Les couleurs de Marie et de Marie-Madeleine
L’art chrétien commença à passer dans le domaine public à partir de l’Edit de Milan en 313, quand l’empereur Constantin proclama la nouvelle religion d’Etat de Rome.
Le portrait le plus ancien de Marie-Madeleine que l’on connaisse, est antérieur, il date d’environ 240.
Elle apparaît dans une peinture murale colorée, représentant son arrivée au tombeau ; elle fut découverte en 1929 à Dura-Europos, sur l’Euphrate, en Syrie…..
Par la suite, le principal problème dans tout cela était celui de l’identité personnelle de Marie, mère de Jésus, dans les représentations de femmes en groupe, au pied de la croix ou au tombeau. Des règles de codes chromatiques furent par conséquent introduites, de sorte que Marie et Marie Madeleine puissent être distinguées l’une de l’autre.
La tête de Marie, mère de Jésus décida-t-on, devait être voilée, et ses bras devaient être toujours couverts. Quand l’Inquisition battit son plein, il ne fut pas permis de montrer les pieds ou les seins de Marie. Elle pouvait porter une tunique juste au corps, tant qu’elle n’était pas trop apparente, et un peu d’or pour signifier son statut « réginal », mai son habit extérieur devait être bleu, de la couleur du ciel.
Certaines peinture anciennes représentent Marie dans une robe rouge, mais cela fut expressément interdit, parce que c’était la couleur des cardinaux, et une prérogative ecclésiastique masculine.
On considérait que c’était péché, et hérésie, qu’une femme portât un vêtement extérieur rouge.
Marie pouvait porter le blanc de la pureté seulement pour son Immaculée Conception et son Assomption, et du violet ou du gris pour la Crucifixion et la mise au tombeau. Mais sa couleur prédominante était le bleu outremer au début, puis bleu roi, et plus récemment dans des teintes pâles.
A partir de 1649, l’Inquisition établit que Marie devait être représentée en bleu et blanc.
Il y eut une couleur qui ne fut pas permise à Marie à aucun égard ; le vert.
Elle avait de fortes implications païennes, et était considérée comme la couleur de la nature, alors que Marie était au-dessus de la nature.
Le vert dénote aussi la fécondité sexuelle, tout comme le rouge sur une femme indiquait luxure et débauche, pour être la couleur des hiérodulai, les femmes vêtues d’écarlate.
Le vert fut ainsi, du point de vue ecclésiastique, rétrogradé comme couleur de l’état terrestre, alors que le bleu marquait l’état céleste.
Ainsi le rouge et le vert devinrent les couleurs attribuées à Marie-Madeleine, qui eut aussi le droit de porter de l’or. Pour Marie, la mère, l’or représentait le rang « réginal », tandis que pour Marie-Madeleine, il était emblématique de l’avarice.
En général, les couleurs qui permettaient de distinguer les deux femmes l’une de l’autre, étaient une prédominance de bleu, de violet et de gris pour Marie la mère, Et une prédominance de vert, de rouge et d’or pour Marie-Madeleine. Elle devinrent tout à fait distinguables l’une de l’autre.
Les Trois Marie au Sépulcre Vide, dans le tableau de Giovanni Battista Gauli ( 1685), fournit un exemple de l’attribution des couleurs.
Les couleurs attribuées à Madeleine furent utilisées pour l’art relatif au Graal, tel le tableau le Saint Graal, de Dante Gabriel Rossetti. Alors que la fécondité de la lignée de Jésus devait être clandestinement indiquée au moyen d’une iconographie subtile. La grappe de raisins introduite par David dans son repos pendant la fuite en Egypte, en est un bon exemple……
Source: la descendance de Marie-Madeleine - Laurence Gardner