Histoire de l'éléphant

Les contes spirituels ont ceci d'intéressant que leur signification n'est pas fermée, et que par leur ouverture, ils invitent à la réflexion. Voici donc un conte de la vie du Bouddha :
Lassé des querelles intestines des moines de sa congrégation, le Bouddha décida de les laisser se disputer entre eux et se retira dans la forêt. Il y rencontra un éléphant qui lui aussi avait quitté ses congénères, car il ne supportait plus leur comportement inepte et déraisonnable. Le Bouddha et l'éléphant fraternisèrent. Après quelques temps, les moines vinrent chercher le Bouddha, car ils ne parvenaient pas à s'en sortir tout seuls. A leur prière, l'éveillé accepta de revenir parmi les hommes, mais il enjoignit à l'éléphant de ne pas le suivre et de rester dans la forêt, car les hommes sont, lui dit-il, tellement ignorants et stupides, que certains pourraient avoir l'idée de le chasser pour le tuer. Le conte se termine sur une citation du Dhammapada très connue qui le clôt comme une morale : on doit s'efforcer de rechercher la compagnie d'êtres sages ; quand on n'en trouve pas, il vaut mieux rester seul.

La question est donc de savoir si seul un Bouddha est capable de supporter les personnes "normales" sans s'énerver. Et si même un éveillé peut de temps à autre être exaspéré au point de devoir se retirer pour se calmer. Sachant qu'il est tout de même difficile de se retirer dans une forêt de nos jours sans croiser personne et d'y vivre en autarcie, que peut-on en déduire de la manière dont nous devrions gérer nos relations avec les autres, représentés dans le conte par les moines du Bouddha?

(La suite de l'histoire de l'éléphant pour les amis des animaux comme moi - je ne la cite pas ci-dessus car elle n'a pas de rapport particulier avec l'enseignement de ce conte : après le départ du Bouddha, l'éléphant est victime d'un accident, il meurt, mais par le mérite accumulé à fréquenter l'éveillé, renaît comme Deva, puis atteint l'illumination. Ce qui nous rassure sur le sort de l'éléphant).

C'est une bonne question, en effet, il y a d'autres champs de réponses que s'énerver ou s'exaspérer de la compagnie des gens qui ne sont pas un chemin d'éveil.

Malheureusement, souvent cela introduit implicitement que c'est la faute des autres, or il n'est est rien pour moi, car dans ce cas-là, ce n'est qu'une différence de point de vue arrêté des deux parties.

Je ne peux te répondre ni pour Bouddha, ni pour un éveillé, car je ne suis ni l'un, ni l'autre

Je ne peux répondre que personnellement, dans ma vie, j'ai fait le choix de ne pas m'obliger de subir des relationnels qui ne me conviennent pas, autant en amitié, qu'en Amour.

Et encore plus en Amour, qui est un point essentiel de la vie, je ne vois pas faire ma vie et encore moins, un jour, avoir des enfants avec une femme qui n'est pas spirituelle.

Je préfère attendre de rencontrer quelqu'un avec qui je vais pouvoir partager ce qui est essentiel pour elle comme pour moi, c'est à dire une certaine vision commune en terme de développement personnel et spirituel. Peu importe le niveau, mais au moins, qu'elle soit dans cette voie là.

L'Amour pour qu'il soit durable, comme le dit ce sage proverbe, ce n'est pas de se regarder l'un et l'autre, c'est surtout regarder dans la même direction pendant des années de vie commune.

Et cela est valable pour les amis, un rapport humain réussi, est de partager, de discuter, d'être ouvert, de ne pas juger l'autre selon ses propres critères exclusifs et de ne pas s'obliger la compagnie d'autres personnes avec la peur ou le besoin de ne pas rester seul.

J'ai pour ma part j'ai le besoin de m'isoler fréquement même pour quelques minutes seulement parfois. C'est souvent après un moment intense relationnellement ou après un enchainement d'activités (professionnelles, familliales ou de loisirs) important. Ma solitude n'est ni joyeuse ni triste. Ce moment peut être accompagné de réflexions mais je garde mes distances avec le cours de mes pensées. En favorisant ce repos mental je conserve ou réhabilite mon énergie. Voici donc ma façon de comprendre ce conte , Bouddha était parti se rafraîchir loin de l'animation de ses amis et collègues moines, peut-être pour revenir avec plus de clarté !