| | La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais | |
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+5Cornalin orphelin1984 did Eumolpe Auria 9 participants | |
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Invité Invité
| Sujet: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Mer 20 Sep 2017 - 9:13 | |
| Chem'internet faisant (en recherche sur la croix et le crucifix et de ce fait en abordant le dolorisme), j'ai pris connaissance de ces écrits du Père P. Dautais, dont le "regard" m'a plu, et que je vous propose en partage. - Père Philippe Dautais:
Prêtre orthodoxe dans le Patriarcat de Roumanie, fondateur et responsable du Centre d'études et de prière de Sainte Croix en Dordogne avec son épouse Elianthe. Propose depuis 25 ans des sessions axées sur l'anthropologie et sur le chemin spirituel selon la Tradition philocalique, expression majeure de la tradition de l'expérience chrétienne. Engagé dans les rencontres œcuméniques et le dialogue inter-religieux depuis 15 ans.
"Le mot métanoïa est traduit par "pénitence" ou par "repentance", mots devenus suspects en Occident, tant ils sont entachés d'une spiritualité doloriste. Métanoïa signifie "au-delà de nous", au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou de retournement par lequel l’homme s'ouvre à plus grand que lui-même en lui-même. Le repentir est une ré-orientation du désir qui s'exprimait par rapport au monde et qui maintenant est orienté vers Celui qui est Source de désir en nous car il est Source de vie.
Appel à la synergie, à une rencontre, le repentir est le retour de la créature exilée vers le Créateur, ascension pour passer du terrestre au céleste, du conditionné vers la liberté.
Tous les prophètes ont crié au peuple: Convertissez-vous, revenez (Is 21,12) ; Faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau car je ne désire pas la mort de celui qui meurt mais qu'il se convertisse et qu'il vive, dit le Seigneur (Ez 18,31-32) ; ou encore : Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions afin que l'iniquité ne cause pas votre ruine (Ez 18,30), que vous ne soyez pas enfermés dans les conséquences de vos propres actes. Jean-Baptiste, dernier des prophètes, introduit la venue du Christ par un appel à la métanoïa: Repentez-vous car le royaume des cieux est proche (Mt 3,2). Il baptise d'eau pour amener à la repentance et préparer la venue du Seigneur (Mt 3,11). La repentance est ici l'attitude nécessaire pour rencontrer le maître: Il y a quelqu'un au milieu de vous que vous ne connaissez pas (Jn 1,26).
L'homme enfermé en lui-même, réduit à son individualité naturelle, immergé dans les soucis de la vie temporelle, s'aliène aux nécessités de la survie existentielle: s'installent la peur de manquer, l'angoisse de l'insécurité, la hantise de la solitude, qui trop souvent font prendre des décisions qui engendrent des conséquences fâcheuses et alourdissent le fardeau du quotidien. Cette aliénation au monde visible, extérieur à cet univers clos où tout est référé à nos perceptions et à nos conceptions, c'est le mouvement de l'égocentrisme. Celui-ci est l'expression d'une non-relation qui mène à la mort. Au coeur de cet exil, tel l'enfant prodigue qui a dissipé sa part d'héritage, chacun a la liberté de s'ouvrir. Quand toutes les portes sont fermées, quand nous sommes face à un mur, qu'il n'y a plus de solution existentielle ni psychologique, Celui qui habite au coeur de nous-mêmes nous invite à relever la tête (Gn 4,7).
Nous sommes invités à la relation, c'est ici le sens de l'épreuve, conviés à nous ouvrir à l'autre, à accepter la main tendue, à accepter d'être aidés. Pour apprécier le don de la relation, il faut le plus souvent avoir désespéré de ses propres prétentions à vouloir atteindre le but par soi-même, avoir désespéré de ses propres capacités à vouloir réaliser son bonheur selon ses propres conceptions, avoir reconnu ses manques et ses faiblesses pour donner place à l'autre, au tout Autre.(...)
- Suite du texte, pour celles & ceux qui comme moi, auront envie de poursuivre...:
(...) "La rupture d'avec l'intime en nous s'exprime dans une schize par laquelle nous devenons étrangers à nous-mêmes (habitant une terre lointaine, étrangère) (Lc 15,11;32) et vivons l'autre comme un étranger. Ayant éprouvé l'exil et ayant à nouveau soif de la relation, tel l'enfant prodigue réduit à l'état animal se souvient de Celui qui est un appel vivant en nous, nous marchons sur le chemin du retour.
La métanoïa n'est pas de notre propre initiative mais elle est une réponse à l'appel que Dieu ne cesse d'adresser à chacun au coeur de la vie existentielle: Le Seigneur m'a appelé dès ma naissance dit Isaïe (Is 49,1 ; cf. Ga 1,15) ; ou: Nul ne peut venir à Moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire (Jn 6,44). Cependant elle se fonde sur notre décision, sur notre libre réponse: Fais-moi revenir et je reviendrai (Jn 32,18).
Ainsi elle nous introduit dans un dialogue qui était interrompu car Dieu était vécu comme un absent. En ce sens, penser à Dieu ou sur Dieu, spéculer au sujet de Dieu est le fait de l'homme idolâtre, étranger au repentir. Quand nous sommes face à l'autre, nous n'avons plus à penser à lui mais à le rencontrer, car on ne pense qu'aux absents. Comme le souligne le Père Sophrony: Se repentir du péché n'est possible et approprié que là où existe une relation personnelle avec Dieu personnel. C'est dans la rencontre, dans la lumière divine que nous prenons conscience d'avoir blessé l'Amour, méprisé la relation.
C'est un chemin qui se vit en trois étapes:
La première, comme le montre la parabole de l'enfant prodigue, se fonde sur un mouvement d'intériorité dans lequel l'homme se souvient de Dieu et s'affranchit de l'oubli. Ce mouvement peut être suscité par une expérience particulière dite du "numineux" ou par la maladie, l'échec, l'épreuve... de toute façon par une intervention divine. Par cette grâce, il entend l'appel divin et s'éveille en lui l'exigence intérieure.
Dans un deuxième temps, mû par une décision très déterminée et par un heureux usage de sa volonté, l’homme se met en route et soigne sa paresse. Dès que s'exprime le désir du retour à Dieu ou des que l’homme veut mettre en pratique les commandements divins, se lèvent en lui des résistances, se révèlent des passions qui lui font la guerre et veulent le détourner du but. Une grâce particulière accompagne le pénitent; elle permet de voir les obstacles, aide à en prendre conscience, à les nommer, à les accepter pour une transformation. Ainsi dans la pénitence l'homme acquiert la connaissance de son état pathologique et marche vers sa guérison.
De cette décision, qui fonde tout chemin spirituel, naît la confiance en Dieu, s'affermit par et dans la prière et pose un acte de foi dans l'amour de Dieu qui nous sauve ou nous guérit de l’angoisse du péché et assure cette conversion.
Selon le père spirituel du monastère Saint Macaire en Egypte, Matta El Maskîne : La prière est l’expression même de ce retour a Dieu et représente une véritable conversion. Elle exprime cette aspiration à la plénitude, ce désir infini déposé au fond de nous que le fini ne peut combler. Elle est une réponse à l’exigence intérieure qui ne peut se satisfaire de la conformité aux croyances extérieures.
Dans un troisième temps, l'homme prend ainsi conscience de son état intérieur, le confesse et sort de l'ignorance. L'oubli, la paresse et l'ignorance sont les trois racines de toutes nos pathologies; elles sont la triple expression de la négligence. Dans cette révélation, l'homme est amené à reconnaître puis à accepter son état. L'acceptation de sa misère est en soi un appel à la miséricorde divine qui s'exprime par la compassion et le pardon du Père qui court avec joie vers soi fils.
Le repentir nous réintroduit dans la relation de filiation. Il est renoncement à la tentation maladive de vouloir se sauver soi-même, ce qui, selon saint Grégoire de Nazianze, est la meilleure façon d'échapper au salut. Il n'est pas tant la recherche d'un dépassement qu'une acceptation libre de notre condition, de nos limites, de notre faiblesse, dans le sens où le dit Saint Paul: C'est quand je suis faible, qu'alors je suis fort (2 Co 12,10). Se repentir signifie croire en Dieu et non en sa propre suffisance, c'est se jeter dans les bras de Dieu, accepter le pardon divin ou se laisser vaincre par l'amour du Père qui vient à la rencontre du Fils. C'est entrer dans la béatitude céleste, participer à la joie angélique: Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur repentant que pour nonante-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance (Lc 15,7).
Le repentir est le premier don de Dieu sur le chemin de la guérison, aspiration à une vie plus haute, à une spiritualisation. Par lui et par la grâce de l'Esprit-Saint va s'opérer une réconciliation avec le Seigneur qui a fait irruption dans le coeur La conscience va s'ouvrir, s'élargir et deviendra apte à écouter, accueillir la Parole qui convient à la croissance intérieure pour la guérison de l'âme.
La grande rupture avec le monde n'est pas au moment de la mort corporelle mais au moment où l'homme accepte la réalité de la Présence de Dieu avec lui. À cet instant, l'Emmanuel ("Dieu avec nous") naît dans le coeur, unit les deux natures (divine et humaine) séparées et opère une re-création de tout l'être.
Plus nous approchons de Dieu, plus il nous révèle nos ombres, lieux des refus de son amour. Plus nous découvrons l'abîme qui nous sépare de lui, plus s'éclaire notre réalité intérieure, plus s'affermit notre désir le changement. La métanoïa engage un processus de changement constant de notre être qui s'humilie par sa propre volonté mais ressuscite par la grâce, dit le Père Matta El Maskîne. S'humilier veut dire ici accepter sa réalité telle qu'elle est, sortie des illusions et de tout a priori sur soi-même. C'est se dépouiller du vieil homme pour revêtir l'homme nouveau, accepter de mourir à tout mouvement de mort pour une Résurrection. Le repentir est un deuxième baptême, il est une repose à l’amour d’un Dieu qui s’est humilié jusqu'à la mort sur la croix afin que nous soyons déifiés par sa grâce.
L'esprit de métanoïa est l'esprit de la communion où l'homme se donne totalement à Dieu qui se donne totalement. Il consiste à tout remettre en Christ, depuis chaque souci du quotidien jusqu'à notre chemin même, car c'est lui qui nous mène à la victoire, à condition qu'on lui permette d'agir en nous. Ainsi le repentir ne concerne pas des moments de notre vie mais doit se comprendre comme un chemin de vie qui s'approfondit par et dans la prière.
Dans la prise de conscience de notre enfer intérieur, il y a le danger du repli sur soi vers le sentiment pathologique de culpabilité. Il est lié à une image négative de Dieu qui hante notre vieille conscience et nous fait redouter un Dieu vengeur punisseur, dur, qui moissonne où il n'a pas semé et qui amasse où il n'a pas vanné (Mt 25, 24).
L’homme dans l’univers morbide de la culpabilité est en rupture. Face à lui même, livré aux dynamismes de l’inconscient, il se juge. Sa conscience morale, informée par la loi qui dénonce toute injustice, le convainc qu’il est fautif. L'homme en proie au délire de la faute sent sa vitalité faiblir, il en fait l’expérience presque physique, il se sent perdu, abandonné; son horizon est totalement obscurci. Cette conscience de la faute peut revêtir une dimension particulière: celle de l'offense faite a Dieu. Offense qui rompt un lien, qui instaure une inimitié, puisque l'offense est en lui. Le plus souvent, identifiée au sentiment d'avoir mal agi, d'avoir manqué à une valeur, la personne porte un fardeau dont elle ne peut se libérer ni par les regrets ni par les remords. Il peut naître un sentiment d'abandon qui, projeté sur Dieu, donne l’impression qu’il s’est détourné d’elle. Processus pathologique, mécanisme de la peur et du scrupule où la personne vit l'enfer de l'auto-accusation et s'enferme dans les conséquences de la faute.
Selon notre foi, selon l'accueil ou le refus de l'amour de Dieu, la conscience du péché peut engendrer soit un dynamisme du repentir, soit nous faire sombrer dans la culpabilité. La libération vient de Celui qui pardonne et qui nous libère de toute culpabilité et de toute mauvaise conscience: Si ta conscience te condamne, Dieu est plus grand que ta conscience (1 Jn 3,20). Saint Jean ajoute: Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité (1 Jn 2,9). C'est ce dont témoigne toute la Bible et en particulier les chapitres 11 et 12 du deuxième livre de Samuel. David, séduit par Bethsabée, femme d'Urie le Hittite, la fit venir vers lui et il coucha avec elle (2 S 11,4). Cette femme devint enceinte et le lui fit dire. David fit envoyer Urie au combat et s'arrangea pour qu'il fût tué (2 S 11). Dieu envoya le prophète Nathan auprès de David (2 S 12) pour lui révéler son péché: Pourquoi as-tu méprisé la parole du Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux? Tu as frappé de l'épée Urie le Hittite, tu as pris sa femme pour en faire ta femme et lui tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.
David exprime avec justesse le mouvement de pénitence dans le Psaume 50 (51) dont nous pouvons retenir plusieurs aspects :
1. Il se situe face à Dieu et lance un appel confiant à la miséricorde divine: Aie pitié de moi, ô Dieu dans ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions (Ps 50,3).
2. Il exprime le désir d'une purification, d'un renouvellement, désir de baptême pour la rémission des péchés et la libération du passé: Lave-moi complètement de mon iniquité et purifie-moi de mon péché (Ps 50,4).
3. La conscience et la reconnaissance du péché qui habite en lui (Rm 7,20) et dont il ne peut se libérer sans le secours divin: Car je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi (Ps 50,5). Confession du péché pour une condamnation de ce qui fait obstacle à la relation en nous-mêmes (Ps 50,12).
4. David prend la responsabilité de ses actes et accepte la sentence divine (Ps 50,6) c'est-à-dire, s'en remet à la justice divine dans une espérance infinie en sa miséricorde.
Le repentir implique de prendre la responsabilité de nos paroles et de nos actes. Adam, après sa transgression du commandement divin, interpellé par le Seigneur, nie sa responsabilité et la rejette sur la femme qui à son tour accuse le serpent (Gn 3,12-13). Attitude de justification, étrangère à l'esprit de la métanoïa, qui enferme l'homme dans les conséquences du mauvais usage de sa liberté et l'empêche de reconnaître sa réalité intérieure. Rejetant la responsabilité sur l'autre, nous nous posons en victimes et échappons à la nécessité de notre propre transformation. C'est le principe de l'aliénation.
Je suis celui qui porte les conséquences des erreurs parentales, familiales, sociales, éducatives, culturelles dont il est difficile de se libérer. Dans l'esprit du repentir, j’accepte de prendre la responsabilité de tout mon passé, puis ne pouvant le porter, je le remets au Christ dans une offrande rédemptrice. Ceci implique tout un travail intérieur pour sortir du refoulement d'un passé que je ne peux assumer mais dont la plaie est béante. Sont "engrammés" en moi toutes les blessures, traumatismes, souffrances de mon passé qui m'aliènent dans mon présent. Accepter de les nommer puis de les remettre à Celui qui est plus grand que moi en moi, c'est passer par la croix pour une résurrection, pour une transformation.
C'est par la croix que la joie est venue dans le monde. (Matines de dimanche)
Ce faisant, je ne suis plus l'objet mais je deviens le sujet de ma propre histoire. Je cesse d'être un individu et je deviens une personne responsable. Cette responsabilité peut prendre une dimension universelle (cf. Lc 13,1-4).
Refusant d'accuser l'autre, un autre regard s'éveille en moi par lequel je perçois ma façon d'être face aux autres, aux situations et aux agressions. Dans cette démarche, où je suis renvoyé à moi-même, va naître un discernement sur ma réalité intérieure pour une "désidentification", pour une libération. La métanoïa introduit un nouveau mode d'existence divino-humaine où l'homme n’est plus identifié aux aléas de la vie existentielle, où il n'est plus enfermé en lui-même mais où se révèle sa capacité de transcendance qui va le libérer de toute aliénation. Sollicité par Dieu, David reconnaît son péché, le confesse, en prend la responsabilité dans un désir de transformation, de renouvellement sur lequel Dieu va s'appuyer pour accomplir l'histoire du salut. Le repentir a su émouvoir les entrailles de miséricorde du Seigneur: David et Bethsabée engendreront Salomon, ancêtre du Christ.
La grande métanoïa est une pâque, un passage de l'avoir à l'être, c'est s'ouvrir à Celui qui vient vers nous, au jamais vu, jamais connu, jamais expérimenté, à la nouveauté créatrice, en écartant toutes nos conceptions, toute idée de Dieu, qui habitent notre vieille conscience.
Aie donc du zèle et repens-toi, voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi (Ap 3,20)."
Cet article a paru dans la revue Le Chemin, no. 20, 1993. Reproduit avec l’autorisation du Père Philippe Dautais.
https://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/dautais-metanoia.htm
Dernière édition par Alaka le Jeu 21 Sep 2017 - 11:07, édité 1 fois (Raison : Correction de caractères) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Mer 20 Sep 2017 - 10:22 | |
| Merci pour ce partage Alaka c'est très riche en connaissance Comme tu le sais, j'adore les Tarots et leurs symboles, et toute cette lecture me ramène à l'arcane du Pendu, cette lame XII du Tarot est reliée à la notion de Metanoïa, ce Pendu nous renvoie à faire demi tour sur soi même, d'inverser les pôles, de faire un transfert sur soi en sorte, Comme en parle Philippe Dautais la notion de balancement évoque le fait d'abandonner quelque chose de soi pour le remettre à l'autre |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Mer 20 Sep 2017 - 10:58 | |
| - Kouen a écrit:
toute cette lecture me ramène à l'arcane du Pendu, cette lame XII du Tarot est reliée à la notion de Metanoïa, ce Pendu nous renvoie à faire demi tour sur soi même, d'inverser les pôles, de faire un transfert sur soi en sorte, Comme en parle Philippe Dautais la notion de balancement évoque le fait d'abandonner quelque chose de soi pour le remettre à l'autre
Oui ! Merci Kouen d'inviter l'arcane XII sur ce topic ! Il y a là le renvoi au changement de regard et de perception, et aussi à cette état de pendu qui laisse la place à "l'être" et non plus au "faire", et à une certaine vulnérabilité, vulnérabilité dans le sens d'ouverture; ouverture à l'autre, au "tout Autre" comme l'écrit P. Dautais.
Dans ce passage par exemple: - P. P. Dautais a écrit:
Nous sommes invités à la relation, c'est ici le sens de l'épreuve, conviés à nous ouvrir à l'autre, à accepter la main tendue, à accepter d'être aidés. Pour apprécier le don de la relation, il faut le plus souvent avoir désespéré de ses propres prétentions à vouloir atteindre le but par soi-même, avoir désespéré de ses propres capacités à vouloir réaliser son bonheur selon ses propres conceptions, avoir reconnu ses manques et ses faiblesses pour donner place à l'autre, au tout Autre.(...)
Désespérer, lâcher-prise et s'ouvrir (se laisser ouvrir/s'abandonner) à une autre perception, tel le pendu. En atteignant cette "désespérance", n'atteint-on pas l'espace intérieur (parfois vertigineux) qui peut laisser la place nue à "l'être", à l'autre, au "tout Autre" ? |
| | | Invité Invité
| | | | Auria Membre
Date d'inscription : 19/10/2016 Nombre de messages : 552 Age : 59 Ville : Les Abymes
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Mer 20 Sep 2017 - 15:31 | |
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| | | Invité Invité
| | | | Eumolpe Membre
Date d'inscription : 02/03/2017 Nombre de messages : 710 Age : 42 Ville : Petite
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Mer 20 Sep 2017 - 17:44 | |
| - Alaka a écrit:
- Il y a là le renvoi au changement de regard et de perception, et aussi à cet état de pendu qui laisse la place à "l'être" et non plus au "faire"
Le "faire" relève de l'être, ici il s'agirait plutôt de "l'avoir", dans le sens d'un attachement à une identité, avoir une identité et y rester attaché quitte à en détourner l'être (aveugle et dénué d'identité) et son "faire" (ou son "se produire"). La métanoïa devrait donc permettre de détourner l'individu de cette possession illusoire qu'est l'identité en lui permettant de la dénoncer. Alors en effet on s'approche du "tout autre" comme vous dites, car l'identité, qui s'achève dans la haine de l'identique, ne représente plus qu'un moment dépassé, duquel l'être se libère lors de la rupture de cette aliénation qui ne faisait que le contraindre et le détourner de son ouverture originelle. Il faut faire de la fausse monnaie, elle est souvent plus valable que celle prétendument "vraie". | |
| | | did Membre
Date d'inscription : 11/01/2014 Nombre de messages : 5142 Age : 58 Ville : Planéte Terre
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Jeu 21 Sep 2017 - 6:15 | |
| " Les pharisiens et les scribes murmurèrent, et dirent à ses disciples : Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les gens de mauvaise vie ? Jésus, prenant la parole, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu pour amener a métanoïa le juste, mais l'égaré " Luc 5 - 30Traduction didLe mot métanoïa a été trouvé dans 22 versets : http://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-grec-metanoia-3341.html Père Philippe Dautais a écrit : " Le mot métanoïa est traduit par "pénitence" ou par "repentance", mots devenus suspects en Occident, tant ils sont entachés d'une spiritualité doloriste. "De quoi parle la bible et l'évangile ? Et surtout comment s'en servir ? A partir du moment ou ces questions se posent c'est bon. Implicitement c'est reconnaitre qu'on ne sais pas. Donc a partir de là on va pouvoir le découvrir.
Dernière édition par Alaka le Jeu 21 Sep 2017 - 10:38, édité 1 fois (Raison : Correction de l'auteur de la phrase citée) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Jeu 21 Sep 2017 - 10:48 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Jeu 21 Sep 2017 - 11:32 | |
| - Eumolpe a écrit:
- Alaka a écrit:
- Il y a là le renvoi au changement de regard et de perception, et aussi à cet état de pendu qui laisse la place à "l'être" et non plus au "faire"
Le "faire" relève de l'être, ici il s'agirait plutôt de "l'avoir", dans le sens d'un attachement à une identité, avoir une identité et y rester attaché quitte à en détourner l'être (aveugle et dénué d'identité) et son "faire" (ou son "se produire"). La métanoïa devrait donc permettre de détourner l'individu de cette possession illusoire qu'est l'identité en lui permettant de la dénoncer. Alors en effet on s'approche du "tout autre" comme vous dites, car l'identité, qui s'achève dans la haine de l'identique, ne représente plus qu'un moment dépassé, duquel l'être se libère lors de la rupture de cette aliénation qui ne faisait que le contraindre et le détourner de son ouverture originelle.
Selon vous, de quoi relève "l'avoir" ? Et que reste t-il au pendu (en se basant sur le symbole) ? - Eumolpe a écrit:
Il faut faire de la fausse monnaie, elle est souvent plus valable que celle prétendument "vraie".
Ceci est peut-être clair pour un "Faux-monnayeur", mais vous serait-il possible de préciser le sens de cette phrase différemment ? |
| | | Eumolpe Membre
Date d'inscription : 02/03/2017 Nombre de messages : 710 Age : 42 Ville : Petite
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Jeu 21 Sep 2017 - 13:58 | |
| - Alaka a écrit:
Selon vous, de quoi relève "l'avoir" ? Et que reste t-il au pendu (en se basant sur le symbole) ? De la peur. Que reste-t-il au "pendu" ? Je ne suis pas spécialiste du tarot, mais l'on pourrait peut être dire qu'il lui "reste" une nouvelle vie à explorer. - Alaka a écrit:
- Ceci est peut-être clair pour un "Faux-monnayeur", mais vous serait-il possible de préciser le sens de cette phrase différemment ?
Il faut parfois savoir changer les valeurs qui semblent nous porter depuis toujours. En analysant le fondement de nos propres désirs par exemple. | |
| | | orphelin1984 Membre
Date d'inscription : 26/05/2017 Nombre de messages : 1905 Age : 39 Ville : Nice
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Jeu 21 Sep 2017 - 16:58 | |
| - Alaka a écrit:
- Chem'internet faisant (en recherche sur la croix et le crucifix et de ce fait en abordant le dolorisme), j'ai pris connaissance de ces écrits du Père P. Dautais, dont le "regard" m'a plu, et que je vous propose en partage.
- Père Philippe Dautais:
Prêtre orthodoxe dans le Patriarcat de Roumanie, fondateur et responsable du Centre d'études et de prière de Sainte Croix en Dordogne avec son épouse Elianthe. Propose depuis 25 ans des sessions axées sur l'anthropologie et sur le chemin spirituel selon la Tradition philocalique, expression majeure de la tradition de l'expérience chrétienne. Engagé dans les rencontres œcuméniques et le dialogue inter-religieux depuis 15 ans.
"Le mot métanoïa est traduit par "pénitence" ou par "repentance", mots devenus suspects en Occident, tant ils sont entachés d'une spiritualité doloriste. Métanoïa signifie "au-delà de nous", au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou de retournement par lequel l’homme s'ouvre à plus grand que lui-même en lui-même. Le repentir est une ré-orientation du désir qui s'exprimait par rapport au monde et qui maintenant est orienté vers Celui qui est Source de désir en nous car il est Source de vie.
Appel à la synergie, à une rencontre, le repentir est le retour de la créature exilée vers le Créateur, ascension pour passer du terrestre au céleste, du conditionné vers la liberté.
Tous les prophètes ont crié au peuple: Convertissez-vous, revenez (Is 21,12) ; Faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau car je ne désire pas la mort de celui qui meurt mais qu'il se convertisse et qu'il vive, dit le Seigneur (Ez 18,31-32) ; ou encore : Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions afin que l'iniquité ne cause pas votre ruine (Ez 18,30), que vous ne soyez pas enfermés dans les conséquences de vos propres actes. Jean-Baptiste, dernier des prophètes, introduit la venue du Christ par un appel à la métanoïa: Repentez-vous car le royaume des cieux est proche (Mt 3,2). Il baptise d'eau pour amener à la repentance et préparer la venue du Seigneur (Mt 3,11). La repentance est ici l'attitude nécessaire pour rencontrer le maître: Il y a quelqu'un au milieu de vous que vous ne connaissez pas (Jn 1,26).
L'homme enfermé en lui-même, réduit à son individualité naturelle, immergé dans les soucis de la vie temporelle, s'aliène aux nécessités de la survie existentielle: s'installent la peur de manquer, l'angoisse de l'insécurité, la hantise de la solitude, qui trop souvent font prendre des décisions qui engendrent des conséquences fâcheuses et alourdissent le fardeau du quotidien. Cette aliénation au monde visible, extérieur à cet univers clos où tout est référé à nos perceptions et à nos conceptions, c'est le mouvement de l'égocentrisme. Celui-ci est l'expression d'une non-relation qui mène à la mort. Au coeur de cet exil, tel l'enfant prodigue qui a dissipé sa part d'héritage, chacun a la liberté de s'ouvrir. Quand toutes les portes sont fermées, quand nous sommes face à un mur, qu'il n'y a plus de solution existentielle ni psychologique, Celui qui habite au coeur de nous-mêmes nous invite à relever la tête (Gn 4,7).
Nous sommes invités à la relation, c'est ici le sens de l'épreuve, conviés à nous ouvrir à l'autre, à accepter la main tendue, à accepter d'être aidés. Pour apprécier le don de la relation, il faut le plus souvent avoir désespéré de ses propres prétentions à vouloir atteindre le but par soi-même, avoir désespéré de ses propres capacités à vouloir réaliser son bonheur selon ses propres conceptions, avoir reconnu ses manques et ses faiblesses pour donner place à l'autre, au tout Autre.(...)
- Suite du texte, pour celles & ceux qui comme moi, auront envie de poursuivre...:
(...) "La rupture d'avec l'intime en nous s'exprime dans une schize par laquelle nous devenons étrangers à nous-mêmes (habitant une terre lointaine, étrangère) (Lc 15,11;32) et vivons l'autre comme un étranger. Ayant éprouvé l'exil et ayant à nouveau soif de la relation, tel l'enfant prodigue réduit à l'état animal se souvient de Celui qui est un appel vivant en nous, nous marchons sur le chemin du retour.
La métanoïa n'est pas de notre propre initiative mais elle est une réponse à l'appel que Dieu ne cesse d'adresser à chacun au coeur de la vie existentielle: Le Seigneur m'a appelé dès ma naissance dit Isaïe (Is 49,1 ; cf. Ga 1,15) ; ou: Nul ne peut venir à Moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire (Jn 6,44). Cependant elle se fonde sur notre décision, sur notre libre réponse: Fais-moi revenir et je reviendrai (Jn 32,18).
Ainsi elle nous introduit dans un dialogue qui était interrompu car Dieu était vécu comme un absent. En ce sens, penser à Dieu ou sur Dieu, spéculer au sujet de Dieu est le fait de l'homme idolâtre, étranger au repentir. Quand nous sommes face à l'autre, nous n'avons plus à penser à lui mais à le rencontrer, car on ne pense qu'aux absents. Comme le souligne le Père Sophrony: Se repentir du péché n'est possible et approprié que là où existe une relation personnelle avec Dieu personnel. C'est dans la rencontre, dans la lumière divine que nous prenons conscience d'avoir blessé l'Amour, méprisé la relation.
C'est un chemin qui se vit en trois étapes:
La première, comme le montre la parabole de l'enfant prodigue, se fonde sur un mouvement d'intériorité dans lequel l'homme se souvient de Dieu et s'affranchit de l'oubli. Ce mouvement peut être suscité par une expérience particulière dite du "numineux" ou par la maladie, l'échec, l'épreuve... de toute façon par une intervention divine. Par cette grâce, il entend l'appel divin et s'éveille en lui l'exigence intérieure.
Dans un deuxième temps, mû par une décision très déterminée et par un heureux usage de sa volonté, l’homme se met en route et soigne sa paresse. Dès que s'exprime le désir du retour à Dieu ou des que l’homme veut mettre en pratique les commandements divins, se lèvent en lui des résistances, se révèlent des passions qui lui font la guerre et veulent le détourner du but. Une grâce particulière accompagne le pénitent; elle permet de voir les obstacles, aide à en prendre conscience, à les nommer, à les accepter pour une transformation. Ainsi dans la pénitence l'homme acquiert la connaissance de son état pathologique et marche vers sa guérison.
De cette décision, qui fonde tout chemin spirituel, naît la confiance en Dieu, s'affermit par et dans la prière et pose un acte de foi dans l'amour de Dieu qui nous sauve ou nous guérit de l’angoisse du péché et assure cette conversion.
Selon le père spirituel du monastère Saint Macaire en Egypte, Matta El Maskîne : La prière est l’expression même de ce retour a Dieu et représente une véritable conversion. Elle exprime cette aspiration à la plénitude, ce désir infini déposé au fond de nous que le fini ne peut combler. Elle est une réponse à l’exigence intérieure qui ne peut se satisfaire de la conformité aux croyances extérieures.
Dans un troisième temps, l'homme prend ainsi conscience de son état intérieur, le confesse et sort de l'ignorance. L'oubli, la paresse et l'ignorance sont les trois racines de toutes nos pathologies; elles sont la triple expression de la négligence. Dans cette révélation, l'homme est amené à reconnaître puis à accepter son état. L'acceptation de sa misère est en soi un appel à la miséricorde divine qui s'exprime par la compassion et le pardon du Père qui court avec joie vers soi fils.
Le repentir nous réintroduit dans la relation de filiation. Il est renoncement à la tentation maladive de vouloir se sauver soi-même, ce qui, selon saint Grégoire de Nazianze, est la meilleure façon d'échapper au salut. Il n'est pas tant la recherche d'un dépassement qu'une acceptation libre de notre condition, de nos limites, de notre faiblesse, dans le sens où le dit Saint Paul: C'est quand je suis faible, qu'alors je suis fort (2 Co 12,10). Se repentir signifie croire en Dieu et non en sa propre suffisance, c'est se jeter dans les bras de Dieu, accepter le pardon divin ou se laisser vaincre par l'amour du Père qui vient à la rencontre du Fils. C'est entrer dans la béatitude céleste, participer à la joie angélique: Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur repentant que pour nonante-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance (Lc 15,7).
Le repentir est le premier don de Dieu sur le chemin de la guérison, aspiration à une vie plus haute, à une spiritualisation. Par lui et par la grâce de l'Esprit-Saint va s'opérer une réconciliation avec le Seigneur qui a fait irruption dans le coeur La conscience va s'ouvrir, s'élargir et deviendra apte à écouter, accueillir la Parole qui convient à la croissance intérieure pour la guérison de l'âme.
La grande rupture avec le monde n'est pas au moment de la mort corporelle mais au moment où l'homme accepte la réalité de la Présence de Dieu avec lui. À cet instant, l'Emmanuel ("Dieu avec nous") naît dans le coeur, unit les deux natures (divine et humaine) séparées et opère une re-création de tout l'être.
Plus nous approchons de Dieu, plus il nous révèle nos ombres, lieux des refus de son amour. Plus nous découvrons l'abîme qui nous sépare de lui, plus s'éclaire notre réalité intérieure, plus s'affermit notre désir le changement. La métanoïa engage un processus de changement constant de notre être qui s'humilie par sa propre volonté mais ressuscite par la grâce, dit le Père Matta El Maskîne. S'humilier veut dire ici accepter sa réalité telle qu'elle est, sortie des illusions et de tout a priori sur soi-même. C'est se dépouiller du vieil homme pour revêtir l'homme nouveau, accepter de mourir à tout mouvement de mort pour une Résurrection. Le repentir est un deuxième baptême, il est une repose à l’amour d’un Dieu qui s’est humilié jusqu'à la mort sur la croix afin que nous soyons déifiés par sa grâce.
L'esprit de métanoïa est l'esprit de la communion où l'homme se donne totalement à Dieu qui se donne totalement. Il consiste à tout remettre en Christ, depuis chaque souci du quotidien jusqu'à notre chemin même, car c'est lui qui nous mène à la victoire, à condition qu'on lui permette d'agir en nous. Ainsi le repentir ne concerne pas des moments de notre vie mais doit se comprendre comme un chemin de vie qui s'approfondit par et dans la prière.
Dans la prise de conscience de notre enfer intérieur, il y a le danger du repli sur soi vers le sentiment pathologique de culpabilité. Il est lié à une image négative de Dieu qui hante notre vieille conscience et nous fait redouter un Dieu vengeur punisseur, dur, qui moissonne où il n'a pas semé et qui amasse où il n'a pas vanné (Mt 25, 24).
L’homme dans l’univers morbide de la culpabilité est en rupture. Face à lui même, livré aux dynamismes de l’inconscient, il se juge. Sa conscience morale, informée par la loi qui dénonce toute injustice, le convainc qu’il est fautif. L'homme en proie au délire de la faute sent sa vitalité faiblir, il en fait l’expérience presque physique, il se sent perdu, abandonné; son horizon est totalement obscurci. Cette conscience de la faute peut revêtir une dimension particulière: celle de l'offense faite a Dieu. Offense qui rompt un lien, qui instaure une inimitié, puisque l'offense est en lui. Le plus souvent, identifiée au sentiment d'avoir mal agi, d'avoir manqué à une valeur, la personne porte un fardeau dont elle ne peut se libérer ni par les regrets ni par les remords. Il peut naître un sentiment d'abandon qui, projeté sur Dieu, donne l’impression qu’il s’est détourné d’elle. Processus pathologique, mécanisme de la peur et du scrupule où la personne vit l'enfer de l'auto-accusation et s'enferme dans les conséquences de la faute.
Selon notre foi, selon l'accueil ou le refus de l'amour de Dieu, la conscience du péché peut engendrer soit un dynamisme du repentir, soit nous faire sombrer dans la culpabilité. La libération vient de Celui qui pardonne et qui nous libère de toute culpabilité et de toute mauvaise conscience: Si ta conscience te condamne, Dieu est plus grand que ta conscience (1 Jn 3,20). Saint Jean ajoute: Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité (1 Jn 2,9). C'est ce dont témoigne toute la Bible et en particulier les chapitres 11 et 12 du deuxième livre de Samuel. David, séduit par Bethsabée, femme d'Urie le Hittite, la fit venir vers lui et il coucha avec elle (2 S 11,4). Cette femme devint enceinte et le lui fit dire. David fit envoyer Urie au combat et s'arrangea pour qu'il fût tué (2 S 11). Dieu envoya le prophète Nathan auprès de David (2 S 12) pour lui révéler son péché: Pourquoi as-tu méprisé la parole du Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux? Tu as frappé de l'épée Urie le Hittite, tu as pris sa femme pour en faire ta femme et lui tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.
David exprime avec justesse le mouvement de pénitence dans le Psaume 50 (51) dont nous pouvons retenir plusieurs aspects :
1. Il se situe face à Dieu et lance un appel confiant à la miséricorde divine: Aie pitié de moi, ô Dieu dans ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions (Ps 50,3).
2. Il exprime le désir d'une purification, d'un renouvellement, désir de baptême pour la rémission des péchés et la libération du passé: Lave-moi complètement de mon iniquité et purifie-moi de mon péché (Ps 50,4).
3. La conscience et la reconnaissance du péché qui habite en lui (Rm 7,20) et dont il ne peut se libérer sans le secours divin: Car je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi (Ps 50,5). Confession du péché pour une condamnation de ce qui fait obstacle à la relation en nous-mêmes (Ps 50,12).
4. David prend la responsabilité de ses actes et accepte la sentence divine (Ps 50,6) c'est-à-dire, s'en remet à la justice divine dans une espérance infinie en sa miséricorde.
Le repentir implique de prendre la responsabilité de nos paroles et de nos actes. Adam, après sa transgression du commandement divin, interpellé par le Seigneur, nie sa responsabilité et la rejette sur la femme qui à son tour accuse le serpent (Gn 3,12-13). Attitude de justification, étrangère à l'esprit de la métanoïa, qui enferme l'homme dans les conséquences du mauvais usage de sa liberté et l'empêche de reconnaître sa réalité intérieure. Rejetant la responsabilité sur l'autre, nous nous posons en victimes et échappons à la nécessité de notre propre transformation. C'est le principe de l'aliénation.
Je suis celui qui porte les conséquences des erreurs parentales, familiales, sociales, éducatives, culturelles dont il est difficile de se libérer. Dans l'esprit du repentir, j’accepte de prendre la responsabilité de tout mon passé, puis ne pouvant le porter, je le remets au Christ dans une offrande rédemptrice. Ceci implique tout un travail intérieur pour sortir du refoulement d'un passé que je ne peux assumer mais dont la plaie est béante. Sont "engrammés" en moi toutes les blessures, traumatismes, souffrances de mon passé qui m'aliènent dans mon présent. Accepter de les nommer puis de les remettre à Celui qui est plus grand que moi en moi, c'est passer par la croix pour une résurrection, pour une transformation.
C'est par la croix que la joie est venue dans le monde. (Matines de dimanche)
Ce faisant, je ne suis plus l'objet mais je deviens le sujet de ma propre histoire. Je cesse d'être un individu et je deviens une personne responsable. Cette responsabilité peut prendre une dimension universelle (cf. Lc 13,1-4).
Refusant d'accuser l'autre, un autre regard s'éveille en moi par lequel je perçois ma façon d'être face aux autres, aux situations et aux agressions. Dans cette démarche, où je suis renvoyé à moi-même, va naître un discernement sur ma réalité intérieure pour une "désidentification", pour une libération. La métanoïa introduit un nouveau mode d'existence divino-humaine où l'homme n’est plus identifié aux aléas de la vie existentielle, où il n'est plus enfermé en lui-même mais où se révèle sa capacité de transcendance qui va le libérer de toute aliénation. Sollicité par Dieu, David reconnaît son péché, le confesse, en prend la responsabilité dans un désir de transformation, de renouvellement sur lequel Dieu va s'appuyer pour accomplir l'histoire du salut. Le repentir a su émouvoir les entrailles de miséricorde du Seigneur: David et Bethsabée engendreront Salomon, ancêtre du Christ.
La grande métanoïa est une pâque, un passage de l'avoir à l'être, c'est s'ouvrir à Celui qui vient vers nous, au jamais vu, jamais connu, jamais expérimenté, à la nouveauté créatrice, en écartant toutes nos conceptions, toute idée de Dieu, qui habitent notre vieille conscience.
Aie donc du zèle et repens-toi, voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi (Ap 3,20)."
Cet article a paru dans la revue Le Chemin, no. 20, 1993. Reproduit avec l’autorisation du Père Philippe Dautais.
https://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/dautais-metanoia.htm Merci beaucoup. Je crois que c'est sur mon journal que j'avais écrit une courte explication sur la métanoïa. Autrement comme j'écris aussi mes idées mes impressions ou les enseignement de quelques guides dans un journal, je peux tout aussi bien le réécrire ici. Le péché originel n'est autre que le désordre a l'intérieur de l'homme. L'homme s'est perdu lui-même, l'unité ne peut être retrouvé que par la " métanoïa " ou intégration christique au Cosmos. La métanoïa, est un terme du nouveau testament, il est souvent traduit par le mot repentance, mais la repentance n'est qu'un des aspects de la métanoïa qui est :-transformation du mental-révision des valeurs essentielles-et l'entrée dans le monde spirituel.Une prise de conscience cosmique, si l'on peut l'exprimer en se terme hasardeux.enseignement de l'homme Bleu (lire Anne Givaudan ) Faut reconnaître une chose, ce que tu nous rapporte et un peu plus complet, plus technique. C'est un +.... C'est pourquoi je te remercie encore | |
| | | Cornalin Membre
Date d'inscription : 24/05/2017 Nombre de messages : 265 Age : 45 Ville : Montréal
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 2:00 | |
| - P. P. Dautais a écrit:
- Métanoïa signifie "au-delà de nous", au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou de retournement par lequel l’homme s'ouvre à plus grand que lui-même en lui-même.
Merci Alaka pour ce topic sur la métanoïa (au-delà de la pensée) qui est en quelque sorte l’absence de pensée. - did a écrit:
- Le mot métanoïa a été trouvé dans 22 versets :
http://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-grec-metanoia-3341.html Merci pour ce lien vers les versets en question Did.
Dernière édition par Alaka le Sam 23 Sep 2017 - 17:18, édité 1 fois (Raison : Correction de l'auteur de la phrase citée) | |
| | | did Membre
Date d'inscription : 11/01/2014 Nombre de messages : 5142 Age : 58 Ville : Planéte Terre
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 2:47 | |
| Alaka ou bien quelqu'un d'autre qu'elle cite a écrit : " La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. "
Oui, bien sur. Mais pas besoin d'aller chercher un concept compliqué, le bon sens peut suffire : d'abord se trouver malade avant de pouvoir appeler le médecin, et pour se trouver malade, d'abord vivre un changement de regard sur soi. Ensuite seulement on pourra se soigner, et donc guérir.
Cornalin a écrit : " Merci pour ce lien vers les versets en question Did. "
Pas de quoi. Mais il n'y a pas que la métanoïa pour commencer un chemin de transformation qui aboutira a la guérison, il y a aussi métanoéo.
Une fois n'est pas coutume, pourquoi pas lire l'évangile de Matthieu comme un livre historique ?
" Ce peuple, assis dans les ténèbres, A vu une grande lumière; Et sur ceux qui étaient assis dans la région et l'ombre de la mort La lumière s'est levée. Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Métanoéo, car le royaume des cieux est proche. Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs. Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent. De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets. Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. "
Matthieu chapitre 4 verset 16 a 23
Sauf que voilà, avec la lecture historique ou bien le "personnage conceptuel" que serait Jésus d'après Michel Onfray, ce sera forcément limité. C'est des trucs pour les biens portant qui n'ont pas besoin du médecin ou ne veulent pas de celui là. Si le médecin est mort depuis 2.000 ans, il n'y a plus qu'a s'en trouver un autre, se débrouiller sans celui là pour guérir - quand bien même on serais passé par la métanoïa, ce changement de regard sur soi qui sert a se trouver malade, donc à pouvoir se soigner, donc a pouvoir guérir. | |
| | | Cornalin Membre
Date d'inscription : 24/05/2017 Nombre de messages : 265 Age : 45 Ville : Montréal
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 4:04 | |
| Did Je ne sais pas ce que Michel Onfray (qui me semble davantage un intello pour le peu que j'en connais) vient faire ici, quel est ton point de vue sur ce personnage dans le contexte de la Métanoéo (dont la définition du terme selon la traduction équivaut à une action) ou métanoïa ? | |
| | | Cornalin Membre
Date d'inscription : 24/05/2017 Nombre de messages : 265 Age : 45 Ville : Montréal
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 6:02 | |
| - Alaka a écrit:
- et aussi à cette état de pendu qui laisse la place à "l'être" et non plus au "faire", et à une certaine vulnérabilité, vulnérabilité dans le sens d'ouverture
- Alaka a écrit:
- Désespérer, lâcher-prise et s'ouvrir (se laisser ouvrir/s'abandonner) à une autre perception, tel le pendu.
- Eumolpe a écrit:
- Le "faire" relève de l'être, ici il s'agirait plutôt de "l'avoir", dans le sens d'un attachement à une identité, avoir une identité et y rester attaché quitte à en détourner l'être
Je crois qu’on touche ici selon votre langage (excluant le tarot car je ne suis pas un expert en la matière) à une certaine nuance entre le laisser-aller (inaction ou inattention) et le lâcher-prise qui sont parfois confondus entre eux. | |
| | | did Membre
Date d'inscription : 11/01/2014 Nombre de messages : 5142 Age : 58 Ville : Planéte Terre
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 10:05 | |
| Cher Cornalin : Si j'ai parlé des idées de Michel Onfray c'est qu'il n'y a rien de plus efficace que de comparer l'hiver a l'été pour expliquer la différence entre les deux, et bien comprendre ce qu'est chacun des deux. Selon les propres mots de Michel Onfray, Jésus est un "personnage conceptuel" et un personnage conceptuel ça n'a jamais soigné personne - du moins je ne vois pas comment - pas même celui qui suite a un changement de regard sur soi se serait trouvé malade : on ne s'adresse pas a un personnage conceptuel pour lui demander de nous guérir de quelque chose. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 13:12 | |
| Sinon, pour en revenir à Philippe Dautais, ( j'ai eu le temps de m'informer un peu plus sur le personnage ) j'ai lu quelque chose qu'il a écrit, et qui a vraiment eu un écho, même plus une découverte par rapport à mes connaissances livresques et symboliques sur le Tarot et de ce fait sur le Pendu, je cite : le Tarot dit que le Pendu passe d'un plan ( le divin ) à un autre ( le terrestre ) mais ce passage s'opère par un sacrifice, et à ce stade là Dautais continue, il écrit: "ce que l'on offre de soi, nous seras redonné, mais sous une autre forme, il n'y a pas de rétribution exacte entre l'acte posé et ce qu'il produit" voilà....c'est tout, mais j'ai trouvé cela juste
|
| | | Eumolpe Membre
Date d'inscription : 02/03/2017 Nombre de messages : 710 Age : 42 Ville : Petite
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 13:46 | |
| Oui c'est bien vu Kouen. Et "ce que l'on offre" évoque nécessairement un rapport à l'autre. Il ne s'agit plus de garder pour soi, mais de partager. Cela rappelle forcément le message christique d'ailleurs. | |
| | | Professeur X Membre
Date d'inscription : 16/06/2010 Nombre de messages : 11177 Age : 55 Ville : système solaire
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Ven 22 Sep 2017 - 14:00 | |
| Hum , ce prêtre n'est affilié à aucune Orthodoxie religieuse , il puise dans ce crédo le matériel qui lui permet de faire sa propre église , son propre centre d'étude , sans aucune reconnaissance du monde Orthodoxe , tout ce qu'il enseigne sous forme de stages payant , de séminaires hors de prix , est pourtant accessible gratuitement dans les monastères de l'église Orthodoxe qui ne semble donner aucun aval à ce prétendu prêtre , transformées en " évolution spirituelle " les idées qu'il emprunte sont sommes toutes intéressantes philosophiquement , mais elles sont déconnectées de l'aspect monacal qui leur sert de support , love . | |
| | | did Membre
Date d'inscription : 11/01/2014 Nombre de messages : 5142 Age : 58 Ville : Planéte Terre
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Sam 23 Sep 2017 - 3:30 | |
| " Les difficultés rencontrées par Maria Ainsworth dans sa recherche d’un psychothérapeute sur le réseau l’amènent à mettre en ligne le nom de domaine « metanoia.org » en 1996. Elle est le témoin attentif du développement des thérapies en ligne et se fait, sur son site, l’écho des questions que cela soulève, tant du point de vue du patient que du thérapeute, et des réponses qui peuvent être apportées. Elle donne les points dont devrait se soucier chaque patient avant de se lancer dans une psychothérapie en ligne. Les contre-indications majeures sont les états de crise et l’engagement dans une psychothérapie en face-à-face. Elle met également l’accent sur le fait qu’il doit être possible de vérifier la formation du psychothérapeute auprès d’organismes professionnels ou publics et que le thérapeute doit annoncer à l’avance le prix, les processus visés et le modus operandi de la psychothérapie. "
Source : https://www.cairn.info/revue-psychotherapies-2008-3-page-211.htm
Tout ça pour dire qu'il n'y a pas que Jésus dans la vie pour se soigner quand on vit une métanoïa. Ou plus précisément, Sa Lumière de guérison est peut être bien plus active dans la chaleur humaine et le savoir-faire de certains thérapeutes athées que dans la prédication des croyants qui n'ont rien d'autre a proposer qu'un formatage de notre esprit via le recrutement dans leur groupe.
(En espérant ne pas avoir été H.S) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Sam 23 Sep 2017 - 7:33 | |
| Alaka, si je peux me permettre le mot repentir est hypermal choisi (je sais qu'il n'est pas de toi). Pour ce qui me concerne et ce n'est pas que mon cas je ne suis coupable de rien, j'ai été abusée. Du coup je n'ai rien lu jusqu'à ce jour de cette article alors qu'il semble plus innstructif que ce qu'il m'en avait semblé.
Saurais-tu pourquoi ils s'accrochent désespérément à la culpabilité?
Pourquoi repentance? Pourquoi pas le fouet et le tapis de fakir?
De quoi la personne abusée (intellectuellement, physiquement, affectivement) serait-elle coupable?
Quelqu'un pourrait-il me répondre? Pour faire payer plus cher peut-être? Je vire cynique on dirait... |
| | | did Membre
Date d'inscription : 11/01/2014 Nombre de messages : 5142 Age : 58 Ville : Planéte Terre
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Sam 23 Sep 2017 - 10:04 | |
| Oui bien sûr je le ressens. C'est bien souvent qu'on réalise des mois ou des années plus tard qu'on aurait mieux fait de faire autrement.
Mais j'affirme que je ne suis pour rien dans certains évènements et que ceux qui m'ont traumatisés le plus j'en ai été la victime, non la coupable.
Donc ma "crainte" c'est de voir comme je l'ai vu souvent un thérapeute me diriger vers une introspection dans ce sens là en négligeant la part victime de ma psyché, purement victime.
Par exemple faire comme ma mère et les autres femmes battues et ressasser: "s'il me bat c'est parce qu'il m'aime. Je l'ai déçu". Bon je prends un exemple facile mais il y a peut-être d'autres situations où on peut dire ça.
Ce risque (si j'ai bien lu!) c'est que nous ne sommes pas coupés du monde et moi dans ma situation de nombreux regards portent en eux la connaissance de tout ou partie de mon histoire et ce sont autant de pierres jetées sur moi. Je me sens lapidée mentalement à chaque fois que je sors. Donc même si je répare ma relation à moi ou à Dieu comme tu veux, il faut que je devienne de plus en plus forte, chaque confrontation est une épreuve. Sauf avec une certaine partie de la société, ceux qui ont le même problème que moi ou un similaire. |
| | | Totem Membre
Date d'inscription : 06/03/2013 Nombre de messages : 17521 Age : 68 Ville : la voie lactée
| Sujet: Re: La Métanoïa: Premier pas sur le chemin de la guérison. Père Philippe Dautais Sam 23 Sep 2017 - 15:12 | |
| L'homme enfermé en lui-même, réduit à son individualité naturelle, immergé dans les soucis de la vie temporelle, s'aliène aux nécessités de la survie existentielle: s'installent la peur de manquer, l'angoisse de l'insécurité, la hantise de la solitude, qui trop souvent font prendre des décisions qui engendrent des conséquences fâcheuses et alourdissent le fardeau du quotidien. Cette aliénation au monde visible, extérieur à cet univers clos où tout est référé à nos perceptions et à nos conceptions, c'est le mouvement de l'égocentrisme. Celui-ci est l'expression d'une non-relation qui mène à la mort. Au coeur de cet exil, tel l'enfant prodigue qui a dissipé sa part d'héritage, chacun a la liberté de s'ouvrir. Quand toutes les portes sont fermées, quand nous sommes face à un mur, qu'il n'y a plus de solution existentielle ni psychologique, Celui qui habite au coeur de nous-mêmes nous invite à relever la tête (Gn 4,7). Nous sommes invités à la relation, c'est ici le sens de l'épreuve, conviés à nous ouvrir à l'autre, à accepter la main tendue, à accepter d'être aidés. Pour apprécier le don de la relation, il faut le plus souvent avoir désespéré de ses propres prétentions à vouloir atteindre le but par soi-même, avoir désespéré de ses propres capacités à vouloir réaliser son bonheur selon ses propres conceptions, avoir reconnu ses manques et ses faiblesses pour donner place à l'autre, au tout Autre.(...)"
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