas de jugement sur la situation cyclique actuelle, qui est « normale » mais nous indique clairement que cette direction, donnée par l’axe de l’individualité, ne peut conduire qu’à une immédiateté de plus en plus forte, d’un désir pour chacun de changements toujours plus important et plus rapide, et ceci dans l’ensemble de nos cadres de vie, familial, social et professionnel. Cette roue proprement « infernale » s’alimente elle-même, devenant de plus en plus affamée, réclamant toujours plus, sans limite. Elle devient sa propre justification en total contraire avec la Pensée traditionnelle qui est la seule Vérité de principe depuis l’Origine. Ceci peut être imagé par la vie actuelle menée dans ce monde finissant où l’individu « court » sans cesse, sans certitude avec comme conséquences l’angoisse, le stress, un comportement agressif. Bien souvent nous avons un éclair de lucidité ou de « discernement » et nous disons « ce n’est pas moi », « ce n’est pas ce que je veux » mais la bête nous rattrape très vite et nous oublions ce fragile instant.
L’évidence est qu’un monde, une société, un être ne peut perdurer sur des fondations aussi mouvantes et éphémères, illusoires et tant déniées de sens. Aucun ne peut « se révéler » véritablement, aucun ne peut être en harmonie. C’est donc un monde anti-traditionnel qui nous oriente vers l’avoir, comme seule « réalisation » possible alors que selon le Principe la seule réalisation qui compte est celle de l’Etre, car elle conditionne et prépare le passage de principe.
Avoir, changements permanents conduisent naturellement à la précarité. Précarité familiale ; la cellule familiale est pour ce cycle, le « lieu » de vie de l’état humain. Il succède à la tribu, l’individu n’a plus la certitude que ce « lieu » sera toujours le sien, l’un des membres peut changer à tout moment, les générations futures quittent le « lieu ». Précarité sociale ; l’étalon de ce monde de l’avoir est le « niveau de vie » : comparaison permanente avec l’entourage proche (parents, amis, collègues…), classement inutile par rapport aux autres, acharnement meurtrier à posséder toujours plus et à changer pour « suivre » le mouvement, alors que l’harmonie est la stabilité ; course ridicule à l’avoir qui ne peut conduire qu’à la frustration, l’insatisfaction et l’esclavage face à l’argent. Précarité professionnelle ; incertitude sur l’offre et la durée du contrat de travail, activité qui ne correspond pas forcément à sa propre nature.
Cette bête « infernale », cette spirale anti-traditionnelle, conduit ce monde avec certitude et vérité à l’exploitation odieuse de la Nature et au final au chaos.
La théorie traditionnelle des cycles nous indique tout cela, mais elle nous enseigne aussi qu’après le chaos survient l’ordre. Il n’est pas dans ce propos d’indiquer la date de ce chaos car nous ne nous hasarderons pas à en donner une mais le temps de l’harmonie est venu. La fin d’un monde n’est pas la fin du monde, de notre humanité. La fin d’un monde c’est une manifestation spectaculaire qui indique qu’un monde nouveau se réalise. Nous pouvons, comme participant à l’harmonie humaine, préparer ce monde d’après. Peux être nous ne le verrons pas se réaliser, mais notre œuvre ne sera pas vaine car dans tous les cas, avec certitude et vérité, nous ne serons pas « sauvé » de ce monde mais nous pourrons alors accéder à l’autre monde de manière « résolu ».
L’harmonie commune est la forme de toutes les œuvres des participants. Chaque œuvre rejoint le ruisseau de l’œuvre commune manifestée par l’harmonie commune. Certes le lie du ruisseau est pratiquement invisible mais la Source de l’Absolu coule toujours et ne peut inonder de ses bienfaits qu’une terre préparée à la recevoir.
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