Le Bouddha séjourne à Verañjā avec cinq cent bhikkhus. Un certain brahmane de Verañjā entend dire que le Bouddha séjourne dans les alentours et il entend l'usuelle bonne réputation qui le précède, avec l'énumération standard de ses qualités en tant qu'être humain et qu'enseignant.
Le brahmane va donc voir le Bouddha, et après l'avoir salué et s'être assis, il lui dit qu'il a entendu dire que le Bouddha ne salue pas les brahmanes qui sont âgés, qu'il ne se lève pas pour eux, ni ne leur demande de s'asseoir. Il trouve que le Bouddha leur manque de respect.
Le Bouddha répond qu'il ne voit aucun être qu'il devrait saluer, pour qui il devrait se lever ou à qui il devrait demander de s'asseoir. Il déclare ensuite que si ça devait arriver, la tête de la personne en question serait fendue en morceaux.
Le brahmane demande si le Bouddha est dénué de goût (ce qui est interprété par le Commentaire comme voulant signifier le manque de bonnes manières). Le Bouddha répond que d'une certaine manière, il n'a en effet pas de goût, car son goût pour les objets des cinq sens a été totalement détruit, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande si le Bouddha est sans complaisance. Celui-ci répond que c'est vrai d'une certaine manière, puisqu'il a complètement détruit toute complaisance vis-à-vis des objets des cinq sens, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande si le Bouddha enseigne la doctrine de la non-action (qui consiste à nier le résultat des actes bons ou mauvais et résulte au cynisme). Ce dernier lui répond que c'est vrai d'une certaine manière puisqu'il parle de s'abstenir de mal agir en corps, en parole, en esprit, et de s'abstenir des divers états mentaux malsains et désavantageux, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande ensuite si le Bouddha professe la doctrine de l'annihilation (selon laquelle le néant suit la mort), et celui-ci répond que c'est vrai d'une certaine manière puisqu'il parle de l'annihilation du désir, de l'aversion, de l'ignorance et des divers états mentaux malsains et désavantageux, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande s'il est quelqu'un qui déteste. Il lui répond que c'est vrai d'une certaine manière puisqu'il déteste les méconduites corporelle, verbale et mentale, ainsi que les divers états mentaux malsains et désavantageux, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande s'il est restreint, et la réponse est que c'est vrai d'une certaine manière puisqu'il enseigne le Dhamma pour la restreinte du désir, de l'aversion, de l'ignorance et des divers états mentaux malsains et désavantageux, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le brahmane demande si le Bouddha pratique des austérités, et la réponse est que c'est vrai d'une certaine manière puisqu'il définit pratiquer les austérités comme détruire le désir, l'aversion, l'ignorance et les divers états mentaux malsains et désavantageux, et qu'en ce qui le concerne, il a totalement effectué cette destruction, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Enfin, le brahmane demande si le Bouddha n'est effectivement plus destiné à une autre sorte de devenir. Celui-ci répond que oui d'une certaine manière, puisqu'il a détruit toute possibilité de renaissance, mais que ce n'est sûrement pas ce dont le brahmane voulait parler.
Le Bouddha lui explique l'allégorie de la poule ayant couvé correctement huit ou dix œufs. Il demande au brahmane si le premier des poulets a percer et sortir de sa coquille doit être appelé le plus jeune ou le plus ancien. Le brahmane répond qu'il sera le plus ancien de tous. Le Bouddha dit que de la même manière, il a été le premier à percer la coquille de l'ignorance, pour l'intérêt des êtres vivant dans l'ignorance, il est unique dans le monde, ayant atteint l'éveil complet, et donc il est le plus ancien et le plus élevé dans le monde.