Rappel du premier message :
Je n'aime pas beaucoup les Koans (ils font partie d'une culture avec laquelle je n'ai pas d'atomes crochus). Du coup, je n'en ai pas "fréquenté" beaucoup. Néanmoins assez pour savoir que c'est un message absurde en apparence, destiné par le maître à choquer l'élève. Donc, en tant que phrase choquante, celle d'Alex qui nous dit qu'il faut décapiter les Bouddhas peut être un koan. La signification n'est jamais apparente, et suivre une signification apparente est un contre-sens. Parfois, il y a des jeux de mots, comme dans le koan du chien :
LE KOAN DU CHIEN
Un disciple demande à son maitre : est-ce que le chien du monastère a la nature de Bouddha? La réponse bouddhiste normale est "tous les êtres ont la nature de Bouddha, donc aussi le chien". Mais le maître répond "Wu". Ce qui signifie que la nature du chien est d'être un chien (Wuf, il aboie) ; mais "wu", c'est aussi le vide : donc la nature du chien, comme de tous les phénomènes, est le vide, la vacuité. Ce koan est un enseignement complet, car il rassemble dans une seule onomatopée les 2 réalités, définitive (le vide) et relative (le chien).
LE KOAN D'ALEX
Imaginons que la phrase citée par Alex soit un koan. Quel pourrait être son sens? L'interprétation d'un koan est assez personnelle, parce que c'est une histoire symbolique et que tout symbole est polysémique (donc, Yughen, le fait qu'elle soit symbolique ne l'empêche absolument pas d'être un koan).
Voici comment je la comprends : il y a deux sortes de Bouddhas, les vrais et les faux. Si tu rencontres un faux bouddha, c'est-à-dire quelqu'un qui se vante d'être illuminé mais qui ne l'est pas, il faut lui couper la tête, soit parce qu'il mérite une punition exemplaire, soit parce que symboliquement, cela revient à lui couper son orgueil - c'est ce que fait le maître, en principe, il coupe la tête (symboliquement) aux disciples qui se croient illuminés ; si tu rencontres un vrai bouddha, ce n'est pas important que tu lui coupes la tête ou pas : sa nature est celle de la vacuité (comme dans le koan ci-dessus), et tout ce que tu coupes, c'est une tête qui appartient au corps qu'il manifeste pour se promener parmi les humains. Le vrai bouddha ne risque rien du tout. Mais il y a plus de chances de rencontrer un faux bouddha, de toute façon.
LE KOAN DE T. DESHIMARU
Faire zazen, c'est entrer dans son cercueil.