Arts martiaux et alchimie

Bonjour,

Je pratique depuis quelques années et je commence à mediter sur des pistes d'articulation de ces deux arts. Pour l'instant je travaille avec les éléments occidentaux mais je compte bien sonder l'infinie richesse des enseignements taoistes sur le sujet, qui nous ont offert le merveilleux tai chi. Chaque chose en son temps.

Voici donc mes quelques pistes de travail:

terre: judo, lutte, jjb
eau: aikido, tai chi, systema
air: boxe, yoseikan, kung fu
feu: karate, muay thai, kravmaga
ether: mma, capoeira, sambo

Chaque style peut etre decomposé en chaque element, chaque groupe de techniques aussi, et chaque technique comporte un ratio precis.

Un travail similaire peut etre fait en termes de strategie et d'enchainement de plusieurs techniques.

Il est possible de feinter avec les elements et avec les rythmes. Pour cela il s'agit de doser le sulfure, le mercure et le sel de façon appropriée.

La plupart des styles peuvent etre utilisés comme supports non seulement pratiques dans la pratique du grand oeuvre, mais aussi theoriques. En effet, par la juste application des lois de correspondance, les principes alchimiques et la transformation de la pierre en Assiah(la transformation technique, physique, et mentale du pratiquant, sur le plan physique) sont des ancrages extremement puissants, potentiellement(pour qui a des oreilles pour entendre et des yeux pour voir), refletant la realistaion equivalente sur le plan superieur.

Ce plan superieur va changer avec la pratique. Pour faire simple, utilisons le concept japonais de Shu, Ha, Li. Ils indiquent trois niveaux de maitrise. En gros, ça correspond a la ceinture noire, au 3eme dan, et au 5eme(environ, et.. en theorie). C'est a dire qu'a la ceinture noire(ou niveau equivalent suivant les styles)tu as les bases, la forme, et la connaissance theorique.

Au 3eme, tu es bon dans tous les domaines de l'art, une grande efficacité et un style personnel. Au 5eme tu entres vraiment dans l'aspect interne et creatif,

où les regles precedentes ne sont plus valables.

On peut rapprocher cela de l'arbre des sephiroth et des quatre mondes de la kabbale. En effet, il y a correspondance directe avec les trois initiations majeures de la tradition kabbalistique et hermetique.

La ceinture noire(ou la bleue de jjb, ou classe c en pied poing/mma) correspond a la maitrise des elements et a l'entrée en Yetzirah(astral). C'est la mort et la renaissance. Osiris. Jesus. Yesod.

Le 3eme dan(ou violette, ou classe b) correspond à la meme chose sur le plan superieur, c'est a dire depuis Yetzirah. C'est la fixation du volatile, et lequilibration des trois principes.

C'est la maitrise de Netzach en Yetzirah, la maitrise du feu astral et l'ouverture significative des forces briatiques emanant de Tiphareth en Briah.

Au 5eme(ou noire ou classe a) l'initié devient Adepte au sens réel du terme.

Du moins, c'est ce que permet potentielement cette structure.

Un petit exercice simple pour améliorer la technique en utiisant l'alchimie:

.Se mettre en condition en utilisant un banissement, une equilibration des elements et une "activation" de l'aura(invocation)
.Faire un peu de shadow boxing avec l'aura activée(en se concentrant sur le corps subtil)
.Il s'agit d'observer chaque force et interaction en termes d'elements et des trois principes en temps réel, de façon dans un premier temps a voir ce qui ne va pas, puis à ameliorer les mouvements.
.Par exemple, si quand je delivre un jab avec un demi pas en avant, je me sens trop lourd des jambes, trop raide des epaules, un peu mou du poignet et pas assez concentré, je vais utiliser les elements appropriés à chaque endroit specifique.

Ainsi, en l'occurence, je vais invoquer l'air dans les jambes, l'eau dans les epaules, la terre dans les poignets et le feu dans les yeux... jusqu'au reultat souhaité.

Terminer par quelques etirements, puis un banissement et une equilibration des elements.

Peut-être avant d'"étendre" "l'alchimie "aux disciplines physiques, la concentrer d'abord sur soi au travers de la culture du Ming et du Xing  pour parler en bon perroquet des chiniaiseries. En gros cultiver la vie (le corps dans tous ses aspects) et la nature (l'esprit "originel"). Pour employer une image : devenir un grec antique doublé d'un moine bouddhiste. C'est très grossier. Mais ça peut se comprendre vite fait comme ça.

Ensuite décomposer :
-Ce qui relève de la manifestation physique
- Ce qui relève de l'absence de soi

A des finalités "martiales" :
-cultiver la structure par la force tendineuse, l'enracinement, l'alignement
- cultiver le souffle : diaphragme, transverse, ouverture thoracique, couplé au cardio.
- cultiver l'intégrité dans le mouvement :
* Travail de mobilité, trigger point, automassages.
* Musculation fondée sur le respect de la force tendineuse et sur les spécificités physiologiques de chacun (on emploiera indistinctement la fonte ou le poids de corps). En veillant à respecter le rythme des saisons et les faiblesses organiques associées à chaque période, avec la gestion de mouvements de musculation spécifiques.
* Transfert dans le mouvement en veillant à respecter l'enracinement et l'alignement : travail de recherches assis debout au sol, dynamique, statique etc. Alternance des phases fluides, explosives, passives.  

A des finalités "spirituelles" au travers de l'art martial :
* Utilisation du fond anthropologique des arts martiaux : l'animus necandi, la volonté de tuer. Percevoir l'animus necandi dans toutes ses manifestations (dans sa négation : Recherche de la paix ou dans son affirmation : la fameuse "efficacité" martiale) ; la percevoir dans son propre corps et les actes anodins de compétition, de travail (uke et tori ; sparring partner) ou dans le discours qui accompagne ou justifie notre pratique martiale.
* Appliquer le non-soi et utiliser la confrontation martiale, l'entraînement, la dureté, la sensation d'effort, de justification ou de mythologie personnelle pour dénouer un à un les noeuds physiques et psychologiques.
* Faire confiance au critères de "non-opposition", sensation de fluidité de légèreté et de joie au sein même de la pratique martiale. Et pouvoir être "violent" sans violence ou implication personnelle. C'est d'autant plus flagrant dans les styles durs et un très bon signe. A ne pas appliquer sur des disciplines d'arts internes enseignées de manière modernes. Sinon on devient un gogol radieux en pyjama    Ce qui est plaisant aussi mais c'est autre chose.



Sur le "vécu alchimique" dans l'entraînement martial stricto sensu :
-Eviter autant que faire se peut la visualisation; préférer le naturel qui est la quintessence du travail personnel en amont sur sa matière.
- L'expression des éléments ( eau, terre etc.) est plus une expérience de la qualité et de la densité du moment. Une adaptation à ce que le sparring partner nous offre. Elle n'est pas provoquée, elle est contextuelle.
- Si l'aspect visualisation et chemins énergétiques est notre violon d’Ingres : cultiver d'abord le naturel.



Voilà quelques pistes de ma recherche personnelle pour harmoniser "alchimie" et "arts martiaux"

Merci Qibai, ce fut un plaisir de lire ton expérience des arts martiaux.


   L'alchimie interne se décrit selon l'image matérielle. Alimenter le feu pour faire chauffer le chaudron. Mettre ainsi en ébullition le liquide pour le faire s'évaporer. En recueillir la quintessence subtile. Transmuter. Ainsi, on affine la perception du Chi au dan-tian pour permettre à l'énergie, par une friction (feu) constante, de monter. Progressivement la personne se purifie jusqu'à connaître une transmutation physique et psychique. C'est un procédé souvent exigeant et long, le processus s'acheminant étape par étape.



   A ce qui a été évoqué dans les posts précédents, j'ajoute que la transmutation nécessite une purification toujours plus subtile. En brûlant une étape, on force l'énergie à travailler avec violence ou alors à stopper son effet. Un corps grossier pris par le mental de manière radicale a son mouvement enchevêtré aux pulsions et aux tendances latentes. Il se produit une rétention des souffles et on accède difficilement à l'aspect interne de l'art martial. Il faut procéder au nettoyage des canaux d'énergie, autorisant alors leur élargissement.

   Lorsque l'énergie est reconnue comme une information, il s'agit de sélectionner celle-ci. En tant que chercheur, on choisit l'option de la santé. Par inconscience, certains accumulent les perturbations et tombent dans le déséquilibre. Les possibilités semblant infinies, chacun développe sa propre compréhension de la voie. Il n'y a donc pas d'exactes similarités, mais l'expérience de nos prédécesseurs peut guider. Parfois, on se retrouve pionnier. Le travail de purification rejoint celui de l'acceptation de ce qui arrive ou de ce que l'on risque en empruntant ce chemin.

   Les traumas psychiques deviennent physiques et inversement. Par l'attention, on s'aperçoit que tout blocage est lié au mental, plus précisément à la saisie effective. Par la pratique, le corps se déleste progressivement de ces phénomènes locaux ou globaux. Il ne reste alors qu'un vide physique intérieur admettant le passage de l'énergie. L'alchimie retire les appuis un à un pour que l'on puisse mieux sauter, corps et âme, dans la dimension de l'Esprit. Dans les arts martiaux, c'est l'harmonie entre intérieur et extérieur liée à l'absence de déviation personnelle qui permet l'accomplissement du geste. La force dévoilée par la faiblesse.


   Se reconnaître à cet instant tel que l'on est procède de l'humilité. Se dévêtir de toute couche réalise l'authenticité de la voie. L'énergie emplit la conscience-vide. Cet aveu de faiblesse procède en fait de la réintégration au tout. Ainsi, vide - plein - unité.

*Tout ceci relève de l'expérience alchimique de l'art martial. Le comprendre c'est le vivre.

salut ! éxelent j ai adoré vous lires, auriais vous des références de livres que je puisse lire sur ces sujets ? je n ai pas vraiment réussi à saisir le principe de l alchimie, vous voulez dires les énergies élémentaires du corps dans les pratiques martiales ?

je suis pratiquant d arts martiaux depuis petit, je suis passé par le judo, le karaté shotokan, la boxe anglais, le muay thai, puis aujourd hui le karaté kyokushinkai, et personelement je trouve que le karaté au point de vue diversité technique hors compétition est le plus complet tant bien tel au niveau technique, phisique et esprit il y a un tres bon équilibre au sol, projection, pied, poing, apres je dirais l art martial le plus éprouvant phisiquement et qui forge énormément la volonté et le mental reste le kyokushinkai qui est trés trés dure repoussant les pratiquant dans leurs limites phisique et mental constament, et les enseignement ce finisse trés souvent par une méditation à genou à l écoute de notre corps les yeux fermés permetant ainsi de sentir notre respiration, battement du coeurs et tout notre corps et repensé à toute c est technique éffectué et de réfléxion, personelment quand je réouvre les yeux je suis comme neuf, comme purifié et claire d esprit, apaisé et détendu!

c est vraiment gratifiant de vivre des expériences comme celle ci  ! je conseil à tous la pratique du karaté qui est tres enrichissante au point de vue phisique et bien meme humaines, de philosophie et spiritualité !

Salut,

   Les écrits de Chen Man Ching maître de Taï Chi Chuan sont intéressants sur ces aspects finalement peu connus. La théorie ne remplace pas la pratique mais permet de développer sa propre trame en aiguillant la perception.


  Voici quelques aspects que je développe au fur-et-à mesure de la pratique. Le point de départ est structurel. C'est le travail de l'axe et le relâchement. Ce raffinement constant dure toute la vie. Le second point est la transformation des souffles (énergies) y compris la respiration. Ce développement occasionne une grande subtilité. Le troisième point tourne autour d'une action " électro-statique " (projection immédiate de l'énergie).

   Le relâchement concerne le déconditionnement avec la levée des blocages physiques. L'axe relie haut et bas, devant et derrière. Il exprime la montée de l'énergie et la relation immuable à soi en tant que centre. En rejoignant le vide intérieur, je crée un espace de libre-échange des énergies. C'est le premier niveau des arts martiaux. Se centrer dans son temps.

   Les souffles, avec le travail de la respiration, concernent les modifications physiologiques liées au développement des flux énergétiques. Cela exprime le rapprochement progressif entre la réalité et soi, entre soi et l'autre, avec soi. Je parcours mon univers de fond en comble en rapprochant intérieur et extérieur. C'est une découverte de l'espace global.

   Le travail " électro-statique " se rapproche de la non-dualité. Ne voyant aucune différence, j'agis et cela ne crée aucune opposition. Il est impossible de résister car le geste provient de l'univers dont Je suis le Centre. Espace et temps sont intégrés de telle manière que l'expression phénoménale de la réalité sort de sa linéarité. Ici se trouvent des dimensions de l'art martial incroyables. Les limites tombent et cela parfait le sage comme le guerrier.