| | Vos Poèmes ... | |
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Auteur | Message |
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Pongo Admin du forum SP
Date d'inscription : 02/04/2007 Nombre de messages : 6280 Age : 55 Ville : Montpellier (Herault)
| Sujet: Vos Poèmes ... Ven 20 Avr 2007 - 8:56 | |
| Rappel du premier message :
Quand la porte du bonheur se ferme, une autre s'ouvre, mais souvent nous regardons si longtemps la porte fermée que nous ne voyons pas la porte qui a été ouverte pour nous. Il est vrai que nous ne savons pas la chance que nous avons d'avoir quelqu'un (ou quelque chose!), jusqu'à ce que nous le perdions, mais il est aussi vrai que nous ne savons pas ce que nous avons manqué quand cela arrive.
Donner à quelqu'un tout votre amour n'est jamais une assurance qu'il vous aimera en retour! N'attendez pas d'amour en retour, attendez seulement que cela grandisse dans leur coeur. Mais si cela ne se produit pas, soyez content tout de même que cet amour ait grandi dans le vôtre. Cela prend seulement 1 minute pour remarquer quelqu'un, 1 heure pour l'apprécier, 1 journée pour l'aimer. Mais oublier quelqu'un prend toute une vie.
Ne vous fiez pas aux apparences, elles sont souvent trompeuses. Ne vous basez pas sur la richesse, elle peut disparaître. _________________ L'important n'est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir. (B. Werber) http://www.spiritpartage.over-blog.com
Dernière édition par Pongo le Jeu 31 Mai 2012 - 19:18, édité 2 fois | |
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Auteur | Message |
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erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 25 Nov 2014 - 14:48 | |
| Edward Hopper "... et la solitude glacée pénètre nos os..." Complainte amoureuseOui dès l'instant que je vous vis Beauté féroce, vous me plûtes De l'amour qu'en vos yeux je pris Sur-le-champ vous vous aperçûtes Ah ! Fallait-il que je vous visse Fallait-il que vous me plussiez Qu'ingénument je vous le disse Qu'avec orgueil vous vous tussiez Fallait-il que je vous aimasse Que vous me désespérassiez Et qu'enfin je m'opiniâtrasse Et que je vous idolâtrasse Pour que vous m'assassinassiez. Alphonse Allais | |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mer 26 Nov 2014 - 12:00 | |
| - Alaka a écrit:
Mon bel amour
Mon bel amour navigateur mains ouvertes sur les songes tu sais la carte de mon coeur les jeux qui te prolongent et la lumière chantée de ton âme
qui ne devine ensemble tout le silence les yeux poreux ce qu'il nous faut traverser le pied secret ce qu'il nous faut écouter l'oreille comme un coquillage dans quel pays du son bleu amour émoi dans l'octave du don
sur la jetée de la nuit je saurai ma présence d'un vœu à l'azur ton mystère déchiré d'un espace rouge-gorge
Gaston Miron (1928-1996) oh merci pour cette belle découverte ! |
| | | Aloah Membre
Date d'inscription : 01/11/2014 Nombre de messages : 4501 Age : 85 Ville : De passage sur Terre
| Sujet: Les rues de Terra Ville Sam 29 Nov 2014 - 11:08 | |
| Les rues de Terra Ville- S’il vous plaît Monsieur Je cherche la rue du Bonheur Sauriez-vous me dire Où la trouver ? - Oh ! Mais ma bonne dame Vous n’y êtes pas du tout ! Ici c’est le quartier des Chagrins Et des Désillusions … Retournez sur vos pas Arrivée à la rue des Bagarres Prenez sur votre gauche Puis tout droit Marchez d’un bon pas Vous croiserez la rue Des Gens Perdus Ignorez-là bien entendu … - Excusez-moi Monsieur Mais je suis bien fatiguée Depuis des vies on me ballade De rue en rue ….. La pire que j’ai traversée Est la rue de La Mort dans l’Âme Les rues des Morts de Soif et de Peur Ont été elles aussi de terribles épopées ! Monsieur, je n’en peux plus ! Accepteriez-vous de m’accompagner ? Vous semblez bien connaître cette ville… - Chair D’âme, vous dîtes vrai ! J’en ai parcouru toutes ses rues Et plus d’une fois m’y suis perdu J’ai habité longtemps rue des Mirages Que certainement vous connaissez ! Le plus odieux fut mon séjour Dans le quartier de l’Ignorance ! - D’où arrivez-vous mon amie ? - Si vous saviez mon Prince ! Je viens du carrefour Des rues de l’Abandon et de la Solitude … Dieu vous en préserve ! Mon bon ami, acceptez-vous de faire Avec moi un bout de chemin ? - Ma Dame, ma Mie, je dois aller réconforter Un vieil ami, rue des Laissés pour compte Ensuite nous pourrions faire route ensemble Cette idée me réjouit grandement ! Forts de nos deux expériences Nous devrions parvenir sans encombre Dans la rue qui nous est destinée Cette fameuse rue du Bonheur ! Je vous propose de passer par la rue des Sourires Puis celle de la Joie et la rue de la Liberté Nous serons enfin arrivés rue de La Vie à Deux Et goûterons au parfum de celle du Bonheur Juste à côté …. Mais d’abord …. Venez-vous avec moi chez cette personne ? C’est à deux pas d’ici … - Hé ! Bien ! Soit ! Je viens avec vous ! Allons mon ÂmeMie, mon frère de TerraVille Partageons le repas de la Vie Et trinquons à notre heureuse rencontre …. Chantal/Aloah (tous droits réservés) | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 4 Déc 2014 - 15:20 | |
| Merci pour ces partages. Le MyosotisAyant perdu toute mémoire Un myosotis s’ennuyait. Voulait-il conter une histoire ? Dès le début, il l’oubliait. Pas de passé, pas d’avenir, Myosotis sans souvenir. Robert DESNOS, (Chantefables et Chantefleurs) | |
| | | Aimelavie Membre
Date d'inscription : 15/03/2014 Nombre de messages : 765 Age : 38 Ville : Lille
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 4 Déc 2014 - 18:26 | |
| Odeur de Sainteté.Enclume sur laquelle tout repose. En odeur de Sainteté, le monde s'est rafraichi. L'Esprit souffle, ô corps prend ton inspire. Rien n'a changé mais tout s'apparente au Nouveau. Un peu sonné, l'odeur de Sainteté me ravit. Un pan s'ébroue qui ne veut pas mourir. L'ancien fait place au vide, implacable étau. | |
| | | Aimelavie Membre
Date d'inscription : 15/03/2014 Nombre de messages : 765 Age : 38 Ville : Lille
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Lun 29 Déc 2014 - 18:18 | |
| Aaaaaaaaaah ! Soulagement ... Désir d'expression que ne sors-tu de ce dos ? Malmené tous ces jours, le frein palpite en haut. L'énergie est malicieuse, une fois rieuse, une fois chagrine. Perturbatrice est la connaissance de la faveur divine. Jubilatoire, aucune sensation ne rejoint l'expérience. Le vocable manque pour en arracher le sens. De face, la poitrine grésille d'un feu tournant. Comme une broche qui s'échauffe lentement. Le mouvement empêche les incontournables fixations. Pourtant, le repos n'a cesse d'abreuver l'imagination. Aujourd'hui voici mon temple, Que l'imposteur contemple. | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Lun 29 Déc 2014 - 21:23 | |
| - Aimelavie a écrit:
Aaaaaaaaaah ! Soulagement ... Désir d'expression que ne sors-tu de ce dos ? Malmené tous ces jours, le frein palpite en haut. L'énergie est malicieuse, une fois rieuse, une fois chagrine. Perturbatrice est la connaissance de la faveur divine. Jubilatoire, aucune sensation ne rejoint l'expérience. Le vocable manque pour en arracher le sens. De face, la poitrine grésille d'un feu tournant. Comme une broche qui s'échauffe lentement. Le mouvement empêche les incontournables fixations. Pourtant, le repos n'a cesse d'abreuver l'imagination. Aujourd'hui voici mon temple, Que l'imposteur contemple. Très beau, M... Le sultanDans les montagnes de Cachemire Vit le sultan de Salamandragore Le jour il fait tuer un tas de monde Et quand vient le soir il s’endort Mais dans ses cauchemars les morts se cachent Et le dévorent Alors une nuit il se réveille En poussant un grand cri Et le bourreau tiré de son sommeil Arrive souriant au pied du lit S’il n’y avait pas de vivants Dit le sultan Il n’y aurait pas de morts Et le bourreau répond D’accord Que tout le reste y passe alors Et qu’on n’en parle plus D’accord dit le bourreau C’est tout ce qu’il sait dire Et tout le reste y passe comme le sultan l’a dit Les femmes les enfants les siens et ceux des autres Le veau le loup la guêpe et la douce brebis Le bon vieillard intègre et le sobre chameau Les actrices des théâtres le roi des animaux Les planteurs de bananes les faiseurs de bons mots Et les coqs et leurs poules les oeufs avec leur coque Et personne ne reste pour enterrer quiconque Comme ça ça va Dit le sultan de Salamandragore Mais reste là bourreau Là tout près de moi Et tue-moi Si jamais je me rendors. Jacques Prévert | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Lun 29 Déc 2014 - 22:13 | |
| Et la mer et l'amour Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. Pierre de Marbeuf,Recueil des vers | |
| | | Aloah Membre
Date d'inscription : 01/11/2014 Nombre de messages : 4501 Age : 85 Ville : De passage sur Terre
| Sujet: "Liberté " (p'tit poème de moi) Mer 31 Déc 2014 - 10:17 | |
| LIBERTÉElle avait été si sage pendant toutes ces années. Mari, enfants, maison avaient été l’objet De toutes ses attentions et de tous ses soins ; Et elle ? Qui avait fait attention à elle ?
Qui l’avait arrosée de l’eau de son amour ? Elle est là, devant le miroir, et regarde Ce visage de femme, son visage … Elle soutient vaillamment son regard : qui est-elle ?
Le vertige s’empare d’elle. Qui suis-je ? Qui suis-je ? Se demande-t-elle ….. Force lui est donnée d’admettre qu’elle n’en sait rien ! Elle est tout simplement passée à côté d’elle-même.
Deux larmes, une troisième et soudain, le grand déluge …. Ses jambes se dérobent, elle se laisse glisser sur le sol de la salle de bain ; Son corps est pris d’étranges tremblements Des images lui reviennent comme autant de rêves oubliés.
Elle pleure … elle pleure …. Comment a-t-elle pu se trahir ainsi ? Comment a-t-elle pu oublier de vivre ? Les tremblements s’apaisent, les larmes sont taries Elle se relève et brise le miroir en mille éclats de non vie.
Elle jette quelques affaires dans une valise Laisse au mari un bref message sur le frigidaire : « Merci pour tout ! Je pars à la découverte de moi-même, Ne sais quand je reviendrai ... Si je reviendrai ... »
Elle est loin de chez elle maintenant, loin des habitudes, Loin de la tendresse sécurisante des siens, loin … loin … La peur lui retourne le ventre, Un vague sentiment de culpabilité lui serre la poitrine dans son étau.
Elle pleure encore et encore Tout en marchant dans les rues de cette ville inconnue. L’Oiseau se pose sur sa tête, se joue de ses cheveux Puis lance au ciel un merveilleux trille !
Alors, elle se met à rire comme l’enfant dont elle a gardé le souvenir ! Elle rit, elle rit dans la lumière matinale de ce nouveau jour, De cette nouvelle vie et l’Oiseau rit avec elle, Lançant des trilles de plus en plus audacieux !
Longtemps, infiniment, elle a cheminé avec l’Oiseau …. Elle a appris à se laisser glisser dans le vent, A écouter le chant de la vie dans celui des passereaux, A aimer le murmure de l’eau dans les champs.
Elle a appris à parler avec les arbres, les fleurs, les papillons, les écureuils ; Les cailloux et les grains de sable sur la plage …avec les hommes aussi ! Tous lui ont parlé de la légèreté de l’amour, de la liberté de l’amour. Elle pouvait reprendre le chemin de la maison
Tout semblait tel quel et pourtant tout était différent ! Son œil voyait avec le regard de l’Oiseau Dans un pétillement de joie, dans un formidable éclat de rire Elle salua son petit monde et, en lui, retrouva l’immensité des galaxies
Elle jeta à la poubelle les débris du miroir, Les éclats de non vie ! Dans ses profondeurs, elle était libre ! Elle se rendit hommage de tout son amour, Honorant ainsi tout ce qui vit sur terre et bien au-delà.
Chantal Ch (tous droits réservés 2009) | |
| | | Raphaëla Membre
Date d'inscription : 08/04/2014 Nombre de messages : 681 Age : 63 Ville : Champfleury
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Dim 11 Jan 2015 - 20:52 | |
| ce poème de Victor Hugo est très long mais à mes Yeux préCieux
l'Ange Liberté
La plume, seul débris qui restât des deux ailes De l'archange englouti dans les nuits éternelles, Etait toujours au bord du gouffre ténébreux. Les morts laissent ainsi quelquefois derrière eux Quelque chose d'eux-même au seuil de la nuit triste, Sorte de lueur vague et sombre, qui persiste. … Cette plume avait-elle une âme? Qui le sait? Elle avait un aspect étrange; elle gisait Et rayonnait; c'était de la clarté tombée. Les anges la venaient voir à la dérobée. … La plume du plus grand des anges, rejeté Hors de la conscience et hors de l'harmonie, Frissonnait, près du puits de la chute infinie, Entre l'abîme plein de noirceur et les cieux.
Tout à coup un rayon de l'œil prodigieux Qui fit le monde avec du jour, tomba sur elle. Sous ce rayon, lueur douce et surnaturelle, La plume tressaillit, brilla, vibra, grandit, Prit une forme et fut vivante, et l'on eût dit Un éblouissement qui devient une femme. Avec le glissement mystérieux d'une âme, Elle se souleva debout, et, se dressant, Eclaira l'infini d'un sourire innocent. … L'archange du soleil, qu'un feu céleste dore, Dit: « De quel nom faut-il nommer cet ange, ô Dieu? »
Alors, dans l'absolu que l'Etre a pour milieu, On entendit sortir des profondeurs du Verbe Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe Encor vague et flottant dans la vaste clarté, Fit tout à coup éclore un astre: « Liberté. » … L'ange Liberté plane en l'azur spacieux On dirait que son oeil cherche une issue aux cieux.
L'ange-vierge, à travers les glaciers, blancs décombres, Vola droit au géant, roi de ces déserts sombres Dont le jour ne veut pas et qu'il n'a pas reçus. D'abord elle plana radieuse au-dessus Du lourd colosse, avec des grands cercles de l'aigle; Puis s'approchant, lui dit: « Celui qui juge et règle, Celui qui fait tout vivre et qui fait tout trembler, M'a permis de venir ici; je veux parler A quelqu'un d'effrayant dont seul tu connais l'antre; Ô géant, ouvre-moi le gouffre, pour que j'entre. »
Le Vieillard de la Nuit resta sourd et muet; Pas un pli du brouillard pesant ne remuait Dans cette immensité d'ombre et de solitude; Seulement, sans que rien troublât son attitude Et sans qu'un mouvement fit voir qu'il entendit, La glace sous ses pieds lentement se fendit. Une crevasse étrange apparut; ouverture Dont on ne sait quelle horreur qui n'est plus la nature, Bouche d'un puits livide et morne, escarpement D'un abîme qui va plus loin que l'élément, Vision du néant formidable, enfermée Entre deux murs sans forme où rampe une fumée; Deuil, brume; obscurité sans fond et sans contour.
La vierge Liberté, blanche et faite de jour, Sentit le froid du lieu funeste où rien n'existe. La désolation de ce gouffre était triste Et profonde; et c'était l'infini de la nuit.
Elle ouvrit sa grande aile où l'azur des cieux luit, Et, calme, descendit dans cette ombre terrible. … Tout au fond remuait une apparence sombre; Un fantôme entrevu, submergé, trouble, enfui, Errant, rampant; c'était le Damné; c'était Lui.
On distinguait un front, des ailes, des vertèbres.
C'était l'archange larve, âme des lieux funèbres, Mêlant en lui de l'astre avec de l'animal; C'était l'être sinistre en qui pense le mal; C'était le criminel que le crime exécute; C'était plus qu'un esprit tombé; c'était la Chute. ... La caverne d'en bas de Tout; voilà ce gouffre. C'était du vide en pleurs et du miasme qui souffre. … L'ange, extraordinaire, superbe, souriant, descendait. … L'ombre écumait et huait. L'ange approchait. … Tout fit silence au fond du gouffre sans reflux, Et rien ne troubla plus l'immortalité morte.
Pareil au goëmon que le flot berce et porte, Satan dormait toujours.
Dans la nappe de la nuit Où s'enfonçait son corps de chimère construit, Ce qu'on entrevoyait, c'était sa face humaine.
Semblable au flocon blanc qu'un vent d'hiver amène, L'ange arrêta sur lui ses ailes qui flottaient, Et pleura.
L'on eût dit que ses larmes étaient De la lumière en pleurs coulant de deux étoiles
_ « O toi! Je viens. Je pleure. Ici, dans les misères, Dans le deuil, dans l'enfer où l'astre se perdit, Je viens te demander une grâce,ô maudit! Ici, je ne suis plus qu'une larme qui brille. Ce qui survit de toi c'est moi. Je suis ta fille. Sens-tu que je suis là? Me reconnais-tu, dis? M'entends-tu? C'est du fond des divins paradis, C'est de la profondeur lumineuse et sacrée, C'est de ce grand ciel clair où vit celui qui créé, Que je viens, éperdue, à toi l'ange enfoui! Il me laisse descendre au fond des nuits difformes, Et pour que je te parle, il permet que tu dormes. Car, Père, pour tes yeux, hélas! Le firmament Ne peut s'entr'ouvrir qu'en songe seulement! … Je viens te prier, toi qu'on proscrit. Toi qu'on souille, Je viens avec des pleurs te laver. J'agenouille La lumière devant ton horreur, et l'espoir Devant les coups de foudre empreints sur ton front noir! Entends-moi dans ton rêve à travers l'anathème. Ne te courrouce point, père, puisque je t'aime! … Mon père, écoute moi. Pour baume et pour calmant, Pour mêler quelque joie à ton accablement, Tu n'as qu'à cette heure, en ton âpre géhenne, essayer que la nuit, la vengeance et la haine; Essaie enfin la vie, essaie enfin le jour! Laisse planer le cygne à la place du vautour! Laisse un ange sorti de tes ailes, répandre Sur les fléaux un souffle irrésistible et tendre. … Laisse s'envoler l'âme et finir la souffrance. Dieu me fît Liberté; toi, fais-moi Délivrance! » ... Tandis que cette vierge adorable parlait, Pareille au sein versant goutte à goutte le lait A l'enfant nouveau-né qui dort, la bouche ouverte, Satan, toujours flottant comme une herbe en l'eau verte, Remuait dans le gouffre, et semblait par moment A travers son sommeil frémir, éperdument; Ainsi qu'en un brouillard l'aube éclot, puis s'efface, Le démon s'éclairait, puis pâlissait; sa face Etait comme le champ d'un combat ténébreux; Le bien, le mal, luttaient sur son visage entre eux Avec tous les reflux de deux sombres armées; Ses lèvres se crispaient, sinistrement fermées; Ses poings s'entre-heurtaient, monstrueux et noircis; Il n'ouvrait pas les yeux, mais sous ses lourds sourcils On voyait les lueurs de cette âme inconnue; Tel le tonnerre fait des pourpres sous la nue. L'ange le regardait, les mains jointes; enfin Une clarté, qu'eût pu jeter un séraphin, sortit de ce grand front tout brûlé par les fièvres. Ainsi que deux rochers qui se fendent, ses lèvres S'écartèrent, un souffle orageux souleva Son flanc terrible, et l'ange entendit ce mot: « Va! » … Le sanglot de Satan dans l'ombre continue. … « Oh! l'essence de Dieu c'est d'aimer. L'homme croit Que Dieu n'est comme lui qu'une âme, et qu'il s'isole De l'univers, poussière immense qui s'envole; Mais moi, l'ennemi triste et l'envieux moqueur, Je le sais, dieu n'est pas une âme, c'est un cœur. Dieu, centre aimant du monde, à ses fibres divines Rattache tous les fils de toutes les racines, Et sa tendresse égale un ver au séraphin; Et c'est l'étonnement des espaces sans fin Que ce cœur, blasphémé sur terre par les prêtres, Ait autant de rayons que l'univers a d'êtres. Pour lui, créer, penser, méditer, animer, Semer, détruire, faire, être, voir, c'est aimer. Splendide, il aime, et c'est par reflux qu'on l'adore. Tout en lui roule; il tient à la nuit par l'aurore, Aux esprits par l'idée, aux fleurs par le parfum; Et ce cœur dans son gouffre à l'infini, moins un. Moins Satan, à jamais rejeté, damné, morne. Dieu m'excepte. Il finit à moi. Je suis sa borne. Dieu serait infini si je n'existais pas. … J'aime! Et Dieu me torture, et voici mon blasphème, Voici ma frénésie et mon hurlement: j'aime! J'aime à faire trembler les cieux!Quoi!c'est en vain! Oh! c'est là l'inouï, l'horrible, le divin, De se dresser, d'ouvrir ses ailes insensées, De s'attacher, sanglant, à toutes les pensées Qu'on peut saisir, avec des cris, avec des pleurs, De sonder les terreurs, de sonder les douleurs, Toutes, celles qu'on souffre et celles qu'on s'invente, De parcourir le cercle entier de l'épouvante, Pour retomber toujours au même désespoir! …
Ô misère sans fond! Ecoutez ceci, sphères, Etoiles, firmaments, ô vieux soleils, mes frères, Vers qui monte en pleurant, mon douloureux souhait, Cieux, azurs, profondeurs, splendeurs, l'amour me hait!
Dieu parle dans l'infini « Non, je ne te hais point! ….. …............................................ Un ange est entre nous; ce qu'elle a fait te compte. L'homme, enchainé par toi, par elle est délivré. Ô Satan, tu peux dire à présent: Je vivrai! Viens; la prison détruite abolit la géhenne! Viens; l'ange Liberté, c'est ta fille et la mienne. Cette paternité sublime nous unit. L'archange ressuscite et le démon finit; Et j'efface la nuit sinistre, et rien n'en reste. Satan est mort; renais, ô Lucifer céleste! »
* Ô mondes du dehors, Dieu rayonne pour tous, Vos mystères profonds ne regardent que vous.
Victor Hugo,des extraits de la Fin de Satan | |
| | | touareg7 Membre
Date d'inscription : 10/01/2015 Nombre de messages : 221 Age : 56 Ville : ensablée
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 13 Jan 2015 - 18:52 | |
| Issu d'une origine innommable dont la connaissance du mystique se déverse comme des grains de sable dans le désert du profane sceptique l'Homme, infiniment petit devant sa liberté tente de reconquérir son âme en captivité.
Funambule sur la corde raide de son destin les bras en croix reposant sur sa foi les yeux rivés sur son avenir incertain ne pouvant détourner son regard plein d'effroi l'Homme progresse lentement sur le fil du temps risquant de choir dans les abîmes du néant.
la pluie des épreuves le lavera des impuretés accumulées Alors plus léger, son corps flottera vers les régions inexplorées. Perspectives insoupçonnées s'offrent au nouveau né les yeux écarquillés devant tant de beauté...
| |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 13 Jan 2015 - 19:22 | |
| - touareg7 a écrit:
Issu d'une origine innommable dont la connaissance du mystique se déverse comme des grains de sable dans le désert du profane sceptique l'Homme, infiniment petit devant sa liberté tente de reconquérir son âme en captivité.
Funambule sur la corde raide de son destin les bras en croix reposant sur sa foi les yeux rivés sur son avenir incertain ne pouvant détourner son regard plein d'effroi l'Homme progresse lentement sur le fil du temps risquant de choir dans les abîmes du néant.
la pluie des épreuves le lavera des impuretés accumulées Alors plus léger, son corps flottera vers les régions inexplorées. Perspectives insoupçonnées s'offrent au nouveau né les yeux écarquillés devant tant de beauté...
Très beau poème, Touareg... Est-il de toi ? | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 13 Jan 2015 - 19:48 | |
| "Anna de Noailles entre prose et poésie..."Descendante de familles princières de Moldavie et de Valachie, Anna de Brancovan, qui devint, par son mariage, comtesse Mathieu de Noailles, naquit à Paris; dès l'enfance, éprise de poésie, elle s'exprima en des vers exaltés, d'une ardente sensibilité. La précision, avec laquelle elle note les sensations les plus ténues, sa richesse verbale, son indifférence aux conventions l'égalent aux poètes les plus spontanés de notre littérature. Anna de Noailles (1876-1933) Voix intérieureMon ami, quels ennuis vous donnent de l'humeur ? Le vivre vous chagrine et le mourir vous fâche. Pourtant, vous n'aurez point au monde d'autre tâche Que d'être objet qui vit, qui jouit et qui meurt. Mon âme, aimez la vie, auguste, âpre ou facile, Aimez tout le labeur et tout l'effort humains, Que la vérité soit, vivace entre vos mains, Une lampe toujours par vos soins pleine d'huile. Aimez l'oiseau, la fleur, l'odeur de la forêt, Le gai bourdonnement de la cité qui chante, Le plaisir de n'avoir pas de haine méchante, Pas de malicieux et ténébreux secret, Aimez la mort aussi, votre bonne patronne, Par qui votre désir de toutes. choses croît, Et, comme un beau jardin qui s'éveille du froid, Remonte dans l'azur, reverdit et fleuronne ; - L'hospitalière mort aux genoux reposants Dans la douceur desquels notre néant se pâme, Et qui vous bercera d'un geste, ma chère âme, Inconcevablement éternel et plaisant... Anna de Noailles | |
| | | L'initié Membre
Date d'inscription : 02/03/2011 Nombre de messages : 4044 Age : 65 Ville : Foix
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 13 Jan 2015 - 21:21 | |
| Très beaux poèmes a vous | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mar 13 Jan 2015 - 21:43 | |
| La mort fervente
Mourir dans la buée ardente de l'été, Quand parfumé, penchant et lourd comme une grappe, Le coeur, que la rumeur de l'air balance et frappe, S'égrène en douloureuse et douce volupté.
Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage, Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts, Se mêlant à l'antique et naissant univers, Ayant en même temps sa jeunesse et son âge,
S'en aller calmement avec la fin du jour ; Mourir des flèches d'or du tendre crépuscule, Sentir que l'âme douce et paisible recule Vers la terre profonde et l'immortel amour.
S'en aller pour goûter en elle ce mystère D'être l'herbe, le grain, la chaleur et les eaux, S'endormir dans la plaine aux verdoyants réseaux, Mourir pour être encor plus proche de la terre...
Anna de Noailles |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mer 14 Jan 2015 - 7:58 | |
| Une prière à la Transcendance
Nous voici dans l’abîme, Tu en restes l’énigme. Si Tu dis un seul mot, Et nous serons sauvés. Tu restes muet encore, Jusqu’au bout sembles sourd Nos cœurs ont trop durci, En nous l’horreur sans fond. Viendrait-elle de nous Une lueur de douceur ? Si nous disons un mot, Et Tu seras sauvé. Nous restons muets encore, Jusqu’au bout restons sourds Te voici dans l’abîme, Nous en sommes l’énigme.
François Cheng |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Mer 14 Jan 2015 - 15:42 | |
| Il offrait du coeurDonc, il offrait du coeur Avec un tel sourire Qu'on s'empressait d'ailleurs En tous lieux de le dire. On en voulait partout, Mais on finit pourtant Par se demander où Il en trouvait autant. Et il riait dans l'ombre. C'était son propre coeur Vaste comme le monde Qu'il offrait à la ronde, Offrait pour un sourire Qui répondait au sien, Offrait rien que pour dire Aux gens : "Portez vous bien" Maurice Carême,Défier le destin | |
| | | Aimelavie Membre
Date d'inscription : 15/03/2014 Nombre de messages : 765 Age : 38 Ville : Lille
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 15 Jan 2015 - 14:42 | |
| Ce poème me fait rire Erell ahahah . Si vous pouviez vous débarrasser de vous-même Ne serait-ce qu'une fois Le secret des secrets Se révélerait à vous. Le visage de ce qui est inconnu, Caché au-delà de l'univers, Apparaîtrait sur le Miroir de votre perception. Rumi | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 15 Jan 2015 - 15:02 | |
| - Aimelavie a écrit:
- Ce poème me fait rire Erell ahahah .
Tu es le deuxième à me faire la réflexion, M, et j'avoue que je ne comprends pas pourquoi Personnellement, j'aime ce petit poème de Maurice Carême, tout simple et tout naïf....!! Juste "beau" "Beau"... M...!!! C'est ça qu'on est tous en train de perdre, la "vraie Beauté...!!! Quelle tristesse...!!! | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 15 Jan 2015 - 15:35 | |
| L’étoile a pleuré rose … L’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles, L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain. Arthur Rimbaud, Malheur - 1871 | |
| | | Aimelavie Membre
Date d'inscription : 15/03/2014 Nombre de messages : 765 Age : 38 Ville : Lille
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 15 Jan 2015 - 15:44 | |
| Mon rire est naïf, il est l'expression de la joie devant la beauté de ce qui est. On est en train de ne rien perdre Erell. Tu ne peux être à la place des autres. Tu n'es peut-être pas toi-même à ta place. Pourquoi voir ce qui disparaît comme une perte forcément ? La vie est changement, évolution permanente. Son absence donne la raideur cadavérique. Dans ce qui meurt naît le présent. | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Jeu 15 Jan 2015 - 15:51 | |
| - Aimelavie a écrit:
- Mon rire est naïf, il est l'expression de la joie devant la beauté de ce qui est. On est en train de ne rien perdre Erell. Tu ne peux être à la place des autres. Tu n'es peut-être pas toi-même à ta place. Pourquoi voir ce qui disparaît comme une perte forcément ? La vie est changement, évolution permanente. Son absence donne la raideur cadavérique. Dans ce qui meurt naît le présent.
J'ai le sentiment d'être à ma place par la poésie pourtant. Et à quelle place me verrais-tu donc ? | |
| | | erell Membre
Date d'inscription : 29/09/2014 Nombre de messages : 9288 Age : 47 Ville : en chemin
| Sujet: Re: Vos Poèmes ... Ven 16 Jan 2015 - 12:45 | |
| Ma demeure est haute Donnant sur les cieux ; La lune en est l'hôte, Pâle et sérieux : En bas que l'on sonne, Qu'importe aujourd'hui ? Ce n'est plus personne, Quand ce n'est pas lui ! Aux autres cachée, Je brode mes fleurs ; Sans être fâchée, Mon âme est en pleurs : Le ciel bleu sans voiles, Je le vois d'ici ; Je vois les étoiles : Mais l'orage aussi ! Vis-à-vis la mienne Une chaise attend : Elle fut la sienne, La nôtre un instant : D'un ruban signée, Cette chaise est là, Toute résignée, Comme me voilà ! Marceline Desbordes-Valmore, Bouquets et Prières, "Ma chambre" (1841) | |
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