Si j'étais dieu, je mettrais dans la cervelle des hommes une graine de coquelicot. Le pavot pour la douceur, et le rouge pour la joie.
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Ca sent frais la campagne, un parfum dense d'herbes et de ciel. Les collines au lointain sont bleues comme la brume. Un grand oiseau plane en rond sur le vent. Les coquelicots en tutus écarlates dansent parmi le blé et l'herbe folle.
Sarah ouvre tout grand les bras, très grands ses yeux sur l'horizon tremblé. Elle murmure une mélopée.
Elle ne saurait dire la perfection de ce moment, mais chaque parcelle d'elle-même la goûte et la savoure.
Sarah sait qu'elle est à cet instant paisible l'étincelle d'un feu, une larme d'océan, un souffle dans le vent.
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Si j'étais dieu, je mettrais au cœur des hommes un lambeau de ciel bleu. Le ciel pour la prière et le bleu pour la paix.
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Sarah plane sur les ailes de l'oiseau. La plume est chaude et douce sous son ventre. Elle glisse dans l'azur, elle vogue sur la brise, elle vole haut, elle vole beau.
C'est Maître Shen qui lui a enseigné l'oiseau et le vent, qui l'a emmenée entre ciel et nuages, qui lui a appris où se lover pour s'ouvrir plus et partir loin.
Sarah sent sur sa joue le frais de la rosée, sur ses lèvres le parfum de l'été. Un frisson dans le cou.
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Si j'étais dieu, je mettrais dans la cervelle des hommes une graine de coquelicot et dans leur cœur un lambeau de ciel bleu. Et dans leurs yeux je mettrais pour la tendresse une perle de lune, et un rai de soleil pour l'amour.
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Sarah est un souffle divin. Elle respire sur le rythme du vent.
Elle caresse d'une aile la silhouette sélénite, blanche sur le bleu du ciel. Son regard se paillette d'or en fusion.
Sarah plane en rond sur le vent.
Maître Shen, à l'autre bout du monde, lui sourit et pose sa main, si frêle, si douce et si présente, sur celle de Sarah.
Les coquelicots se balancent dans la musique du vent.
Sarah sourit.
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Et Dieu, lui aussi, sourit.
A Périgueux, le 27/03/05